Dans le monde, les habitantes de l’État américain du Wyoming sont les premières à avoir obtenu le droit de vote. L’année ? 1868. À noter : ce droit avait déjà été accordé – puis retiré – aux femmes en d’autres lieux (en France, en Suède et, surprise, dans le Bas-Canada, c’est-à-dire au Québec). Au pays, le Manitoba devient en 1916 la première province à suivre l’exemple wyomingais ; deux ans plus tard, le Canada fera de même. Plus de 20 ans s’écoulerontavant que la Belle Province, tenue en respect par le clergé, se mette à l’ordre du jour. Quand on se compare… la France ne l’a fait qu’en 1944. Et l’Arabie saoudite devrait accorder cette année aux femmes le droit de vote aux élections municipales (dans une monarchie, le roi étant souverain par naissance, il n’a pas à se faire élire). Un jour, les Saoudiennes pourront aussi conduire une voiture.
Thérèse Casgrain – La gauchiste en collier de perles, tel est le titre d’une biographie par Nicolle Forget parue chez Fides en 2013. Élevée dans l’opulence, Thérèse (née Forget en 1896) aurait pu se la couler douce au coin du feu avec ses perles et ses quatre enfants. Au contraire, cette humaniste montréalaise a consacré sa vie à porter la cause des Québécoises à bout de bras. Obtenir le droit de vote féminin dans sa province a été sa plus grande bataille. En 1982, un an après son décès, le gouvernement de Pierre-Elliot Trudeau a créé le prix Thérèse-Casgrain du bénévolat ; l’an dernier, on apprenait que le cabinet de Stephen Harper en avait changé en douce le nom pour celui de Prix du premier ministre...
Il y en a eu plusieurs, dont le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, archevêque de Québec. Dans une lettre publiée dans un feuillet paroissial au début de 1940 – question d’influencer le vote sur le suffrage féminin au Parlement de Québec –, monseigneur avançait maintes raisons pour décrier cette idée folle, invoquant notamment « … que son exercice expose la femme à toutes les passions et à toutes les aventures de l’électoralisme ». À méditer la prochaine fois que vous emprunterez le boulevard Cardinal-Villeneuve, à Québec.
Elle est membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable de la culture, du patrimoine, du design, d’Espace pour la vie, du statut de la femme, du tourisme culturel et de la mode. Ouf ! Manon Gauthier est aussi une femme qui a le sens de l’Histoire et qui tenait à souligner le 75e anniversaire du droit de vote des Québécoises. « Pour faire mon travail d’élue, je dois retourner dans le passé afin de comprendre le chemin parcouru. Et pour voir où on s’en va. » Avec un angle montréalais : « En effectuant des recherches, j’ai trouvé qu’une première femme, Jessie Kathleen Fisher, avait été élue au conseil municipal la même année, soit le 9 décembre 1940. Aucun endroit à Montréal ne rappelle son nom. » Celui de Thérèse Casgrain a été donné à une rue du quartier Anjou et à un petit parc, mais ce n’est pas suffisant, croit Manon Gauthier. « Comment les honorer à la hauteur de leur œuvre ? » Elle compte s’y mettre. Une histoire à suivre…
Les célébrations
Pendant un mois, la Ville de Montréal soulignera cet événement historique de diverses façons. En voici quelques-unes.
Activités:
6 au 8 mars: Illumination de l’hôtel de ville à l’occasion de la Journée internationale des femmes et du lancement de la Marche mondiale des femmes 2015
10 mars: Cravates roses de la parité (Conférence régionale des élus de Montréal) Panel intitulé Femmes d’influence : Le leadership dans le monde culturel
11 mars: Les Bâtisseuses de la cité (sur invitation) Jusqu'en 2017, année du 375e anniversaire de Montréal, deux Montréalaises seront honorées pour leur contribution remarquable au développement de Montréal.
25 mars: 140e anniversaire du Y de femmes de Montréal (sur invitation)
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Journaliste depuis plus de trente ans, Jean-Yves Girard a écrit pour diverses publications (Le Devoir, Elle Québec, L’actualité), et collabore à Châtelaine depuis 2002. Il a signé une centaine de portraits de personnalités en couverture du magazine, de Julie Snyder à Louis-José Houde en passant par Juliette Binoche. Il a aussi réalisé de grands reportages, dont un sur Vision Mondiale au Nicaragua pour lequel il a reçu la médaille d’or dans la catégorie Journalisme d’enquête aux Prix du magazine canadien. De plus, il est l’auteur de biographies, notamment celles de France Castel et de Michel Courtemanche.