Chère Léa,
C’est un secret que nous, les femmes de plus de 40 ans (et leurs hommes je crois bien) gardons jalousement. La patte d’oie a un effet secondaire: le plaisir.
Moi, ta vieille croûte préférée — en tout cas, j’espère que, après ta maman, je suis ta vieille croûte préférée — j’ai plus de plaisir à vivre que j’en ai jamais eu.
Pour entrer dans mon équipe de bateau dragon — c’est la plus récente addition de fun dans ma vie— il y a deux exigences.
- Avoir plus de 48 ans.
- Trouver absolument trippant de ramer comme des galériennes pendant que notre coach adorable nous crie gentiment par la tête.
Nous sommes 23. Nous sommes éducatrices, fonctionnaires, médecins, travailleuses autonomes, ingénieures, gestionnaires ou commis. Petites, grandes, minces ou pas si minces que ça. Francophones, anglophones, allophones. Seul signe distinctif: la laisse qui rallonge, comme dit mon amie Anne.
Autrement dit, le droit de désobéir dont on parlait l’autre jour. Le droit de ne pas ressembler à ce qu’on attend de toi et à faire, de plus en plus, ce que toi, tu as envie de faire.
Non, on n’appartient pas à la catégorie des vieux pleins égoïstes. À 45 ou 50 ans, on travaille encore et on a toujours autant d’obligations et d’inquiétudes. Les enfants nous demandent moins, c’est vrai (quoique…) mais, crois-moi, c’est amplement compensé par les parents qui vieillissent.
On profite mieux de la vie quand même. Alors, je t’annonce tout de suite mon projet des 10 prochaines années : me faire pousser la laisse le plus possible.
Louise