Léa & Louise

Pas envie d’être une poulette!

Mais, c’est dur, dur d’avoir 20 ans.

Lea et Louise hires

Chère Louise,

Je pense qu’on a touché une corde sensible. Le sondage que tu as instigué est parlant. À la question, «d’après vous, quelle femme mieux dans sa peau?», 97% des lectrices pensent que les quinquagénaires s’aiment davantage que les vingtenaires. Wow.

VLAN dans les dents, ma Léa. Tu vois comme notre échange est utile? Tu viens de déboulonner une idée préconçue que je caressais. Joie. On peut se sentir très bien dans sa peau à 50 ans. Tu me donnes espoir. J’aspirais à me tromper, c’est sûr. Mais, j’étais convaincue que les femmes plus âgées s’aimaient moins. Peut-être est-ce à cause de ma mère qui s’est toujours sentie un peu moche? Peut-être est-ce à cause de ces témoignages de femmes qui ne s’aimaient pas, reçus après la parution de mon livre? Peut-être est-ce à cause de l’augmentation effarante du recours au bistouri chez les quinquagénaires? Que veux-tu? J’avais ce feeling-là. Visiblement, je me suis gourée dans le cas des lectrices de Châtelaine. C’est quand même merveilleux. Oui, il y a de l’espoir.

Est-ce le cas pour les nouvelles générations? Laisse-moi en douter.

L’indépendance, le je-m’en-foutisme, l’assurance, la confiance en soi, ça vient avec l’expérience… et les années. Difficile de se foutre complètement de l’idéal de poulette quand on est jeunes. Et comme je suis une fille de mon âge, j’ai de la difficulté à me blinder complètement contre cette pression. Bravo à celles qui sont capables de le faire! Elles ont toute mon admiration.

Léa Clermont-Dion

Léa Clermont-Dion

Les fillettes me semblent encore plus soucieuses de leur image. Quand je vais parler aux jeunes dans les écoles secondaires, rares sont celles qui ne sont pas maquillées. À 13 ans.  Est-ce que ça m’étonne?

Non. Facebook et Instagram pèsent dans la balance. Pour le meilleur ou pour le pire. Omniprésentes sur les médias sociaux, les adolescentes carburent aux Likes. Normal, elles ont été élevées là-dedans. J’ai l’impression qu’on recule.

J’aimerais dire aux fillettes ce qu’on ne m’a pas dit. M’expliquer le danger des troubles alimentaires. Me donner des trucs pour renforcer mon estime de soi. Me donner une base forte d’esprit critique face au jugement des autres. Remarque, il n’y a même plus de cours d’éducation sexuelle au secondaire. Je ne vois pas où l’on pourrait intégrer un tel volet. C’est tellement essentiel et pourtant, c’est complètement inexistant dans le programme obligatoire actuel. Et c’est un problème.

Apprendre à être bien dans sa peau est, je le crois, le combat d’une vie. Je me questionne pour les générations à venir. Vendre le rêve de la poulette, mais à quel prix? Louise, qu’est-ce qu’on va faire pour la pérennité?

P.S. Fuck l’idéal de poulette même si c’est ben dur de résister. J’essaie quand même de me dire que c’est de la bouillie pour chats.

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