Famille tout compris

Les enfants, dépendants des écrans?

Télé, tablette, téléphone intelligent, ordinateur… Les enfants sont entourés d’écrans, mais bon nombre de parents semblent sous-estimer l’impact de cette surexpostition. Pourquoi?

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Combien de temps par jour vos enfants passent-ils rivés à un écran? Tous types d’écrans confondus, que ce soit celui de la télévision, de la tablette, du cellulaire, de l’ordinateur, de la console de poche ou tout autre support numérique dont j’ignore l’existence (#matante). Soyez francs. Deux, cinq, huit, dix heures? Est-ce que vous encadrez ce temps d’écran d’une quelconque façon? Mettez-vous des limites et surtout, êtes-vous capable de les faire respecter?

Je vous pose toutes ces questions parce que les résultats d’une étude citée dans un article du New York Times m’ont fait réfléchir.

Selon les données de la Kaiser Family Foundation datant de 2010, les jeunes Américains de 8 à 10 ans sont exposés à un écran huit heures par jour en moyenne. Chez les adolescents, ce chiffre monte à onze heures par jour!

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Mais ce que je trouve le plus évocateur, c’est ceci. Le deux tiers des jeunes interrogés, âgés de 8 à 18 ans, ont indiqué que leurs parents n’avaient imposé aucune limite de temps quant à leur utilisation de la télé, de l’ordinateur ou des jeux vidéo. Aucune! Temps d’écran illimité! En fait, lorsqu’il y a des règles établies par les parents, dans plus de la moitié des familles, c’est pour encadrer ce que les enfants ont le droit de voir ou de faire avec ces écrans.

Au Québec et au Canada, la situation semble moins pire, même si le temps-écran des enfants connaît une nette progression depuis les dernières années. À titre comparatif, 31,6% des jeunes de 5e et 6e année du primaire passent plus de 5 heures par jour devant des écrans. Ça dépasse de beaucoup la limite de deux heures quotidiennes prescrite par les directions de santé publique et les associations de pédiatres de plusieurs pays. Au-delà, cette surexposition peut nuire au comportement, à la réussite scolaire et à la santé. Sédentarité, t’sais.

Selon ces mêmes experts, les enfants de deux ans et moins ne devraient simplement pas être exposés à un écran. Entre 2 et 4 ans, ce temps ne devrait pas dépasser une heure par jour et pour les 4 ans et plus, maximum deux heures. Dans les faits, peu de parents respectent ces recommandations.

Si je résume, il semble qu’on surveille de près le contenu auquel nos enfants sont exposés via les multiples écrans dans nos vies, mais la durée… meh, pas tant. J’oserais dire qu’on en sous-estime même l’impact. Pourquoi?

D’après la journaliste du New York Times, les parents modernes sont heureux de pouvoir compter sur les écrans pour calmer leur progéniture turbulente qui interrompt constamment leur propre temps-écran. Chacun regarde sa bébelle, pas de chicane, tout le monde est content.

Cette dame me semble aigrie par l’omniprésence de la technologie (son article dresse d’ailleurs un portrait terrifiant de toutes les tares causées par ces foutus écrans), mais elle n’a pas complètement tort. Des parents dépendants de leur téléphone intelligent, incapables de se gérer eux-mêmes, auront évidemment de la difficulté à imposer des limites à leur progéniture, soit parce qu’ils n’en voient pas la nécessité ou faute de crédibilité. Vous le savez comme moi, «faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais», ça fonctionne moyen avec la progéniture.

Pourtant, je refuse de croire que nous sommes tous des zombies irresponsables qui ne désirons qu’une chose: que nos enfants se tiennent tranquilles pour que nous puissions jouer à Candy Crush. Voyons. Parfois, on doit faire le souper. Ou on veut seulement une petite pause pour nous permettre de reprendre notre souffle et décrocher, les adultes comme les enfants. Les écrans, c’est le fast-food du cerveau. Une fois de temps en temps, c’est plaisant! Alors pourquoi pas?

J’ai l’impression que nous sommes dans une grande période d’apprentissage et d’adaptation. La multiplication et la miniaturisation des écrans sont relativement récentes. Faut trouver comment réagir à cette invasion d’objets à haut potentiel de dépendance. Qu’est-ce qui est pratique, divertissant, productif? Est-ce que ça en vaut le coût? Alors pendant qu’on essaie de se faire une tête à propos de ces gadgets et de trouver un certain équilibre, nos enfants subissent a) les contrecoups de nos expérimentations et b) une certaine pression de leurs pairs pour poursuivre leur vie sociale en ligne ou être au courant des dernières nouveautés.

Qui, comme moi, se sent un peu dépassée?

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Pour écrire à Marianne Prairie: chatelaine@marianneprairie.com

Pour réagir sur Twitter: @marianneprairie

Marianne Prarie est l’auteure de La première fois que… Conseils sages et moins sages pour nouveaux parents (Caractère)

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