/
1x
PUBLICITÉ
Société

Maud Cohen : femme de génie

Il aura fallu attendre 150 longues années pour qu’une femme, Maud Cohen,  accède à la direction de Polytechnique Montréal, son alma mater. 
Par Isabelle Grégoire
Maud Cohen

Photo : Bénédicte Brocard

Les photos de finissants exposées dans les couloirs de Polytechnique Montréal ne mentent pas : depuis le 19e siècle, les hommes y sont largement majoritaires. Pas étonnant, donc, que l’université d’ingénierie n’ait jamais été dirigée par une femme avant l’arrivée de Maud Cohen, en 2022. « Pour notre 150anniversaire, il était temps », reconnaît-elle. La situation évolue lentement : Poly compte aujourd’hui 30 % d’étudiantes, contre 20 % en 1996, lorsque la nouvelle DG y a obtenu son diplôme en génie industriel.

Coupe au carré, tailleur sage et poignée de main solide, elle me reçoit à son bureau, dans le bâtiment principal, sur le flanc nord du mont Royal. Un décor vieillot – portes capitonnées, briques sombres – où trône le portrait d’Urgel-Eugène Archambault, fondateur en 1873 de l’École des sciences appliquées aux arts et à l’industrie, qui a été rebaptisée École polytechnique de Montréal trois ans plus tard. En attendant la rénovation des lieux, Maud Cohen a ajouté un élément décoratif inimaginable à l’époque de son prédécesseur à la barbe blanche : quelques paires de chaussures à talons hauts, bien alignées dans un cube de rangement.

Le parcours de cette battante, mère d’un adolescent et adepte de la boxe grâce à lui, confirme que le génie mène à tout. Dans le domaine pharmaceutique, elle a piloté des projets en Europe, aux États-Unis et au Canada. À la présidence de l’Ordre des ingénieurs du Québec, de 2009 à 2012, elle s’est employée à redorer l’image de la profession, minée par les scandales au tournant des années 2010.

Même la politique lui a fait de l’œil. Candidate battue de la Coalition Avenir Québec en 2012, elle est ensuite devenue présidente du parti, succédant à Dominique Anglade, son amie et condisciple à Polytechnique.

PUBLICITÉ

Malgré cette carrière cinq étoiles en génie, c’est pourtant à la médecine que cette première de classe se destinait. Or, au cégep, les cours de biologie – et la dissection d’une souris – l’ont fait déchanter. Elle était en pleine réflexion sur son avenir lorsqu’est survenue la tuerie du 6 décembre 1989, à Polytechnique, qui a coûté la vie à 14 étudiantes. « Je n’avais jamais imaginé devenir ingénieure, j’ai décidé de me lancer. »

Sa mission aujourd’hui : mener une réflexion collective sur le rôle de l’ingénieur de demain. « Crise climatique, santé, cybersécurité, intelligence artificielle… le génie est au cœur des grandes problématiques de notre société, observe-t-elle. Mais il faudra exercer autrement, avec plus d’écoute et d’échanges avec la communauté. » Bref, apporter un peu plus d’humanité à la technologie. « Cela devrait nous permettre d’attirer davantage de femmes qui veulent changer le monde. »

D’ici quelques années, les photos de finissants pourraient avoir une tout autre allure.

À lire aussi : Emily Charry Tissier : mission sauver les baleines

PUBLICITÉ

Êtes-vous extra?

Votre dose de mode, beauté et déco par courriel.

En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
Copier le lien
Couverture magazine Châtelaine printemps 2025

ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE

Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.