C’est une méthode très populaire : récompenser les enfants à l’aide d’un tableau. Plusieurs éducateurs la suggèrent pour régler certaines situations problématiques, l’heure du dodo ou des repas, par exemple. En gros, cela consiste à acheter un tableau (ou en faire un soi-même) et à récompenser l’enfant chaque fois qu’il réussit à s’endormir seul ou à manger ses asperges sauce Mornay.
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Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre le renforcement positif. Selon moi, c’est même la méthode la plus efficace pour venir à bout des comportements indésirables de nos petits. Le tableau de récompenses, c’est simple et ça marche. C’est pavlovien.
Ce qui me dérange là-dedans, c’est la récompense, justement. C’est la gommette ou l’étampe dont on orne ledit tableau lorsque Junior passe une nuit sans mouiller son lit, ou encore le sac rempli de gogosses du magasin à 1 piasse dans lequel on fait piger fifille parce qu’elle a été polie. Depuis quand doit-on récompenser nos enfants matériellement lorsqu’il font un bon coup? Depuis quand de simples félicitations ou une bonne tape dans le dos ne sont plus suffisantes pour les encourager à adopter de bons comportements? Je me le demande.
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Je trouve que toutes ces récompenses matérielles envoient un bien drôle de message : «Tu agis bien, tu récoltes une gogosse.» C’est contre mes valeurs de toujours associer les événements positifs de ma vie à des biens matériels. C’est vrai que je me suis déjà acheté une sacoche pour souligner mon premier contrat de scénarisation. Quand j’y repense, je me trouve un peu pathétique d’avoir ressenti le besoin de ma gâter matériellement parce que j’étais fière de moi. Ça me fait donc sourciller quand mes enfants agissent mieux non pas pour me faire plaisir ou pour que la dynamique familiale s’améliore, mais parce qu’ils veulent une surprise. Je trouve qu’à ce niveau-là, la société de consommation est vraiment en train de nous voler quelque chose : la fierté sans rien d’autre pour aller avec.
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Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)
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Autrice, animatrice et chroniqueuse, Geneviève Pettersen a écrit La déesse des mouches à feu, roman récompensé et adapté pour le théâtre et pour le cinéma. Elle a également co-scénarisé le film Fabuleuses. Elle a notamment prêté sa voix et sa plume à Châtelaine, La Presse, Qub et le Journal de Montréal.