Comme nos grands-mères, elle sait tout faire : coudre, jardiner, cuire le pain, tricoter. En guerre contre le gaspillage, cette écolo économe rafistole tout ce qui lui tombe sous la main. Leçons de débrouillardise.
Les présentations : Moi, Valérie Savard, 32 ans, animalière à l’Hôpital vétérinaire Saint-Jérôme. Mon fils, James Logan, 5 ans. Ma fille, Kimie Ann, 7 ans. Mon pitou : Milky Way. On habite dans un logement à Mirabel.
Les finances : Mon revenu après impôts est d’environ 15 000 $ par an depuis que je me suis séparée, en septembre 2011 (avant, j’étais maman à la maison). Pour l’instant, je me débrouille avec ça, mais je souhaite augmenter mes heures au travail et accéder à un poste plus élevé. Il y a des limites à vivre simplement, même quand on a fait ce choix!
Mon mode de vie : Je me définis comme une « artiste récupératrice ». Le recyclage, pour moi, c’est plus qu’un bac vert sous l’évier de la cuisine. Chaque objet, chaque aliment a une durée de vie étirée à son maximum.
Par exemple, j’envoie les goupilles de canettes à des organismes qui s’en servent pour financer leur cause (l’aluminium se revend). Je transforme le marc de café et les coquilles d’œufs en nutriments pour les plantes. Je fabrique du nettoyant avec des pelures d’agrumes. Quand un vêtement est démodé, soit je le remets au goût du jour – j’ai appris à coudre dans ce but –, soit il aboutit chez un organisme qui fait du rembourrage, des guenilles ou de l’isolant. À défaut de pouvoir composter dans un jardin, je me suis équipée d’un bac de vermicompostage (des vers rouges font le travail sans odeur).
Pour respecter mon budget, je fabrique la plupart de mes cadeaux : linges de poupée, confitures, tricots. Je pratique aussi l’échange de services avec des amis en fonction de nos compétences : gardiennage contre tartes aux pommes, coupe de cheveux contre pots de betteraves maison. En somme, je vis en partie comme les générations précédentes. Les anciens ne passaient pas leur vie au magasin général; ils réparaient ce qui était brisé, fabriquaient ce qu’ils pouvaient, empruntaient aux voisins. L’humanité s’est rendue jusqu’ici avec si peu, je trouve ça inspirant.
Ça peut paraître excentrique, mais je suis loin de l’écolo extrémiste, style jeans rapiécés et collier en terre cuite. J’adore mon ordinateur portable, je ne vivrais plus sans cellulaire, j’ai une voiture, je me maquille… Ces concessions à la vie moderne m’aident à trouver l’équilibre. Et comme militante en environnement, ça me rend moins intimidante. Des gens souhaitant consommer de façon responsable me consultent volontiers, car je les informe sans moraliser. Je me sens plus utile en étant imparfaite, finalement!
Mes motivations : Mon beau-père paléontologue m’a sensibilisée très tôt aux enjeux environnementaux. J’ai beaucoup lu sur l’impact de nos gestes sur les écosystèmes – de là mon obsession pour le recyclage.
Sinon, ma priorité est d’avoir du temps. Un job à 30 heures semaine, c’est ma limite. Je veux être auprès de mes enfants, jouir des moments de solitude, m’investir dans ma communauté. J’ai vu bien des gens vieillissants pleurer de n’avoir pas assez profité de la vie, trop occupés qu’ils étaient à accumuler de la richesse. Je me suis promis que ça ne m’arriverait pas.
La publicité a réussi à nous faire avaler que le bonheur est dans la consommation. Que les objets calment notre mal-être. Ça peut marcher temporairement. Puis l’effet s’estompe, on s’endette pour d’autres biens, on stresse à cause des dettes… C’est fou comme on se sent libre quand on débarque de cette roue.
Consultez les portraits des quatre familles et les épisodes du dossier Vivre mieux avec moins.