Vie pratique

Contraception: toutes les solutions à notre portée

Bien vivre sa sexualité, c’est aussi décider si l’on souhaite ou non tomber enceinte, une responsabilité qui repose encore essentiellement sur les épaules des femmes. Mais connaît-on vraiment toutes les options?

Photo: Getty Images / IAN HOOTON / SPL

Il n’y a pas si longtemps – plus exactement, depuis 1969 – que la loi permet le recours à la contraception au pays, un droit dont la majorité des femmes se prévalent. De fait, environ 85 % des Québécoises de 15 à 49 ans actives sexuellement ont utilisé de manière habituelle un moyen de contraception au cours de la dernière année, d’après la plus récente Enquête québécoise sur la santé de la population. Le chiffre monte à plus de 93 % chez les 15 à 24 ans. Pourtant, selon les professionnels de la santé, l’éventail complet des méthodes reste méconnu, et certains préjugés ont la vie dure. On remet les pendules à l’heure.

1) Une hormone… ou deux

Peu importe leur présentation et leur mode de diffusion dans l’organisme, les contraceptifs hormonaux fonctionnent tous selon le même principe. Ils empêchent l’ovulation, rendent la paroi de l’utérus impropre à l’implantation d’un éventuel ovule et épaississent la glaire cervicale pour bloquer le passage des spermatozoïdes. Tous renferment de la progestérone (ou progestatif), mais certains contiennent en plus un œstrogène. Le rôle de ce dernier est d’augmenter l’effet du progestatif et de régulariser le cycle menstruel. C’est également l’œstrogène qui diminue l’acné et les douleurs menstruelles.


LA «FAMEUSE» PILULE
Sur le marché depuis les années 1960, celle qui a révolutionné la vie sexuelle des femmes reste le contraceptif hormonal le plus connu, malgré une légère baisse de popularité ces dernières années.
C’est… un comprimé qui combine un progestatif et un œstrogène, d’où son nom de pilule combinée. On en prend un par jour, idéalement à heure fixe. Certaines marques fonctionnent sur des cycles de 21 jours, avec 7 jours de «repos», d’autres sur 24 ou même 84 jours.
Les plus Si on n’oublie pas de la prendre, la pilule est efficace à 99,7%, selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. «Il existe des dizaines de marques différentes et de nombreux dosages. Les femmes ont donc la possibilité de procéder par essais et erreurs pour trouver la formule qui leur con-vient le mieux», indique Édith Guilbert, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Les moins Il faut la prendre tous les jours, sans exception. Après un accouchement, on doit attendre de quatre à six semaines avant de pouvoir l’utiliser. Elle est contre-indiquée chez les femmes de plus de 35 ans fumeuses ou en surpoids, ainsi que chez les personnes sujettes aux migraines.
Son prix Environ 18$ par mois.
Bon à savoir Si on supporte bien l’œstrogène et qu’on l’utilise à la fin de sa vie reproductive, elle peut également faire diminuer les symptômes de la préménopause.


LA PILULE À PROGESTATIF SEUL
C’est la solution de rechange à la pilule combinée pour celles qui ne supportent pas l’œstrogène ou pour qui cette hormone est contre-indiquée. Une seule marque est commercialisée au pays.
C’est… un comprimé. On en prend un par jour, obligatoirement à heure fixe.
Les plus On peut l’utiliser pendant qu’on allaite.
Les moins Elle exige une très grande rigueur horaire et ne tolère aucun écart, à l’heure près! L’absence d’œstrogène peut aller de pair avec des saignements irréguliers.
Son prix Environ 18$ par mois.
Bon à savoir «Cette solution est aussi fiable que la pilule combinée et peut être employée dès le lendemain d’un accouchement», souligne la Dre Guilbert.


LE STÉRILET HORMONAL
Inventé dans les années 1920, le stérilet a été boudé pendant quatre décennies après qu’un modèle, le Dalkon Shield, a été mis en cause dans la survenue de graves cas d’infections pelviennes chez des dizaines de femmes aux États-Unis. Aujourd’hui, le dispositif intra-utérin regagne ses lettres de noblesse, au point que la Société canadienne de pédiatrie le recommande comme choix de première intention pour les adolescentes.
C’est… un petit dispositif en forme de T placé à l’intérieur de l’utérus. Sa seule présence épaissit le mucus du col, ce qui barre la route aux spermatozoïdes. De plus, il libère de la progestérone, en très petite quantité et de manière continue, dans l’organisme.
Les plus Impossible de l’oublier (comme la pilule) ou de ne pas l’avoir sous la main (comme le condom)! Et vive la tranquillité d’esprit: on peut le garder pendant cinq ans, mais son action est réversible sitôt qu’on se le fait retirer.
Les moins Il doit être mis en place par un médecin, parfois sous anesthésie locale. Or, peu de médecins acceptaient jusqu’à maintenant de pratiquer cette intervention en raison du trop faible nombre de demandes. «Heureusement, la nouvelle popularité du stérilet va probablement changer cette situation», précise Isabelle Tardif, coordonnatrice clinique au Centre de santé des femmes de Montréal.
Son prix Entre 300$ et 400$, mais il est en partie remboursé par la Régie de l’assurance maladie du Québec.
Bon à savoir «Certaines femmes ont peur de le sentir une fois qu’il est installé, et se demandent s’il peut se déplacer. Ce n’est pas le cas. En revanche, il est muni de deux petits fils qui dépassent de l’orifice du col pour qu’on puisse l’enlever plus facilement», explique l’infirmière clinicienne.


L’ANNEAU VAGINAL
Encore peu utilisé au Québec, l’anneau vaginal a pourtant de nombreux points communs avec les contraceptifs oraux et présente bien des avantages.
C’est… un anneau souple d’environ 5 cm qu’on insère dans le vagin. Il libère un œstrogène et un progestatif tout comme la pilule combinée. On le laisse en place pendant trois semaines, suivies d’une période sans anneau d’une semaine. Puis on recommence le cycle avec un nouvel anneau.
Les plus Comme tous les contraceptifs hormonaux, il nécessite une ordonnance médicale, mais on peut l’installer seule. Dans le cas où l’on oublierait de le changer à la date prévue, il conserve son action contraceptive encore deux semaines, que l’on appelle «les deux semaines de grâce».
Les moins Son insertion dans le vagin demande un peu d’entraînement, au début. Comme il est peu étudié, on en sait peu sur ses contre-indications et ses possibles effets indésirables.
Son prix Environ 22 $ par mois.
Bon à savoir Si l’anneau vaginal dérange l’un ou l’autre des partenaires pendant la relation sexuelle, il peut facilement être retiré pour une période maximale de trois heures sans perdre son efficacité.


LE TIMBRE CONTRACEPTIF
Il est peu connu, pas très discret, mais pratique.
C’est… un «patch» de 4 cm, que l’on colle n’importe où sur le corps (sauf sur les seins) et qui relâche en continu de la progestérone et de l’œstrogène dans le sang. On le garde pendant sept jours, puis on l’enlève pour en appliquer un nouveau, et ainsi de suite pendant trois semaines consécutives. On ne porte aucun timbre la quatrième semaine, puis le cycle recommence.
Les plus La tranquillité d’esprit pendant une semaine.
Les moins Il est visible et peut irriter la peau. Comme l’anneau vaginal, il est relativement peu étudié.
Son prix Environ 24$ par mois.
Bon à savoir Il n’en existe qu’un seul modèle au Canada.


L’INJECTION CONTRACEPTIVE
C’est la mal-aimée des méthodes hormonales. Or, pour celles à qui elle convient, elle est pratique.
C’est… une piqûre de progestatif.
Les plus Discrète, cette méthode offre une contraception très fiable pour une période de 11 à 13 semaines.
Les moins Son action est irréversible pendant trois mois. Si l’on ne supporte pas ses effets secondaires, on doit donc prendre son mal en patience. Même chose si l’on souhaite tomber enceinte: c’est le contraceptif hormonal pour lequel le retour à la fertilité est le plus long, jusqu’à 6 à 10 mois.
Son prix Il faut compter environ 40 $ par injection.
Bon à savoir On entend parfois dire que l’injection contraceptive entraîne une diminution de la densité minérale osseuse. «Ce n’est pas si terrible que ça, nuance la Dre Édith Guilbert. La perte de densité osseuse est du même ordre que ce qu’on observe chez les femmes enceintes ou celles qui allaitent pendant six mois, et elle est réversible dès qu’on arrête les injections.»

Hormones sur la sellette

Opter pour la contraception hormonale n’est pas une décision anodine, car des contre-indications médicales existent bel et bien. Par exemple, on sait qu’elle est associée à un risque accru de formation de caillots sanguins et contre-indiquée en présence d’antécédents personnels ou familiaux de troubles cardiovasculaires ainsi que chez les fumeuses de plus de 35 ans. En 2010, des cas de thrombose et d’embolie ont fait la manchette en raison d’un scandale entourant les pilules de quatrième génération Yaz et Yasmin. Ces deux produits font d’ailleurs l’objet de centaines de procès aux États-Unis et de recours collectifs au Canada. Santé Canada estime cependant que le risque de formation de caillots chez les femmes prenant un contraceptif oral est globalement très faible. Par ailleurs, les femmes qui prennent la pilule ont un risque un peu plus élevé de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie, selon la Société canadienne du cancer. À l’inverse, plus une femme prend la pilule longtemps, plus son risque de cancer de l’ovaire diminue. Les contraceptifs hormonaux protégeraient aussi contre le cancer de l’endomètre.

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La «pilule du lendemain»

La « pilule du lendemain » peut être utilisée comme méthode contraceptive ponctuelle et exceptionnelle jusqu’à cinq jours après une relation non protégée, mais son efficacité est optimale dans les 24 heures suivant le rapport à risque. Il en existe plusieurs marques. Le stérilet au cuivre peut également servir de contraceptif d’urgence jusqu’à cinq à sept jours après une relation sexuelle. La présence de cuivre dans l’utérus, en plus de créer un milieu hostile aux spermatozoïdes, provoque une inflammation de l’endomètre qui empêche l’implantation d’un ovule fécondé.

2) Pas d’hormone du tout

Les contraceptifs sans hormone visent à empêcher la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovule. Mise en garde importante: à part le stérilet au cuivre, toutes les autres méthodes sont relativement peu sûres si elles ne sont pas utilisées exactement comme il se doit.


LE STÉRILET AU CUIVRE
Comme son cousin à la progestérone, il est le choix numéro un des pédiatres pour prévenir les grossesses à l’adolescence, mais les femmes de tous âges peuvent l’utiliser.
Comment ça marche? En plus d’épaissir le mucus du col, le cuivre qu’il contient rend l’intérieur de l’utérus toxique pour les spermatozoïdes.
Les plus «La plupart sont homologués pour 5 ans, mais les études montrent qu’ils peuvent être utilisés de 10 à 12 ans. Ainsi, une femme de 35 ans qui se ferait poser un nouveau stérilet au cuivre pourrait le garder jusqu’à sa ménopause», souligne la Dre Guilbert.
Les moins Les femmes qui ont des menstruations abondantes lui préféreront le stérilet hormonal.
Son prix Entre 90$ et 200$.
Bon à savoir Contrairement à la croyance populaire, on peut se faire poser un stérilet même si on n’a jamais eu d’enfant.


LE BON VIEUX PRÉSERVATIF
Méthode barrière vieille comme le monde (on l’utilisait dès l’Antiquité!), le condom se décline dans toutes les tailles et couleurs.
Comment ça marche? Il empêche les spermatozoïdes de pénétrer dans le vagin.
Les plus C’est l’une des seules méthodes qui protègent aussi contre les infections transmissibles sexuellement (ITS).
Les moins Son taux d’efficacité théorique est excellent, mais, en pratique, il est d’à peine 82%, selon la Fédération du Québec pour le planning des naissances. On doit le garder à portée de main et le manipuler avec précaution pour ne pas le déchirer.
Son prix Entre 5$ et 10$ pour une boîte de 12.


LE PRÉSERVATIF FÉMININ
On l’appelle aussi préservatif interne. Son usage est relativement peu répandu.
Comment ça marche? C’est une gaine souple que l’on insère dans le vagin jusqu’à huit heures avant la relation sexuelle.
Les plus Il protège contre les ITS. Comme c’est elle qui le porte, la femme a davantage le contrôle de la situation qu’avec le condom masculin.
Les moins Son efficacité réelle ne dépasse pas les 80%, selon l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec.
Son prix De 13$ à 15$ pour une boîte de 3.


LE DIAPHRAGME ET LA CAPE CERVICALE
Ces deux dispositifs, assez similaires, ne requièrent pas d’ordonnance médicale et peuvent être commandés en ligne. Mais leur usage reste marginal et leur fiabilité, très contestée.
Comment ça marche? L’objectif est d’empêcher le passage des spermatozoïdes dans le col de l’utérus. Ces dispositifs doivent donc être placés assez profondément dans le vagin. On utilise le diaphragme avec un gel à base de cellulose et d’acide lactique qui immobilise les «indésirables» et renforce l’effet barrière du diaphragme. La cape cervicale est souvent associée à un spermicide pour augmenter son action contraceptive.
Les plus Le diaphragme et la cape cervicale sont réutilisables.
Les moins «Les méthodes barrières ne nécessitent pas de rencontre avec une infirmière. Mais, en pratique, il est important de se faire expliquer comment les installer pour recouvrir correctement l’entrée du col», prévient Isabelle Tardif, du Centre de santé des femmes de Montréal. Avec la cape cervicale, le risque de tomber enceinte grimpe en effet à environ 40% chez les femmes qui ont déjà accouché, parce que la cape couvre alors moins bien le col de l’utérus.
Leur prix Diaphragme: entre 60$ et 100$. Cape cervicale: environ 100$. À ce coût s’ajoute celui du gel contraceptif et du spermicide.
Bon à savoir Les spermicides sont irritants et détériorent la flore vaginale. Les lésions occasionnées accroissent le risque de propagation du VIH.


L’ÉPONGE CONTRACEPTIVE
Elle est vendue en pharmacie sans ordonnance, et peut être utilisée conjointement avec le condom pour diminuer les risques de grossesse non désirée. Seule, elle est très peu fiable.
Comment ça marche? Cette petite éponge jetable s’insère dans le vagin et constitue une barrière physique, en plus de contenir un spermicide. La protection dure 24 heures.
Les moins Le spermicide abîme la flore vaginale et accroît le risque de propagation du VIH.

Photo: Getty Images / Laetizia Haessig / EyeEm

3) Les méthodes naturelles

Coït interrompu, calendrier, mesure quotidienne de la température, analyse de la glaire cervicale… Les méthodes naturelles font un retour chez les femmes qui tournent le dos aux hormones pour se reconnecter avec leur corps, ainsi que pour des raisons environnementales. Mais, comme le signale la Dre Guilbert, de l’INSPQ, ces techniques exigent une parfaite régularité dans son cycle… et dans sa vie en général. Il s’agit en effet de prendre des mesures quotidiennes à heure fixe et d’avoir une complicité totale avec son partenaire. «Ces techniques sont peut-être écologiques, mais on ne peut pas leur faire confiance et elles sont très contraignantes», rappelle-t-elle.

Et les effets secondaires?

Tous les contraceptifs peuvent provoquer des effets secondaires, graves ou bénins, comme le souligne Pascale Dupuis, du Centre de santé des femmes de la Mauricie. «C’est pourquoi il est indispensable de rencontrer un professionnel qui nous interrogera sur notre état de santé et saura nous expliquer la différence entre les complications qu’on doit prendre très au sérieux et les effets indésirables habituels, comme les nausées et les sautes d’humeur, qui s’estompent parfois d’eux-mêmes au bout de trois à six mois», dit-elle.

La bonne formule?

Il n’existe pas de règle d’or pour choisir son mode de contraception. «La meilleure méthode est celle qui entre bien dans notre routine», souligne Pascale Dupuis, du Centre de santé des femmes de la Mauricie. On doit aussi considérer son degré d’insécurité par rapport à une possible grossesse. «Si tomber enceinte est pour soi une catastrophe, on n’a pas d’autre option que de se tourner vers la solution la plus sûre», dit-elle. Et puis, notre vie et nos préoccupations évoluent, alors rien n’empêche de changer de contraceptif en cours de route, plusieurs fois si nécessaire.

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