Nutrition

Le sirop d’érable, nouveau médicament miracle?

Le sirop d’érable est le meilleur allié des antibiotiques. C’est ce qu’a découvert la chercheuse montréalaise Nathalie Tufenkji.

Photo: iStock

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Selon les expériences de Nathalie Tufenkji, si on ajoute un extrait de sirop d’érable à un antibiotique, on augmente de beaucoup son efficacité contre les bactéries. La professeure au département de génie chimique de l’Université McGill voit là une excellente façon de contrer la surutilisation d’antibios qui favorise l’émergence des bactéries résistantes aux médicaments.   

Qu’est-ce qui vous a mise sur la piste du sirop d’érable ?

Il y a deux ans, alors que je participais à un congrès sur la canneberge, un chimiste a attiré mon attention sur les effets anticancérigènes du sirop d’érable. Ç’a piqué ma curiosité. De retour au labo, j’ai émis l’hypothèse suivante : si le sirop d’érable présente des propriétés thérapeutiques, il doit aussi avoir des propriétés antimicrobiennes. Personne encore ne l’avait démontré.

Avec ma petite équipe de chercheurs postdoctoraux, on a acheté quelques boîtes de sirop d’érable, dont on a retiré le sucre et l’eau pour n’en conserver qu’un extrait riche en molécules phénoliques. Puis on a testé ses effets antimicrobiens sur quatre bactéries – E. coli (gastro), Proteus (infection urinaire) et deux différents Pseudomonas (infections cutanées et nosocomiales [c’est-à-dire contractées au cours d’un séjour en milieu hospitalier]).

Mais le résultat a été décevant. Alors, comme on savait que certains produits naturels potentialisent les antibiotiques – autrement dit, ils leur donnent un petit boost –, on a répété l’expérience en ajoutant un peu d’antibiotique à l’extrait. Et là, wow ! Le sirop rendait les bactéries tellement sensibles aux antibiotiques que, même si on diminuait leur quantité de 90 %, ils parvenaient à les détruire. 

Qu’est-ce qui explique une telle réaction ?

Deux choses. D’abord, la bactérie est protégée par une membrane. Les antibiotiques doivent la traverser pour produire leur effet. Or, quand on expose une bactérie à un extrait de sirop d’érable, sa peau devient poreuse. Les antibios y pénètrent donc plus facilement. Ensuite, par un mécanisme d’autodéfense, les petites pompes de la membrane des bactéries éjectent les antibios. Mais l’extrait de sirop d’érable vient bloquer ces pompes. L’antibio se retrouve donc emprisonné dans la bactérie. Enfin, le sirop combiné à l’antibio parvient à détruire des communautés de bactéries résistantes appelées biofilms, courantes en présence d’infections difficiles à traiter.

Concrètement, qu’est-ce que ça va changer dans le milieu médical ?

En raison de la surutilisation d’antibiotiques, les bactéries développent des résistances aux médicaments. C’est une préoccupation de santé publique à l’échelle mondiale. On pourrait diminuer de moitié la quantité d’antibiotique utilisée pour traiter une infection, simplement en y ajoutant un extrait de sirop d’érable. C’est prometteur !

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