Culture

3 livres à lire ce printemps

Un essai percutant, des nouvelles qui suscitent la réflexion, un roman plein d’espoir. Ce sont les bouquins qu’on lira avec plaisir ce printemps.

Forteresses et autres refuges

Après l’essai Un présent infini, dans lequel elle écrit à son père qui s’est éteint en 2015 des suites d’un cancer du cerveau, Rafaële Germain s’était promis de ne plus faire de ses parents les sujets de ses livres. Mais quand les éditions Québec Amérique lui ont proposé d’écrire trois récits sur des moments marquants de sa vie, elle a ressenti le besoin de poursuivre sa réflexion sur la mémoire et l’identité. « Mes propres souvenirs ne m’intéressaient pas. Cependant, en accompagnant mes parents dans la maladie, je vivais depuis huit ans en compagnie de mémoires qui s’effritaient. » À travers le prisme de l’enfance de sa mère, de sa maternité et de ses dernières semaines de vie, elle rappelle l’importance de regarder derrière soi pour mieux avancer. « Pourquoi des détails insignifiants comme un regard, une image ou un coin de rue nous restent-ils en tête, alors que d’autres s’évanouissent complètement ? Peut-être parce qu’ils sont associés à un sentiment de plénitude, une qualité d’existence qu’on doit tenter de retenir et de recréer. » Dans un élan à la fois intime et politique, l’écrivaine réfléchit également au rôle de la mémoire et à l’importance de connaître ses racines, tant dans la construction de soi que dans celle d’une nation. D’une grande poésie.

Forteresses et autres refuges, de Rafaële Germain, Québec Amérique, 132 pages. En librairie le 21 mars.

La petite-fille

À la mort de sa femme, Kaspar découvre qu’avant leur mariage, cette dernière avait abandonné un bébé à la naissance. Il part à la recherche de l’enfant et son enquête le mène à cette belle-fille, Svenja, et à son adolescente, qu’elle élève dans une idéologie néonazie, fondée sur le racisme et les théories du complot. L’amour peut-il naître dans un tel climat de méfiance et de haine ?

Près de 30 ans après Le liseur, son plus grand succès – qui a fait l’objet d’une excellente adaptation au cinéma en 2008 –, Bernhard Schlink replonge dans la grande histoire de l’Allemagne et de ses territoires pour sonder ce qui divise et unit les êtres humains. Il reprend cette question essentielle à son œuvre : est-il possible de se défaire des fantômes du passé sans se trahir ? Avec sa galerie de personnages complexes et empreints de vérité, il offre des pistes de réflexion profondes et dénuées de jugement sur le choc entre le passé et le présent, entre le désir de comprendre et la propension à condamner. Il poursuit ainsi une réflexion sur l’importance de se connaître soi-même, de déconstruire ses failles, ses préjugés et les ombres de son histoire, avant de prétendre connaître les autres.

La petite-fille, de Bernhard Schlink, Gallimard, 352 pages. En librairie le 22 mars.

Pas besoin de dire adieu

Qui n’a pas déjà eu envie de se décharger de ses responsabilités et de changer de vie ? Dans son premier recueil de nouvelles, Marie-Sarah Bouchard explore cet instant précis où un être humain choisit de tout balancer pour prendre le large. Ici, une jeune fille part étudier à l’étranger pour échapper au regard méprisant de ses camarades de classe. Là, une femme s’envole pour éviter de revenir au bureau après son congé de maternité. Là encore, un homme ferme son ordinateur pour se dérober à une femme qui a eu un enfant de lui 20 ans plus tôt.

« Dans mes conversations avec mon entourage revenait toujours cette rengaine : d’un côté, on voulait fuir, et de l’autre, on sentait qu’on nous fuyait. J’étais frappée de voir tant de monde dévoré par l’envie pressante de jeter à l’eau un morceau de sa vie. Mais quand on part, on abandonne toujours quelque chose, quelqu’un derrière soi. Et on cause beaucoup de détresse chez ceux et celles qu’on laisse tomber. Le recueil montre ces deux facettes. »

L’autrice donne à son recueil un élan qui reflète son propos, laissant dans l’esprit du lecteur une impression douce-amère de regrets et de possibles. Avec sa plume sobre, élégante et rythmée, elle fait aussi écho au déracinement et à la quête de liberté propres à sa génération. Tout simplement sublime.

Pas besoin de dire adieu, de Marie-Sarah Bouchard, Boréal, 160 pages.

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L’invention d’un visage, de Mathieu Laca : un roman hors normes

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