Dire qu’on avait hâte de relire l’auteur de La fiancée américaine (2012) relève de l’euphémisme. Cette nouvelle offrande, épique, s’avère à la hauteur de l’attente. «Le lilas est notre alibi», résume Laura à Pia, que Shelly et elle ont admise dans leur périple annuel. En chemin, on apprendra tout sur cet arbuste dont elles traquent la floraison, du Tennessee au Québec. Mais on se sera surtout laissé raconter un bouquet d’histoires passionnantes.
L’amour au temps de l’éclatement des familles, l’infidélité et son corollaire, la vengeance, l’asservissement des mères aux apparences et à la perfection Instagram : des thèmes que l’autrice, après un hiatus de presque 10 ans, explore avec toute la subtilité et l’ironie qu’on lui connaît. Un fin roman de mœurs qu’on dévore. Fait cocasse: un des personnages, gourou de la bouffe santé, «capote» parce qu’elle a été choisie pour figurer en couverture de Châtelaine, où elle apparaît aux côtés… d’une dinde vivante. [NDLR: Nadine, on vous assure que ça n’arrivera jamais!]
Un premier roman remarquable, centré sur un « village de fous au bout du trou de l’enfer », où gravitent des tout croches, des tendres, des femmes fortes, des serveuses avec extra, une disparue, des enfants sans père ou jamais nés. On les découvre par bribes, paroles alternantes empreintes de poésie.
Il a plongé d’un pôle à l’autre plus de 12 000 fois, pris des images pour National Geographic, la BBC, Disney, Radio-Canada et filmé des ours polaires dans l’océan sans être protégé par une cage… Dans cet ouvrage abondamment illustré, le Madelinot Mario Cyr se raconte et nous emmène avec lui aux premières loges de la féerie sous-marine, mais aussi des bouleversements causés par l’humain.
Suzor a «attrapé le pire des déraillements», la maladie d’Alzheimer. Jadis, Jeanne l’a aimé. Il l’a quittée sans s’expliquer. Et depuis 40 ans, elle n’a jamais cherché à le retrouver, couchant plutôt son chagrin sur papier: ses «écrivements». Mais la nouvelle de ce diagnostic atterre l’octogénaire, qui se mettra à la recherche de Suzor, en compagnie d’une jeune complice ressurgie du passé, avec qui elle voyage dans les méandres de leurs souvenirs.
Elle l’avoue en préface, ce bilan photographique de sa riche carrière est d’abord le projet de sa tendre moitié, Richard Langevin, qu’il destine à tous les fans de son «immortelle». Et c’est à un florilège qu’ils ont droit, des années 1960 à aujourd’hui, incluant un superbe portrait pour Châtelaine datant de 1987. En attendant une biographie en bonne et due forme. En librairie le 7 novembre.
Un chœur, onze individus, autant de confessions étalées sur le XXe siècle. Ensemble, ces confessions dessinent l’évolution du Québec, où l’église a longtemps été l’unique lieu de rassemblement. La plume de l’auteure des Filles de Caleb, athée, soit dit en passant, est toujours aussi vive, humaine et émouvante.
Dans un immeuble crasseux d’un quartier de Montréal, des femmes de divers horizons se croisent, s’observent, s’apprivoisent. Il y a Rose, qui a fui la Gaspésie avec son fils, Ludmilla, voyante, sa fille Iulia, coiffeuse, Zeenat, réfugiée, Souad, mère rongée par la honte, Perpétue, qui refuse de vivre dans la peur, Violette, la doyenne. Une mosaïque émouvante et un plaidoyer pour le vivre-ensemble.
«Je fis l’erreur, en somme, de faire confiance aux mauvaises personnes.» Ainsi s’ouvre ce roman noir jubilatoire, sorte de western moderne où ce serait plutôt «une Indienne qui se venge d’un cowboy». Une histoire de criminel semi-repenti, qui se laisse tenter par un coup foireux, prévu pendant le Festival de la galette de sarrasin de Louiseville et qu’il tentera de virer à son avantage. Le tout, dans un style mêlant avec bonheur joual, passé simple et imparfait du subjonctif!
De la classique maison hantée à des jumelles tout droit sorties de The Shining, en passant par un hallucinant trajet en covoiturage qui vire au gore et une chirurgie esthétique pétrifiante: ce sont à 15 nouvelles glaçantes que nous convient 15 autrices talentueuses placées ici hors de leur zone littéraire de confort (Stéphanie Boulay, Erika Soucy, Mélika Abdelmoumen, Marie-Hélène Larochelle, Mikella Nicol, Marie Demers…).
Chef réputée, Hélène tombe dans le coma après un accident de voiture qui n’a rien de fortuit. Ses amies lui concocteront un traitement d’aromathérapie pas banal, espérant que le fumet des petits plats qu’elles lui préparent la réveillera. Au passage, elles changeront l’atmosphère et les travailleurs de l’étage où elle est alitée. Savoureuse incartade à la série des Maud Graham, cette ode à l’amitié se double de 20 recettes alléchantes…
Une fascinante plongée dans un pays imaginaire, dirigé par des dictateurs de père en fils – lesdits Bleed. Le récit se déroule à travers quatre voix: celles de Mustafa, 82 ans, et de son fils Vadim, 37 ans, de l’éditrice du journal La Nation, Nada Ferber, et d’une blogueuse dissidente, Kaarina Faasol. Leur juxtaposition trace le portrait acéré d’une lignée au bord de l’implosion et d’une société… pas si fictive.
Entre sa mère préposée au stationnement d’un hôpital, son père garagiste qui lui offre une vieille monture, son amie Sonia, dont le père décède avant d’avoir mis sa ligne à Anticosti, et Cindy, «la petite poquée» du quartier, se tisse la trame de la vie ordinaire et rêvée de Laurie. Amour, drame, joies, peines, mort racontés par une plume sensible et truculente.
L’auteur des Chroniques du Plateau Mont-Royal égrène ici petites et grandes révélations: sa première «sortie» dans un bar gai; son impair cuisant avec Jack Lang, ministre français de la Culture; la fois où il a perdu ses pantalons dans un cinéma porno à New York; la publicité qui lui a fait prendre conscience de son orientation sexuelle; comment il apprend, de la peintre Marcelle Ferron, que sa candidature pour l’Ordre du Québec a été retirée par Robert Bourassa à la demande de l’archevêque. On en prendrait bien 23 autres.
En 3e année du primaire, sa prof a défini ce qu’était un intellectuel, et tous les élèves se sont tournés vers elle. La fillette hypersensible, l’adolescente qui cachait sa peur des autres et son anxiété en noircissant des carnets, cette narratrice aux phrases ciselées et pleines d’acuité, Alexie, a peut-être accouché de ce récit autobiographique pour élucider ce mystère: comment devient-on soi? Ce faisant, elle révèle sa nature humaine, telle une Annie Ernaux. En librairie le 13 novembre.
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