Essais signés par un psychanalyste, un mythologue, une philosophe, prose et poésie sur les grandes questions de la vie… L’actrice Isabelle Vincent nous invite à réfléchir.
Quand tu goûtes à un livre d’Annie Ernaux, tu veux plonger dans tous les autres ! Dans celui-ci, elle parle de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Comme la mienne… Le regard qu’elle pose sur cette femme, le fait qu’elle s’interroge sur elle-même m’ont touchée. Elle y aborde la compression du temps et la mémoire qui continue à vivre. Ça m’a portée à réfléchir sur ma propre histoire, sur la façon dont je vois ma mère à différentes époques. Grâce à cette lecture, j’ai plus d’outils pour la comprendre et apprivoiser son effacement.
La philosophe américaine Judith Butler nous permet de pénétrer au cœur du débat sur l’identité et le poids des normes. Un thème brûlant d’actualité en cette ère de pluralité des façons de se définir. Elle propose des pistes de réflexion passionnantes et remet en question la notion d’hétérosexualité comme norme obligatoire. Selon elle, on devrait d’abord se construire d’après ses désirs et non selon son identité sexuelle.
J’aime observer ce qui se passe dans la société. Carlo Strenger, psychanalyste et intellectuel athée, reçoit beaucoup d’anxieux dans son cabinet. Il prône de toujours préserver le respect de l’être humain et de la pensée libre, même quand ce qu’on entend nous tape sur les nerfs ! J’ai dégusté cet essai par petits bouts. Je notais une phrase, j’y pensais pendant deux jours… Son propos a changé ma manière d’argumenter et d’écouter, moi, l’impulsive. Il m’a poussée à l’analyse – m’accorder quelques secondes avant de parler –, mais aussi à l’action. Il m’est rentré dedans viscéralement.
Joseph Campbell était un grand mythologue américain. Ce livre touffu, écrit sous forme de conversations avec le journaliste Bill Moyers, nous amène sur le terrain de la spiritualité. Je l’ai lu en 1992, à un moment où je remettais en cause mes valeurs catholiques. Mes parents étaient croyants. Être athée m’apparaissait tout aussi religieux, tout aussi mystique qu’avoir la foi. Il y avait une conviction à renier Dieu. Cette question n’est toujours pas résolue pour moi. Je me sens incroyante, mais en quête de plus grand.
Pendant un séjour en Italie où elle faisait une résidence d’écriture, Hélène Dorion a appris que son père était très malade. C’est de cette expérience qu’est né ce livre-sentier fait de photos et de textes sur la mort et l’amour. Comme une marche en forêt. Sa poésie est prenante, inspirante, émouvante. Alors que j’arrive au mitan de ma vie, cette nourriture me fait du bien.
Écoutez Isabelle parler de ce roman qui figure au sixième rang de ses lectures incontournables en cliquant ici.
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