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Culture

Marie-Mai : «Je suis à l'opposé de ce que les gens imaginent»

Devant les caméras à « Big Brother Célébrités », elle est aussi énergique, instinctive et joyeuse qu’à ses débuts, il y a 22 ans. L’aura de Marie-Mai prend toutefois des teintes plus douces à mesure qu’elle se découvre et s’accepte. Entretien avec une femme inspirante et en paix avec elle-même.
Marie-Mai : «Je suis à l'opposé de ce que les gens imaginent»
Photo : Andréanne Gauthier, Styliste : Patrick Vimbor, Coiffeur et maquilleur : Nicolas Blanchett, Assistante de la photo : Vanessa Brossard, Postproduction : Valérie Laliberté, Robe : Gabriela Hearst chez SSENSE

Vêtue d'un simple parka noir et de jeans, Marie-Mai entre presque incognito dans le hall d’un hôtel montréalais où elle a ses habitudes. Seul le réceptionniste semble la reconnaître ; il la traite comme la vedette qu’elle est, mais aussi, et surtout, comme une cliente attachante. Je me présente et, dès ce premier moment, les rapports sont chaleureux : au diable la poignée de main, elle me fait la bise. « Ça te dérange si je prends deux minutes pour aller me mettre en jogging ? »

À son retour, nous convenons que par cette froide soirée d’hiver, notre cinq à sept de rêve ressemble à une tisane bien chaude dans un coin tranquille du bar lounge. Après quelques essais-erreurs pour tirer de l’eau bouillante de la machine à espresso au mode d’emploi obscur, la table est mise pour une entrevue à cœur ouvert.

Le public te connaît depuis plus de 20 ans. Qu’est-ce qui a changé entre la Marie-Mai de Star Académie et celle d’aujourd’hui?

Je pense que la femme que je suis en 2025 met de l’avant le travail qu’elle a fait sur elle- même. J’essaie d’être, par de petits gestes, la meilleure version possible de moi-même chaque jour, dans ma vie personnelle, dans mon couple, dans mon rôle de mère, d’artiste. J’ai longtemps reporté ce travail. C’est difficile de se regarder en face, on a peur de ce qu’on va trouver, des émotions que ça va faire remonter. J’ai appris à poser sur moi-même un regard honnête, mais aussi empathique. Quand je regarde en arrière, je suis fière de chaque étape, de chaque leçon que j’ai apprise. J’ai fait du mieux que je pouvais.

Ce travail d’introspection a-t-il coïncidé avec ton 40ᵉ anniversaire de naissance?

Je n’ai pas eu de crise de la quarantaine. Ça s’est passé au milieu de la trentaine, quand ma fille était petite. J’avais une carrière phénoménale, mais je vivais toujours dans mes valises, entourée de gens qui faisaient tout pour moi. Avec un enfant dans les bras, j’ai été plongée dans le quotidien. Changer une ampoule, c’était un défi ! Surtout, je sentais que je n’avais plus de bases. Quand tout est fondé sur le regard des autres, sur les succès, que c’est là-dedans que tu puises ta confiance en toi, tu passes à côté
de quelque chose de crucial : l’amour-propre, la vraie confiance en soi. Mais tu sais, je ne regrette rien. Je pense que c’est bon de se perdre un peu. Ça permet de se retrouver, de se poser les bonnes questions. Maintenant, je trouve ma vie de plus en plus belle, je me sens plus connectée avec mes valeurs, avec qui je suis. La quarantaine ? Amenez-la !

Si un de tes admirateurs pouvait passer une journée avec toi, qu’est-ce qui le surprendrait?

Je suis probablement à l’opposé de ce que les gens imaginent ! Je n’aime pas attirer l’attention. Si tu me croises à l’épicerie, je suis en jogging, avec ma couette sur le côté, pas maquillée. Je me fais souvent demander « est-ce qu’on t’a déjà dit que tu ressembles à Marie-Mai ? ».

En lisant sur toi, j’ai été surprise d’apprendre que tu fais de la méditation.

J’ai découvert la méditation à l’époque où j’ai commencé à me poser des questions et ça a changé ma vie. J’ai essayé cette technique pour m’aider à m’endormir, sans attentes. Ça me permet de baisser le volume de cette voix dans ma tête qui dit des choses négatives à mon sujet, à ne plus être dans un combat intérieur, à avoir une meilleure connexion entre la tête et le cœur. La méditation me fait du bien. Elle m’a aidée à apprendre à me connaître et à me donner l’amour que j’ai tellement recherché à l’extérieur.

Marie-Mai : «Je suis à l'opposé de ce que les gens imaginent»
Photo : Andréanne Gauthier, Styliste : Patrick Vimbor, Coiffeur et maquilleur : Nicolas Blanchett, Assistante de la photo : Vanessa Brossard, Postproduction : Valérie Laliberté, Robe : Gabriela Hearst chez SSENSE

Après sept albums, une quinzaine de spectacles au Centre Bell, une dizaine de Félix, un film, des succès à la télé, à quoi peux-tu bien rêver?

Jeune, j’avais des ambitions, comme des images dans ma tête, et je les ai toutes réalisées. Je n’ai pas fait de plan, j’ai saisi les occasions qui se sont présentées et j’ai travaillé fort. J’étais loin d’être la meilleure chanteuse, mais j’avais de la volonté. Denys Arcand m’a appelée le film Testament, sorti en 2023> et j’étais terrorisée, mais j’ai décidé de le faire, je me suis préparée. Même chose pour l’animation télé. Là, je vieillis, mais ça n’a pas changé : je veux continuer à évoluer, à grandir. Je veux voir jusqu’où je suis capable d’aller. Je veux avoir du plaisir, que ma vie soit remplie d’expériences qui me sortent de ma zone de confort et qui m’animent. Je ne me suis jamais trompée en prenant des risques.

Cherches-tu à tout prix les feux de la rampe?

Non, au contraire. Je l’aime, mon équilibre. Je l’ai cherché tellement longtemps. Je me sens à la bonne place. Je suis là pour ma fille, pour ma famille, mais pour ma carrière aussi. Je me sens accomplie dans les deux. Je ne sens pas qu’il y a une partie de moi qui souffre du succès de l’autre. Il y a une cohésion, et je veux que ça reste comme ça.

Marie-Mai : «Je suis à l'opposé de ce que les gens imaginent»
Photo : Andréanne Gauthier, Styliste : Patrick Vimbor, Coiffeur et maquilleur : Nicolas Blanchett, Assistante de la photo : Vanessa Brossard, Postproduction : Valérie Laliberté, Robe : Gabriela Hearst chez SSENSE

Qu’est-ce qui dicte tes choix professionnels, le cœur ou la tête?

Pour toutes mes décisions artistiques, le cœur. Par exemple, j’aime faire des duos avec des artistes moins connus [NDLR : comme le rappeur canado-haïtien Imposs, en 2020], parce que j’ai un coup de cœur pour un être humain, un créateur. Ça me nourrit. La télé, c’est plus une job – que j’adore, ceci dit, et que je fais avec une équipe qui est comme une famille pour moi. Mais en fait, l’important, quand on prend une décision, c’est qu’on sache pourquoi on la prend. Il n’y a rien de mal à dire « ça, je le fais parce que
c’est payant ».


MARIE-MAI EN 10 MOMENTS FORTS

2003 : À 18 ans, la jeune Marie-Mai Bouchard, originaire de Varennes en Montérégie, se rend jusqu’aux
demi-finales de la première édition de Star Académie.

2004 : Marie-Mai lance son premier album, Inoxydable, et part en tournée solo pour la première fois.

2007 et 2008 : Le public découvre Mentir et Qui prendra ma place, extraits du deuxième album, Dangereuse attraction. La chanteuse reçoit son premier Félix : album rock de l’année. Elle clôt sa tournée en se produisant au Centre Bell pour la première fois.

2010 : Sa prestation lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Vancouver est l’un des moments exaltants de sa carrière : « J’ai chanté Emmène-moi en direct même si on m’avait conseillé d’utiliser un enregistrement », se souvient-elle.

2011 : Elle chante Vivre pour le meilleur sur scène, à Paris, avec Johnny Hallyday. « Ça, c’était vraiment,
vraiment beau ! » se rappelle-t-elle.

2012 : L’album Miroir, son quatrième, est disque d’or deux mois après son lancement. La chanson Sans cri ni haine vaut à Marie-Mai le Félix de la chanson populaire de l’année. L’artiste se produira au Centre Bell cinq fois et fera ses débuts comme coach à La Voix.

2014 : Un cinquième album, M, une nouvelle tournée et une grande première: le film Marie-Mai live au Centre Bell est projeté dans une cinquantaine de salles du Québec.

2018 : Le sixième album de Marie-Mai, Elle et moi, est lancé en novembre. Les extraits Empire et Je décolle tournent à la radio.

2021 : Première expérience comme animatrice de l’émission Big Brother Célébrités, sur Noovo.

2024 et 2025 : Après avoir lancé l’album Sept, Marie-Mai anime la cinquième saison de Big Brother Célébrités.

Dans ton album Sept, lancé en 2024, on dirait que l’autrice en toi est davantage mise de l’avant. Je me trompe?

Sur mes albums précédents, il y avait une ou deux chansons personnelles, et le reste, c’était de la pop. J’inventais des histoires. Pour Sept, mon travail d’introspection a fait en sorte que je me vois différemment, en tant qu’artiste. J’apprends à connaître mes parts d’ombre, de lumière, mes doutes, et je vois ça comme quelque chose de beau, que j’ai envie de partager. J’ai mis dans l’écriture le bagage émotionnel qui restait de certains moments de ma vie, pour que ça ne m’habite plus. Autant pour Combien de temps, qui parle du deuil périnatal que j’ai vécu, que pour Noir sur noir, qui est une relecture de mon journal intime d’adolescente, de mon insécurité, de ma jalousie.

Quelles leçons de vie tiens-tu à transmettre à ta fille, Gisèle, qui a eu 8 ans cet hiver?

Je veux qu’elle comprenne que ce n’est pas grave de ne pas être bonne du premier coup. Je lui répète constamment que j’ai beaucoup travaillé, répété, que c’est comme ça qu’on s’améliore. Je lui montre aussi des exemples de fois où je suis tombée, où j’ai oublié des paroles, pour qu’elle voie que c’est correct, que même maman se trompe. Je veux qu’elle ait envie d’élever sa propre barre, en ayant une bonne éthique de travail, en y mettant du cœur. Je tiens aussi à la laisser être un enfant, se découvrir. J’essaie seulement de la guider, d’être une petite lumière quand elle a des doutes. Elle est très sage, elle a énormément d’empathie. Ses professeurs disent qu’elle est un soleil dans la classe. C’est une vieille âme.

Comment te visualises-tu dans 10 ans?

Je veux que ça reste pareil. D’un côté, je veux une petite vie tranquille. J’aime ma vie lente, me lever le. matin, me faire une tisane, prendre un livre… mais le tourbillon, je l’aime aussi ! J’ai envie de valser entre les deux. Et de montrer à ma fille qu’on peut faire les deux.


EN RAFALE

Ton designer québécois préféré?

Denis Gagnon m’éblouit toujours. Il a fait tellement de costumes emblématiques dans ma carrière. Je retourne le voir pour avoir une esthétique en particulier, et il se surpasse chaque fois.

Ta meilleure façon de te ressourcer?

M’allumer une petite chandelle, mettre de la musique, m’asseoir, écrire ou lire. Vraiment, c’est tout simple.

L’endroit où tu te sens le mieux pour relaxer?

Chez moi, à Saint-Sauveur. Dans la nature.

Un produit de soin de la peau indispensable?

Le baume Cicaplast B5 de La Roche-Posay. Ça donne vraiment une belle hydratation, un beau coup d’éclat, tout en enlevant les rougeurs. J’aime aussi beaucoup les produits de soins coréens.

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Catherine Pelchat est journaliste indépendante. Elle est passionnée par les enjeux de société, et tout particulièrement par ceux qui touchent les femmes. Son travail de journaliste est nourri par une multitude d’expériences: diplômée d’histoire américaine, elle a aussi été, dans une vie parallèle, recherchiste pour des documentaires et des émissions de télévision. Elle aurait besoin d’au moins trois vies pour faire le tour de tout ce qu’elle veut apprendre.

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