Paris: les bonnes adresses de Monique Giroux
Paris: le top 10 de Monique Giroux
Paris: le top 10 de Monique Giroux
Si je devais faire le compte de mes visites gastronomiques, Le China remporterait la palme. Ce n’est plus une bonne habitude, c’est une manie. J’y emmène tous mes amis. Le rouge, le noir, le sol en damier, les canapés Chesterfield s’unissent dans une scénographie sexy. On se croirait dans le film In the mood for love. Les plats sont toujours bons, ce qui ne gâche rien. Il m’arrive, à Montréal, de rêver aux nems croustillants de canard aux cinq parfums de la rue de Charenton. Les cocktails de ce chic restaurant-bar sont aussi très originaux. Je préfère de loin m’installer au rez-de-chaussée qu’à l’étage. €€€
Le China : 50, rue de Charenton, 12e arr.
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Cuir, bois, miroirs, carrelage noir et blanc et serveurs en tabliers blancs, un vrai bistrot parisien, charmant, où se côtoient touristes et Ludovisiens (les habitants de l’île Saint-Louis). Canard, salade de chèvre chaud, soupe à l’oignon, classique, quoi ! J’y retourne régulièrement pour l’atmosphère au charme suranné. €€
Le Saint-Régis : 6, rue Jean du Bellay, 4e arr.
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Dans le très branché quartier des Enfants-Rouges, le Café Charlot, installé dans une ancienne boulangerie, fait revivre le bistrot parisien. Le décor est parfait et les plats, plus que corrects. Bon, il y a un peu de monde, de plus en plus de touristes, mais plus on est de fous… J’adore les brunchs du dimanche et les lunchs en semaine, tout particulièrement les omelettes. €€
Café Charlot : 38, rue de Bretagne, 3e arr.
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LA MAISON DE GAINSBOURG
Une de mes premières visites parisiennes a été celle de la maison de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil. En fait il ne s’agissait pas de la maison, qui n’est pas ouverte au public, mais d’un arrêt devant son mur d’enceinte, qui est une œuvre graffitée en constante évolution.
Gainsbourg a habité dans cet hôtel particulier de 1969 jusqu’à sa mort, en 1991. Il s’y était installé à la recommandation de Juliette Gréco, qui vivait elle-même au 33, rue de Verneuil. C’est là que Gainsbourg lui aurait offert sa si célèbre et si belle chanson La Javanaise – on a reproduit la scène dans le film Gainsbourg, vie héroïque.
Charlotte, qui est maintenant la propriétaire des lieux, a songé longtemps à ouvrir la maison au public, mais ça ne s’est pas fait. On dit que l’intérieur est intact, que rien n’a bougé depuis 1991, ni les murs noirs ni les mégots de Gitanes dans les cendriers.
Certains riverains de cette rue très chic, dans ce quartier très huppé, grognent de voir déferler tous les jours des fans venus des quatre coins du monde, bombe de peinture à la main. Il est vrai que la façade détonne, mais quelle merveille, justement, que cette détonation d’amour et d’affection d’un public toujours renouvelé pour un artiste inoubliable.
5, rue de Verneuil, 7e arr.
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Paris: le top 10 de Monique Giroux
C’est sans aucun doute pour moi l’endroit le plus étrange et détonnant de Paris. En marchant quai de Jemmapes, le long du canal Saint-Martin, vous aurez déjà la tête ailleurs, mais là, au bout d’une allée que vous ne remarquerez que si vous la cherchez bien, vous serez carrément sur une autre planète.
Pas d’enseigne, rien pour attirer l’attention. Je parierais même que vous vous direz : « Non, ça ne peut pas être ici », en arrivant dans cette ancienne étable de 600 m2 aménagée en espace alternatif, aux allures coloniales et mystiques. Canapés dépareillés, animaux empaillés, ossements de dinosaures, portraits de dictateurs africains, plantes qui poussent à même le plancher… C’est un caravansérail, le lieu de toutes les rencontres, de toutes les cultures, de tous les possibles. Bar militant, bibliothèque, friperie africaine, coiffeur bizarroïde, bon resto pas cher, objets perdus et rares, puces, le tout présenté en tableaux : les objets précieux, la malle à jouets, l’échoppe alimentaire, les indispensables du voyageur, l’officine végétale.
Je fais parfois découvrir ce lieu à des amis parisiens qui ne le connaissent pas, c’est vous dire si le secret est bien gardé !
Le Comptoir général : 80, quai de Jemmapes, 10e arr.
Tous les jours de 11 heures à 14 heures ; les boutiques ferment à 19 heures.
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Le cimetière du Nord, que personne n’appelle comme ça, est un lieu très étonnant, situé non loin de Pigalle et, comme son nom l’indique, de la butte Montmartre, quartiers de hautes et chaudes activités. On trouve sur ses 11 hectares verdoyants quelque 20 000 concessions. Troisième nécropole de Paris, ex aequo avec le cimetière des Batignolles (beaucoup plus excentré), il abrite la tombe de nombreuses personnalités du monde des arts. Celle de Sacha Guitry, grand Parisien, nous accueille sobrement à l’entrée, celle de Dalida, avec son effigie solaire, est perpétuellement fleurie, et celle de Nijinski nous émeut, avec la statue songeuse du grand danseur dans son costume de Petrouchka. Quelques voisins :
Michel Berger
Georges Feydeau
Hector Berlioz
Louis Jouvet
Fred Chichin (des Rita Mitsouko)
Joseph Kosma
Eddy Marnay (parolier de plus de 4000 chansons)
Henri-Georges Clouzot
Alphonsine Plessis, dite Marie Duplessis (qui a inspiré Dumas Fils sa Dame aux camélias)
Jacques Offenbach
Adolphe Sax (l’inventeur du saxophone)
Daniel Darc (du groupe Taxi Girl)
Stendhal
François Truffaut
Edgar Degas
Louise Weber, dite La Goulue
Alexandre Dumas Fils
Cimetière Montmartre : 20, avenue Rachel, 18e arr.
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J’ai découvert le canal Saint-Martin sur le tard. Ce quartier créatif, plein de jeunesse et presque bucolique est vite devenu un de mes coins préférés. C’est un village au bord de l’eau. Le canal traverse les 10e et 11e arrondissements sur 4,5 km, du port de l’Arsenal au bassin de la Villette. Bordé d’arbres magnifiques, il est grouillant de vie, celle des Parisiens qui boivent l’apéro ou cassent la croûte, les pieds pendants au bord des quais de Jemmapes ou de Valmy.
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Paris: le top 10 de Monique Giroux
Le Gravity Bar est tout petit et très beau, avec son bar et son mobilier en béton et ses boiseries élégantes. Bien qu’il s’agisse d’un bar à cocktails, on peut (et on devrait) aussi y manger. Le chef québécois Frédérick Boucher ne devait passer que quelques jours à Paris, le temps d’aider des amis à démarrer un projet. Il n’en est jamais revenu. Un peu de poutine ou de pouding chômeur ? Pourquoi pas, mais il ne faudrait pas ignorer les gnocchis aux herbes et aux palourdes ou les gougères à la crème de Comté. La carte du bar est riche et recherchée. Je me suis laissée tenter par un I’m not a Fuc*ing Cactus, un cocktail au mezcal avec un trait de sirop d’érable. C’était… audacieux : je ne me suis pas rendue au fond. Pincé sur le rebord du verre m’attendait un petit message : « Criss de fatiguant ». Je me suis sentie comme à la maison. J’aurais dû toutefois opter pour un Sureau pour atout, un Danois Imberbe ou un Tropicon, mais qu’importe : je retournerai au Gravity Bar.
Gravity Bar : 44, rue des Vinaigriers, 10e arr.
Fermé le lundi et le dimanche
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Dans un grand loft stylisé et meublé par Catherine Deneuve et Christian Sapet, décorateur de cinéma, Le Salon du Panthéon est un secret bien gardé. Pas d’enseigne extérieure : on y accède en passant par le Cinéma du Panthéon. Et nous voici dans un lieu de rencontre chic pour les amateurs de cinéma et les « professionnels de la profession », comme disait Jean-Luc Godard. Dans ce décor vintage très réussi, on boit un café avec de bons gâteaux maison, on fait un repas sain, ou on prend un verre. Jolie terrasse. Il vaut mieux réserver aux heures des repas. €€€
Le Salon du Panthéon : 13, rue Victor-Cousin, 5e arr.
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Si vous voulez vivre une expérience olfactive étonnante, courez chez État Libre d’Orange, dans le Marais. Innovation, sensualité et culot sont les maîtres-mots chez ce parfumeur libre de tout. Les noms des parfums créés par Étienne de Swardt, originaire de l’ancienne république boer d’Afrique du Sud qui a donné son nom à son établissement, en disent long sur son audace : Encens et bubblegum, Jasmin et cigarette, La fin du monde, Fat electrician, Malaise of the 70s, Putain des palaces, Rien, Nombril immense, Sécrétions magnifiques, Vierges et toreros, Vraie blonde… Vous n’en croirez pas vos narines.
État libre d’orange : 69, rue des Archives, 3e arr.
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