Voyages et escapades

Les îles du Saint-Laurent, des merveilles à explorer

Le fleuve Saint-Laurent est parsemé de centaines d’îles, toutes nimbées d’une lumière unique et d’un certain mystère. En voici quelques-unes qui valent la traversée.

Entre Québec et Rimouski, les îles du Saint-Laurent sont bien visibles du continent. Si certaines sont habitées, la plupart appartiennent aux oiseaux, aux phoques et aux castors. Et toutes dégagent une inaltérable sérénité, parfois pimentée de légendes et d’histoires de naufrages, de chasseurs de baleine ou de contrebandiers.

Île Verte

ile verte

Photo: Mathieu Dupuis

Ancrée devant la municipalité de l’Isle-Verte, dans la région du Bas-Saint-Laurent, l’île Verte ne compte qu’une trentaine de résidants permanents. On y accède par traversier ou bateau-taxi pendant les mois estivaux et, le reste de l’année, par hélicoptère ou en empruntant le pont de glace au cœur de l’hiver. Côté sud, l’île s’étend tout en douceur en vastes prairies naturelles, où sont disséminés maisons de bois colorées et bâtiments anciens. Côté nord, elle se découpe en falaises, crans rocheux et plages.

Quoi y faire?

La route de 13 kilomètres qui relie l’extrême est (le Bout d’en Bas) à l’extrême ouest (le Bout d’en Haut) de l’île se fait aisément à vélo. Sur la rive nord, on peut arpenter la grève à marée basse et s’asseoir sur les rochers pour admirer les petits rorquals et les couchers de soleil sur le fleuve. C’est là que s’élève le plus ancien phare du Saint-Laurent, datant de 1806. Il abrite aujourd’hui un musée qui relate son histoire et celle de ses gardiens. On y monte pour contempler les montagnes de Charlevoix et l’embouchure du Saguenay. Il est même possible de passer la nuit dans la maison du gardien.

Rendez-vous à la sympathique terrasse du café d’Alphé pour planifier la suite du séjour à l’île Verte. On optera d’abord pour une visite gourmande chez Colette Caron, qui tient la dernière boucanerie de l’île où elle fume saumon, maquereau, esturgeon et truite.

Ensuite, arrêt instructif à l’école Michaud. Cette ancienne école de rang n’a rien perdu de sa vocation éducative avec tout ce qu’on y apprend: pêche à la fascine, fumoirs, utilisation de la mousse de mer, subtilités de navigation… La découverte se poursuit au bien nommé Musée du squelette, où le biologiste Pierre-Henry Fontaine présente une collection de plus de 300 squelettes, parties de squelette ou crânes amassés au cours de ses voyages à travers le monde. Un trésor unique au Québec.

Autre joyau à découvrir, naturel celui-là: en été, les grandes marées ont pour effet de libérer de son eau, « au baissant », le chenal du côté est de l’île, de sorte qu’on peut franchir à pied les quatre kilomètres qui la séparent de la terre ferme. Les anciens insulaires profitaient de cette période pour faire traverser le bétail et les marchandises encombrantes… Aujourd’hui, les vacanciers sont conviés sur le « sentier de la bouette » une fois par année.

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Archipel des îles du Bic

Bic

Photo: Mathieu Dupuis

L’archipel des îles du Bic se situe directement en face du coquet village du même nom, dans le Bas-Saint-Laurent. Il s’agit d’un parc côtier marin sculpté par les glaciers d’une superficie de 33 kilomètres carrés. Autour de ce chapelet d’îles, de récifs et de caps se dessine une époustouflante enfilade d’anses et de baies. Autrefois lieu de villégiature prisé des gens fortunés, l’archipel est devenu le parc national du Bic en 1984. On y recense quelques centaines d’espèces d’oiseaux, dont de nombreux oiseaux de proie, des colonies de phoques communs et de phoques gris, des porcs-épics…

Quoi y faire?

On doit impérativement grimper jusqu’au pic Champlain, la plus haute montagne de la région, à 346 mètres d’altitude. Le panorama qu’y offrent le fleuve – large de quelque 35 kilomètres à cette hauteur – et les îles qui s’étirent à l’infini est absolument saisissant. Pour se délier les mollets, les randonneurs ont accès à 26 kilomètres de sentiers et les cyclistes, à 15 kilomètres de pistes qui traversent tour à tour les berges, les forêts et les sommets. Dans les baies, les visiteurs peuvent paresser tout en observant les colonies de phoques qui se prélassent au soleil sur les rochers. Si le cœur leur en dit, ils peuvent plutôt faire un détour au salon de thé, d’où ils ne perdront rien de la vue sur l’horizon. Après cette pause bien méritée, ils auront l’énergie de s’élancer sur les flots en kayak de mer, à travers les îles, en compagnie d’un guide.

Les activités du parc sont diversifiées: randonnées nocturnes, soirées de contes et légendes, miniconcerts, découverte de la faune ou des étoiles en compagnie d’un garde-parc naturaliste… À tel point qu’on a envie de s’y attarder quelques jours – camping, yourtes, tentes Huttopia, chalets, le choix d’hébergement est vaste.

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Archipel de l’Isle-aux-Grues

Archipel ile aux grues

Photo: S. Allard

Longue de 10 kilomètres, l’île aux Grues est la plus élancée des 21 îles qui forment l’archipel du même nom, à environ 70 kilomètres à l’est de Québec. En été, elle est reliée à la ville de Montmagny par un traversier dont l’horaire varie en fonction des marées. Toute l’année, un service aérien assure le transport des marchandises et des quelque 130 insulaires permanents… y compris les écoliers, qui vont à Montmagny et en reviennent matin et soir!

Couchers de soleil envoûtants, ciel étoilé se déroulant à l’infini, bucoliques champs de fleurs, musique entêtante des oies des neiges dans les battures… Comment ne pas tomber amoureux fou de cet écrin somptueux ?

C’est sans doute la raison pour laquelle le peintre Jean-Paul Riopelle y a passé les dernières années de sa vie, après avoir réalisé des créations magistrales chez sa voisine, l’île aux Oies. Un territoire sauvage, rattaché à l’île aux Grues uniquement par des battures d’une longueur de plus de sept kilomètres, couvertes par les grandes marées d’automne et du printemps.

Quoi y faire?

Des promenades à pied ou en vélo permettent de découvrir ces lieux charmants sans se presser. La Pointe-aux-Pins, à l’extrémité ouest de l’île, abrite la réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle : une riche zone écologique protégée de 48 hectares où poussent tilleuls, érables, hêtres, ostryers, frênes, chênes, noyers… Une véritable forêt magique jalonnée de belvédères et de points de vue exceptionnels. L’île aux Grues ravit les ornithologues, qui peuvent y observer plus de 200 espèces d’oiseaux, dont le bruant, la grive et le hibou des marais.

Yourte, tipi, gîte, auberge… L’estivant qui veut faire durer son séjour a le choix.

On doit absolument goûter aux délicieux fromages – maintes fois primés – fabriqués sur place. Un petit crochet s’impose également du côté du Musée de l’île, question d’en apprendre un peu plus sur le manoir seigneurial MacPherson-Le Moine et sur la vie des habitants au temps où, en hiver, les déplacements vers le continent ne se faisaient qu’en canot à glace. Le musée présente aussi des jouets anciens, des maquettes de bateaux, une rétrospective Riopelle ainsi que des œuvres d’artistes locaux et régionaux.

Il faut noter que l’île aux Grues est l’un des derniers endroits au Québec où la tradition de la mi-carême est encore bien vivante. La deuxième semaine de mars, les participants enfilent costumes, masques et chapeaux, qu’ils ont confectionnés dans le plus grand secret: sorcières, sirènes, chevaliers, personnages inspirés de mondes fantastiques, médiévaux ou contemporains. De maison en maison, au son de la musique, tous défilent et défient les spectateurs de deviner qui se cache sous chacun de ces déguisements sophistiqués. On peut en admirer un échantillon au musée et centre d’interprétation de l’Auberge des dunes, à Saint-Antoine-de-l’Isle-aux-Grues.

À Berthier-sur-Mer, pas très loin de Montmagny, les Croisières Lachance proposent une excursion commentée dans l’archipel, avec escale à l’île aux Grues. Elles offrent aussi la visite d’une voisine, la Grosse Île, un lieu historique incontournable. C’est en effet dans cette « île de la quarantaine » qu’ont transité quelque quatre millions d’immigrants de 1832 à 1937, dont une importante vague d’Irlandais – d’où la magnifique croix celtique érigée sur la pointe rocheuse à l’extrême ouest.

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Isle-aux-Coudres

île aux coudres

Photo: Tourisme Île aux Coudres

Située en bordure de la côte de Charlevoix et accessible à l’année en 15 minutes grâce à une navette fluviale, cette île s’étend sur 11 kilomètres. Elle a été baptisée par Jacques Cartier, qui y avait remarqué une abondance de coudriers (nom commun du noisetier). La vocation du territoire, jadis habité par des constructeurs de goélettes et des pêcheurs de marsouins – c’est ainsi qu’on appelait autrefois les bélugas –, est aujourd’hui essentiellement agrotouristique. Environ 1 250 insulaires occupent ces terres jalonnées de magnifiques forêts, tourbières, champs et grèves.

Quoi y faire?

C’est l’endroit parfait pour enfourcher sa bicyclette et se dégourdir les jambes tout en respirant l’air du large! Le tour de l’île fait 23,3 kilomètres.

Ceux qui choisissent de faire une halte aux Moulins de l’île ne sont jamais déçus. Il s’agit du seul lieu en Amérique où l’on trouve côte à côte un moulin à eau et un moulin à vent. On a parfois la chance de voir le meunier à l’œuvre. Dans le même souci de faire revivre les traditions, le musée de l’hôtel-motel Les voitures d’eau livre les secrets de la goélette de bois et du canot à glace.

Visiter l’isle-aux-Coudres, c’est aussi se laisser tenter par les produits fins de la pomme, de la poire, de la prune et de la cerise des vergers de la famille Pedneault. Autre must: le fameux pâté croche de la Boulangerie Bouchard, créé pour tenir dans la main et ainsi résister aux traversées agitées en bateau.

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Île aux Basques

Photo: Yvan Bédard Photo Nature

De grandes pages d’histoire se sont écrites sur ce minuscule bout de terre (deux kilomètres de long, 400 mètres de large) situé au cœur de l’estuaire du Saint-Laurent, dans le Bas-Saint-Laurent. Les Amérindiens l’ont occupé pendant plus de 1 000 ans, puis les pêcheurs basques, de 1584 à 1637. Ces derniers capturaient les baleines à l’embouchure du Saguenay et les remorquaient jusqu’à l’île, où ils les dépeçaient. En 1929, la Société Provancher d’histoire naturelle du Canada l’acquérait d’une lignée d’aristocrates français. Depuis, l’organisme assure la conservation de ce territoire unique.

Quoi y faire?

En quelques minutes, le Léon-Provancher, le bateau-taxi du capitaine Jean-Pierre Rioux, emmène les visiteurs sur cette île accidentée, presque entièrement boisée et bordée de grèves où alternent sable et galets.

Sur les deux kilomètres de sentier pédestre, la flore est si abondante et si riche – la rencontre, dans l’estuaire, de l’eau douce et de l’eau salée fait des merveilles – que la randonnée guidée dure trois heures bien tassées! Ce sera aussi l’occasion d’observer d’innombrables espèces d’oiseaux et de découvrir trois fours restaurés dans lesquels les Basques faisaient fondre la graisse de baleine, seuls vestiges du genre au Québec.

Pour prolonger l’expérience de décompression totale, on peut trouver refuge dans l’un des trois chalets rustiques construits sur le côté sud de l’île.

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Archipel du Pot à l’Eau-de-Vie, île aux Lièvres, îles Pèlerins

Photo: Mathieu Dupuis

Les îles au large de Rivière-du-Loup, dans le Bas-Saint-Laurent, n’ont pour ainsi dire jamais été habitées par l’homme. Ces lieux prisés des phoques et des oiseaux sont d’ailleurs protégés et d’accès très limité. On n’en apprécie que davantage le privilège de les voir de près.

Quoi y faire?
À 20 minutes de bateau du quai de Rivière-du-Loup, l’archipel du Pot à l’Eau-de-Vie comporte trois îles: Le Petit Pot, Le Gros Pot et Le Pot du Phare. Seule cette dernière est accessible à certains temps de l’année, en fonction des périodes de nidification. Dominant les lieux, son phare rouge et blanc est sans doute l’un des plus beaux du Saint-Laurent. Il convie les vacanciers à vivre une expérience hors du commun. Au programme: chambre décorée à la mode du siècle dernier, repas à saveurs régionales, mais, surtout, séjour dans un environnement sauvage où règnent les humeurs du vent, des vagues, et le piaillement des oiseaux marins.

Derrière cet archipel s’étire, sur 13 kilomètres, l’île aux Lièvres. Recouvert de forêts, bordé de plages sablonneuses et de longues battures, ce territoire est un refuge de prédilection pour la faune ailée – 145 espèces y ont été répertoriées. C’est aussi un royaume pour les randonneurs, avec son réseau de 45 kilomètres de sentiers. On s’équipe de jumelles pour mieux apprécier la présence des pingouins, des guillemots, des eiders à duvet ainsi que des phoques, qu’on peut observer sur la pointe est, à marée basse. Après une journée à respirer l’air du large, il ne nous reste, le soir venu, qu’à déguster la savoureuse cuisine de l’Auberge du Lièvre avant d’aller dormir du sommeil du juste dans l’une des confortables chambres de l’établissement. Certains préféreront l’intimité des cinq chalets ou, pour un contact plus étroit avec la nature, le camping sauvage.

L’archipel des Pèlerins, quant à lui, est composé de cinq îles inhabitées et dénudées. Ici, impossible de mettre pied, car les phoques et les oiseaux sont les maîtres absolus des lieux. Des croisières sont cependant organisées afin de nous permettre de les approcher pour en admirer la beauté. On peut aussi naviguer en direction des îles du Pot à l’Eau-de-Vie, avec ou sans débarquement.

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Île Saint-Barnabé

Photo: Tourisme Rimouski

Cette île doit probablement son nom à Samuel de Champlain, qui s’y arrêta lors d’un voyage exploratoire le jour de la fête de Saint-Barnabé, le 11 juin. Déposée à trois kilomètres au large de Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent, la mince bande de terre de six kilomètres reste enveloppée d’une aura de mystère. Notamment parce que plusieurs bateaux ont fait naufrage tout près d’elle aux 18e et 19e siècles.

Quoi y faire?

Douze kilomètres de sentiers balisés attendent les marcheurs, qui pourront admirer les fleurs sauvages et une faune variée : castor, phoque, eider à duvet et grand héron, emblème de l’île. Dans la partie ouest, on peut même repérer des orignaux – une tour d’observation a été érigée –, ce qui est rare dans les îles du Saint-Laurent. Des panneaux d’interprétation résument les faits historiques qui ont marqué le territoire: le passage des Amérindiens et des colons français, le départ du dernier gardien de phare, en 2000, les nombreux naufrages, la contrebande d’alcool, la légende de l’ermite Toussaint Cartier, qui aurait été le seul habitant de l’île de 1728 à 1767, ainsi que celle des Lepage, unique famille ayant vécu d’agriculture et de pêche sur les lieux pendant trois générations.

De la marina de Rimouski, un traversier se rend sur l’île tous les jours (toutes les 30 minutes) pendant la saison estivale. Douze emplacements de camping sauvage sont disponibles (sans eau potable), à 30 minutes à pied du quai de débarquement. Sainte paix garantie! 

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