Autour de moi, ça pédale, ça fourmille, ça galope… Des pauses? Je ne vois pas beaucoup de mes collègues s’arrêter. Sans doute parce que, comme moi, elles se disent qu’elles n’ont pas le temps*. Que la vie dans un média, c’est comme ça. À l’occasion, on doit se répéter entre nous : « On ne travaille pas aux urgences, là! On ne sauve pas des vies… » On met sans doute parfois un peu trop de cœur à l’ouvrage…
Je ne m’en plains pas. J’aime le beat, l’effervescence, l’urgence. Et puis, je ne «travaille pas au pic et à la pelle». Mes muscles ne sont guère sollicités… Il n’y a que mes neurones qui se font aller. Alors, le besoin de faire le vide cinq minutes en milieu d’après-midi? Oui, ça m'arrive. Sans plus.
Je travaille fort, d’accord. Mais rien de comparable avec le job hyper stressant des urgentologues, des infirmières, des ambulancières, des policières, des pilotes d’avion, des travailleuses des mines, des commis au service à la clientèle...
C’est ce que je pensais avant de voir le webdocumentaire du quotidien parisien Le Monde en accès libre depuis aujourd’hui. On y suit des travailleurs français à l’heure de pause.
C’est fascinant. Il y a Laura, agente d’accueil dans un train, qui souffle un peu après avoir accédé aux demandes des voyageurs. Il y a ces tatoueurs qui, dans la rue, prennent une cigarette et échangent entre eux. Il y a Julien, médecin en oncologie digestive, qui se recharge en s’amusant avec un jeu zen. « Pendant ses micro-interruptions, le chirurgien ratisse, empile des cailloux dans son jardin japonais de la taille d'une boîte à chaussures. Je crée des chemins, des routes. Cela mène la réflexion là où elle doit aller», peut-on lire dans un article du Monde. Tout ça donne à réfléchir…
A l'heure de la pause, de quoi vous reposez-vous ? par lemonde_alheuredelapause
« La concentration mentale est comme un muscle », déclarait, il y a quelques mois, John P. Trougakos au New York Times. Elle entraîne une réelle fatigue (à ne pas négliger). Ce professeur en comportement organisationnel de l’Université de Toronto à Scarborough conseille d’ailleurs de s’arrêter avant d’arriver à la limite de ses capacités : marcher, lire un livre ailleurs qu’à son poste de travail ou jaser avec ses collègues. Les pauses comme les siestes augmentent le rendement des employés – de nombreuses études le confirment.
Alors, pourquoi hésite-t-on à prendre cinq petites minutes pour soi? (Sans consulter Facebook et ses textos, on s’entend.)
* Faut-il le préciser, au Québec, aucune loi n’oblige les employeurs à accorder une pause-café à leurs employés.
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