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Chroniques

La beauté de vieillir

Le culte de la jeunesse éternelle dérape, écrit notre chroniqueuse Marilyse Hamelin, qui effectue un grand retour dans l'équipe de Châtelaine. Un regard rafraîchissant – et déculpabilisant ! – sur la vraie définition de la beauté.
La beauté de vieillir

Marilyse Hamelin / Photo : Justine Latour

Tandis que l’algorithme de TikTok me bombardait de vidéos de vedettes américaines transfigurées, je me suis dit que, décidément, les techniques de pointe avaient fait un bond en avant remarquable. Sur TikTok, les gens du commun s’affolaient : « Mais que se passe-t-il à Hollywood ? Qui est ce chirurgien mystère ? »

Vrai que Madonna, Shania Twain, Lindsay Lohan et compagnie ont l’air différentes depuis peu – je les trouve très jolies –, mais, à bien y regarder, je ne trouve pas qu’elles ont l’air jeunes.

Peu importe l’effort investi pour remonter le temps, ravoir 25 ans reste impossible.

Voilà qui est fâcheux dans une société qui voue un culte à la jeunesse.

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Mais cela ne décourage pas l’industrie d’offrir à fort prix une pléthore de produits et d’interventions « anti-âge » (quelle triste expression, quel absurde mensonge).

Oh ! je ne suis pas plus sage qu’une autre… Il y a trois ou quatre ans, j’ai eu recours aux agents de comblement dans l’espoir qu’ils embellissent mon visage – j’ai abandonné, mes traits étaient juste gonflés – et j’ai subi une chirurgie des paupières inférieures pour me débarrasser des poches sous les yeux que je traînais depuis l’enfance.

Je paie même encore pour du Botox, deux ou trois fois par année. Ça me coûte cher (2 000 $ au bas mot), mais ça me donne l’air reposé.

Malgré tout ce que je viens d’énoncer sur l’impossibilité de rajeunir, une partie de la femme de 44 ans en moi veut croire que d’effacer les lignes sur mon front et les ridules autour de mes yeux me permet de donner le change.

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C'est contradictoire, je sais

Ou pas, sachant que, partout, la beauté est presque toujours associée à la jeunesse…

Cela dit, je songe à arrêter les injections depuis que l’amie Marie Demers, une autrice féministe qui n’en est pas à une contradiction près elle non plus, m’a dit que trop de Botox près des sourcils pouvait causer un affaissement des paupières. Elle a ajouté qu’elle trouvait ça beau, elle, les pattes d’oie.

Changer de regard

Au lieu de recourir aux aiguilles pour calmer mon insécurité, je pourrais me répéter que c’est dans mon sourire que réside ma beauté – et puis, idéalement, dans ma joie et mon bonheur –, que tout ça compte dans le charme d’une personne.

Il est si aisé de perdre de vue que les femmes sont belles à tous les âges (avec ou sans intervention chirurgicale). D’ailleurs, parmi les Québécoises que je trouve splendides, il y a Janette Bertrand et Françoise David.

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Je sens que j’évolue, tranquillement. Je suis fière de voguer vers mes 45 printemps, d’être encore vivante, contrairement aux amies que j’ai perdues en chemin.

J’ai moins peur de vieillir qu’avant. J’ai même hâte d’avoir les cheveux poivre et sel. Quand je regarde ma repousse, je trouve que ça manque de gris.

En fait, mes appréhensions se sont déplacées. Par exemple, j’ai pris rendez-vous avec un kinésiologue, pour devenir forte et souple. J’investis temps et argent dans mon autonomie corporelle pour ma vieillesse à venir.

De plus, je continue de m’entourer de femmes qui m’inspirent et embellissent ma vie, comme Françoise David.

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Dans un recueil que j’ai dirigé en 2021, elle écrit : « La beauté sincère, la vraie, se tient loin des artifices, du superficiel, de l’orgueil. Elle demande d’ouvrir nos consciences et nos cœurs. »

Ainsi, pour mon amie, beauté rime avec intégrité. Ça tombe bien, il s’agit d’une valeur que je chéris par-dessus tout.

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Écrivaine, éditrice, chroniqueuse et animatrice, entre autres, Marilyse Hamelin a fait paraître en 2023 Une détresse contrôlée (Hamac) et, en 2024, Solitudes, une décennie de réflexions féministes (Somme toute). Elle écrit aussi l’infolettre Quelques mots sur…, qui traite du processus créatif et, plus largement, du milieu littéraire québécois.

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