1) Congé, on est en congé ! C’est merveilleux, c’est délicieux, c’est divin, ça donne envie de gambader dans la neige folle comme un enfant à qui on vient d’annoncer que l’école est fermée !
2) La Dinde. Elle me nargue. Trop grosse, sèche comme les chemises de l’archiduchesse, exigeant sa farce en tapant de l’aile comme une diva capricieuse. Il faut en plus qu’elle soit originale cette farce, pickles et Nutella, c’est très tendance paraît-il. On ne va pas céder aux caprices d’une dinde, non madame. Une seule solution, la fuite. Enwoye les runnings.
3) Les interminables déclinaisons de la dinde (le vol au vent, le bouillon, les sandwichs, le dépeçage de la maudite bête). Je veux dire. Y’a des limites à se faire niaiser par une volaille.
4) On a été recruté par la chorale du village pour chanter le « Minuit Chrétien ». En solo. Ça prend le vacarme d’une charrue pour enterrer nos pratiques.
5) La famille. Le fort vient de sortir et ils sont en train de critiquer notre remarquable, j’insiste, remarquable, performance au moment du « peuple à genoux ». On n’a pas été si mauvaise que ça quand même ? (oui, mais bon, préconisons l’éloge de la fuite ici).
6) On a offert un chronomètre (un vrai, de pro) et un sifflet aux enfants et on les as mis en charge de « coacher » nos séances d’intervalles en leur demandant d’être impitoyables. On s’émerveille alors de voir s’épanouir chez vos chérubins l’ivresse du pouvoir.
7) Notre belle famille joue aux cartes. Pendant des heures. Nous, les cartes, heu. Moyen. Anyway, on peut bien aller courir, personne ne va s’en rendre compte !
8) Tonton Marc a offert une batterie à notre treize ans. Le « bass drum », les cymbales, toute la patente. Elle, elle tripe sa vie. Nous, on voudrait surtout pas contrarier sa vocation artistique (il y a une partition de drum sur « Minuit Chrétien » ?), vu qu’on a passé treize ans à lui dire qu’elle pouvait tout faire, et que c’est magnifique une fille qui s’épanouit hors des clichés. Continue ta pratique ma chérie, je vais aller courir.
9) La remarque déplacée, bête, méchante, du cousin, de la tante, de notre mère. Celle qui nous laisse sans voix, sans réplique spirituelle, et le cœur dans l’eau. Celle-là. On va la courir. Et au retour, on sait quoi dire (tassez-vous, ça fesse), ou ne rien dire (finalement, on a tout laissé ça sur la route et c’est parfait).
10) Le rang est désert. Ça sent la neige, l’air pur et le crottin de cheval. Et y’a ce gentil chien qui vient faire un bout de chemin avec nous. C’est pas un chien, c’est un renard. Ou un coyote. À moins que ça ne soit un loup ? Vraiment, la course, ça oblige à revoir nos connaissances sur la faune locale.
11) Le buffet. Il regorge de merveilles, et ça tombe bien, on a une assiette vide et un appétit d’ogre. Aux autres, le sempiternel discours sur la culpabilité d’avoir trop mangé!
12) L’amour… On est au lit, bien au chaud, heureux et amoureux. Tout à coup, il y en a un des deux qui dit « il a neigé cette nuit, et si on allait courir » ? Et l’autre de répondre « quelle fantastique idée, allons y ».