Dimanche, le 22 septembre, 32,000 coureurs prendront le départ au marathon de Montréal.
32,000 corps, de toutes les formes, de tous les âges, de tous les sexes et de toutes les couleurs.
32,000 histoires de vie. Toutes différentes.
Et 32,000 fois un déclic.
Ce fameux déclic qu’on oublie avec le temps, emporté par la course qui est maintenant devenue un style de vie. On est rendu ailleurs, on n’y pense plus…
Mais à l’origine de la passion, il était là. Puissant ou discret, mais toujours révélateur. Sans ce déclic, pas de bouleversement vers une version améliorée de nos vies, plus riches, plus excitantes, et si pleines de vitalité.
Je suis toujours curieuse du « déclic » des autres. Raconte-moi, fille. Raconte-moi, mec. C’était quoi, ton moment charnière? Celui où ta vie a changée? Une peine d’amour, une rencontre, la naissance d’un enfant, une surcharge de stress, la mort d’un père, le désir de vivre?
Raconte…
Moi, c’était ma chaise de travail. Je me suis vue, assise. Immobile. Confortable. En danger de fossiliser sur place. Et je n’ai pas aimé ça.
Et puis, il y avait mon chum qui fumait, et que je houspillais pour qu’il cesse (en vain) de fumer, comme l’une de ces blondes contrôlantes qui gèrent la vie de leur homme au lieu de se prendre elles-mêmes en main. Vous savez, celles qui tapent sur les nerfs de tout le monde?
Cette fille-là non plus, je ne l’aimais pas.
Alors je me suis levée, j’ai fouillé dans mon placard où j’ai retrouvé une vieille paire de running (même pas de course) et je suis allée courir. Au premier coin de rue, je râlais ma vie. Persuadée que j’allais mourir sur le ciment du trottoir.
Pas de chance, ma fille. Tu es encore en vie, tu vas être « pognée » pour continuer.
J’y suis retournée tous les soirs, à 17H00 pile, l’heure du cocktail pour les autres, celle de mon « 5 à 7 » avec mes runnings pour moi.
Je me suis inscrite à une course de 5km. Le prix de mon inscription s’en allait directement à une fondation qui fait de la recherche contre le cancer. J’avais cessé de houspiller mon chum. Mais, fine mouche, je me suis dis que si je lui donnais l’exemple en faisant moi-même quelque chose de difficile et qui me demandait tant d’efforts, ça aurait peut-être une influence bénéfique…
Ça a pris un an avant qu’il arrête de fumer. Un an à me regarder mettre mes runnings, cinq fois par semaine, en plein blizzard comme en pleine canicule. Un an pour que ça fasse son chemin dans sa tête et dans sa vie.
Entre-temps, j’étais devenue une coureuse.
Et j’ai bien l’intention de courir jusqu’à ce que je rejoigne Ed Withlock dans la légende des p’tits vieux qui courent.
En attendant nos vieux jours, bon marathon à vous tous qui courrez dimanche, on se voit sur le pont!
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