Un besoin criant de silence me prend à la gorge. Où est le bouton du son ambiant, que je le baisse un peu? Ce n’est pas la thermopompe du voisin ou les marteaux-piqueurs des gars et des filles de la construction qui nous vrillent les oreilles. Ce sont ces mots de trop qui s’agitent en tous sens.
Comme des troupeaux de fidèles, nous communions tous ensemble dans les temples de Facebook et de Twitter. C’est là que nous partageons nos mots doux autant que nos coups de gueule. Le tintamarre des dernières semaines m’a étourdie – surtout avec la question de la laïcité de l’État. Ces hauts cris vont-ils s’arrêter enfin avec l’arrivée des beaux jours?
Le babillage incessant qui a cours sur les réseaux sociaux nous enferme dans des pensées rigides. Le ton des échanges dont je suis témoin oscille entre indignation et mépris. Tu ne penses pas comme moi? Alors, je te hais.
Mais pourquoi avons-nous tant besoin de donner notre opinion sur tout? À mesure que je vieillis, je reste souvent sans réponse. J’sais pas, tout bêtement. Je plaide l’ignorance.
Chercheur en sciences cognitives, Philip Fernbach me donne raison – hé, hé! Selon lui, nous avons tendance à surestimer nos connaissances et à adopter les mêmes croyances que nos proches.
Notre cerveau est en effet mal équipé pour faire la distinction entre les faits et la fiction. Il se méprend aussi sur ses propres capacités de compréhension. Il retient ce qui lui convient et rejette le reste. On appelle ça le biais de confirmation. (Ce qui, entre vous et moi, ne fait pas évoluer l’espèce.)
L’ignorance est notre état naturel. Chacun de nous ne participe qu’à une infime partie de toutes les connaissances du monde, mais, tous ensemble, collectivement, nous accomplissons de grandes choses: construire des ponts, composer de la musique, enseigner aux enfants, flotter dans l’espace ou prendre soin des aînés. Nous avons donc besoin de nos amis, de nos collègues, de nos concitoyens pour mieux saisir – et enrichir – la société dans laquelle nous vivons, d’après le professeur à l’Institut des sciences cognitives de l’Université du Colorado. « Nous devons être plus ouverts et un peu moins extrêmes dans nos positions sur des questions que nous ne comprenons pas très bien. Ce que nous avons constaté [dans], c’est que le fait d’apprendre davantage sur un sujet nous pousse à devenir plus modérés. Nous réalisons alors que le monde est plus complexe que nous le croyions au départ », explique le coauteur de The Knowledge Illusion: Why We Never Think Alone [L’illusion du savoir: pourquoi nous ne pensons jamais seuls].
Le malheur, c’est que nous nous murons trop souvent dans nos certitudes: j’ai raison, donc, nécessairement, tu as tort. À moins que tu penses comme moi, évidemment.
Et si nous nous taisions deux minutes? Pour écouter le vent. Pour faire toute la place au silence. J’ai d’ailleurs trouvé une belle définition à ce mot trop peu utilisé: le silence est l’origine et la finalité de toute parole.
Sur ce, je m’en vais m’asseoir sur mon balcon regarder pousser les fleurs... et lire quelques bouquins. Bon été!
D’excellentes nouvelles pour Châtelaine!
Depuis le 1er avril, Châtelaine a un nouveau propriétaire: St. Joseph Communications, une entreprise familiale qui possède des publications et des imprimeries à travers le pays depuis plus de 60 ans. Quelle bonne nouvelle! Pour notre magazine, mais aussi pour Chatelaine, notre sœur anglo, Maclean’s, Today’s Parent, Hello! Canada, Flare et Canadian Business, qui font partie de la même transaction. Toute l’équipe se joint à moi pour souhaiter la bienvenue à ce nouveau propriétaire. Ce que cela change pour nos lectrices? Pas grand-chose. Vous continuerez à trouver Châtelaine sur le web, en kiosque ou dans votre boîte aux lettres. Et les mêmes collaboratrices et collaborateurs dévoués y œuvreront. Toujours à la clé: des contenus pertinents, utiles et amusants!
Johanne Lauzon, rédactrice en chef
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