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C’est important d’explorer, soit. Mais on entend quoi par là ? Se costumer ? Faire une orgie ? Avoir du sexe en public ? Même si ces différentes options peuvent tout à fait s’inscrire dans vos fantasmes et les pratiques que vous aimeriez explorer, il s’agit plutôt ici d’ouvrir ses horizons. Rien de bien compliqué. Mais voici quelques suggestions pour se lancer :
Lorsqu’une personne en clinique me dit qu’elle veut explorer sa sexualité mais ne sait pas par où commencer, je lui suggère de faire une liste Oui/non/peut-être. C’est un outil qui émerge de l’univers du BDSM. Sur une feuille de papier ou au clavier, on écrit les pratiques, les contextes et les relations sexuelles qu’on veut ou que l’on croit vouloir explorer (oui), celles qu’on voudrait peut-être expérimenter ou qu’on croirait peut-être vouloir expérimenter (peut-être) et, finalement, celles dont on n’a pas du tout envie ou qu’on ne croit pas avoir envie d’essayer (non). Il y a plusieurs avantages à faire cet exercice.
Les jouets sexuels peuvent faire partie d’activités sexuelles complètes et satisfaisantes. Pour certaines personnes, ils sont amplement suffisants pour combler leur vie sexuelle, tandis que d’autres les utilisent parallèlement à leur vie sexuelle avec un, une ou des partenaires. Des gens les incluent dans chacune de leur activité sexuelle, avec partenaire(s) ou non, alors que d’autres les utilisent selon les circonstances. Bref, il n’y a pas de règles à suivre en cette matière.
La porno peut amener une quantité phénoménale d’idées et de propositions inspirantes pour explorer sa sexualité. On peut découvrir des contenus érotiques emballants, de nouvelles positions sexuelles qui nous allument, de nouveaux scénarios qui donnent envie. Les contenus X peuvent même « encourager […] à essayer de nouvelles positions et de nouvelles pratiques sexuelles, à réduire la gêne face à la sexualité et inspirer une communication plus directe à propos du plaisir sexuel avec un ou une partenaire », écrivait la chercheuse Emily F. Rohtman dans son ouvrage Pornography and Public Health publié par l’Oxford University Press.
Il existe de nombreuses raisons pour s’investir dans le BDSM et les pratiques coquines. Chaque personne a ses besoins, ses envies et ses désirs, mais aussi ses limites et les frontières qu’elle ne veut pas franchir. Je vois souvent les motivations suivantes en clinique.
On s’étonne parfois de ce besoin de vivre des sensations corporelles et émotives fortes dans le cadre de pratiques kinky (coquine). Pourtant, on encourage les gens qui vont s’entraîner à outrance à la salle de sport ou qui font des ultramarathons. Déjà entendu parler du runner’s high ou ivresse du coureur, de la coureuse ? C’est un état qui induit, par les endocannabinoïdes, des substances produites par le corps qui font le même effet que… le cannabis. Oui, oui. On parle aussi d’un état de flow ou d’être « dans la zone ». Le même genre de sensations peut se retrouver dans les pratiques BDSM.
L’absence de désir est souvent perçue comme une tare, une problématique à résoudre. Les personnes qui vivent cela ont l’impression d’être tout à coup dysfonctionnelles, comme si elles avaient contracté un virus qui les empêche de connaître le désir tant attendu. Elles espèrent trouver une solution rapide pour régler ce bogue. Mais c’est un peu comme installer une roue de secours sur son automobile pour continuer à rouler. Ça ne tient pas la route (dans tous les sens du terme) ! L’absence de désir est souvent présente depuis un bon moment et s’est installée dans la routine. Acheter de la lingerie, des jouets sexuels, improviser des week-ends amoureux ou polyamoureux : génial… un certain temps. Si l’on ne cherche pas à savoir d’où vient cette baisse ou perte de désir, le remède sera temporaire, peu efficace et il pourra causer des dommages (p. ex. à se forcer, on en viendra à associer la sexualité à quelque chose de non naturel et d’obligatoire ou encore à croire qu’il faut continuellement dépenser en nouveautés pour s’exciter).
Il existe des tas d’options pour (re)découvrir sa sexualité, qu’elle soit en solo, en duo, en trouple ou en groupe, pourquoi pas ! L’important, c’est d’y aller avec ce qui nous fait envie et de respecter ses limites. Le reste ? C’est juste du plaisir !
Ce texte présente des extraits du livre Sexe, sexo, sexu ! Idées nouvelles pour des sexualités libres et joyeuses de la sexologue Myriam Daguzan Bernier qui y décortique le désir et son absence, l’anxiété de performance, la diversité sur le plan de l’érotisme, les violences sexuelles et la communication bienveillante afin de mieux exprimer ses besoins et ses limites. L’experte y livre surtout une tonne de conseils et de pistes de réflexion afin que chacun et chacune puisse s’épanouir sexuellement.
Sexe, sexo, sexu ! Idées nouvelles pour des sexualités libres et joyeuses, Groupe Livre, 304 pages, 34,95 $
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