Santé

Les bienfaits d’un mois sans alcool

En début d’année, bien des gens décident de relever le Dry January, ou encore le Défi 28 jours sans alcool. Voici comment profiter pleinement de l’expérience.  

Après les somptueuses fêtes et les dîners en famille de décembre – et la consommation d’alcool qui est endémique lors de ces événements – de nombreuses personnes profitent de la nouvelle année pour remettre à zéro leur relation avec l’alcool. Ceux et celles qui décident d’entreprendre le Dry January et le Défi 28 jours sans alcool arrêtent volontairement de boire pendant un mois.

À l’instar de plusieurs autres résolutions du Nouvel An, cela représente un ré-engagement en faveur de la santé. Au Canada, de récentes recommandations stipulent que plus de deux verres standard par semaine peuvent entraîner des risques tels que le cancer, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, tandis que l’Organisation mondiale de la santé avertit qu’aucun niveau de consommation d’alcool n’est bon pour la santé.

S’abstenir de boire pendant un mois peut-il améliorer votre santé de manière significative ? Nous nous sommes entretenus avec des experts pour le savoir.

Quels sont les effets d’un mois sans alcool sur le corps humain?

La plupart des personnes ressentiront, pendant une courte période, des symptômes de sevrage dont la gravité dépend de la quantité d’alcool qu’ils consommaient jusque-là. Ceux-ci peuvent être légers (comme la fatigue et l’irritabilité) ou forts (fièvre, hallucinations, voire crises d’épilepsie). Les autres symptômes courants sont la nausée, l’anxiété, les douleurs musculaires et l’accélération du rythme cardiaque.

Heureusement, des effets positifs se manifestent vite. L’abstinence peut améliorer la santé mentale des personnes souffrant d’anxiété, de dépression ou d’un syndrome de stress post-traumatique, affirme Dominique Morisano, psychologue clinicienne et professeure adjointe à l’Université de Toronto et à l’Université d’Ottawa. Les fonctions cognitives et la concentration s’améliorent également. Certains se sentent même plus lucides, dit-elle.

Les habitudes de sommeil risquent aussi de changer. « Si vous buvez le soir et que vous vous levez souvent pour aller faire pipi, cela perturbe votre sommeil », explique Launette Rieb, professeure agrégée de clinique au département de médecine familiale de l’Université de Colombie-Britannique. « L’alcool vous endort, mais pendant la phase de sevrage, la nuit, il vous réveille ou vous fait rêver davantage », ce qui diminue la qualité du sommeil. La consommation d’alcool peut également provoquer l’apnée du sommeil et des ronflements, car l’alcool ralentit la respiration, provoque une congestion nasale et détend les muscles de la gorge (ce qui fait ronfler). « Même un mois sans boire peut vraiment réduire le risque d’apnée du sommeil, de ronflement et de sommeil agité », affirme Launette Rieb.

À quelle vitesse les avantages de l’abstinence se manifestent-ils?

Vous ne bénéficierez pas de tous les avantages de l’abstinence après seulement un mois. Par exemple, Launette Rieb dit que le foie ne retrouvera pas ses niveaux normaux d’enzymes avant environ trois mois, si vous aviez l’habitude de boire beaucoup. Mais s’abstenir pendant un mois seulement peut tout de même faire beaucoup de bien. Dans le cadre d’une étude publiée en 2018 dans le British Medical Journal, des buveurs réguliers qui se sont abstenus pendant un mois ont vu leur résistance à l’insuline et leur tension artérielle s’améliorer et leur risque de développer un cancer diminuer.

Vaut-il mieux arrêter d’un coup ou graduellement?

Les personnes qui boivent peu ou modérément (c’est-à-dire six verres ou moins par semaine) peuvent généralement couper l’alcool d’un coup, car leurs symptômes de sevrage seront de courte durée. Toutefois, Launette Rieb et Dominique Morisano recommandent aux grands buveurs, en particulier à ceux qui ont une dépendance à l’alcool, de réduire progressivement leur consommation afin d’éviter tout symptôme de sevrage grave, comme des convulsions. Ils peuvent alors diminuer la quantité de boissons consommées quotidiennement jusqu’à ce que celle-ci soit nulle. Ou encore s’engager à ne boire que trois soirs par semaine au lieu de cinq, puis deux soirs par semaine, puis un seul et enfin aucun.

Arrêter de boire pendant un mois peut-il aider à cesser ou à réduire sa consommation d’alcool à long terme ?

Oui ! La nouvelle année est le moment idéal pour réfléchir à ses habitudes. «C’est une véritable occasion de commencer à renégocier votre relation avec la consommation d’alcool, avec le fait d’avoir besoin d’une substance dans votre vie pour vous divertir ou pour vous détendre», dit Dominique Morisano. Le Défi 28 jours sans alcool donne l’occasion d’« affronter certains des squelettes de votre placard que, disons, vous avez essayé d’éviter ».

Quatre conseils pour un défi réussi

  • Ne remplacez pas l’alcool par une autre substance, comme les produits comestibles à base de cannabis. « Cela ne fait que renforcer l’habitude d’utiliser des substances pour faire face à ses problèmes, au lieu d’adopter des habitudes plus saines », explique Launette Rieb.
  • Demandez à des amis de se joindre à vous. Les gens boivent souvent dans des situations sociales, et être la seule personne sobre dans la pièce peut rendre encore plus difficile le fait de rester sur la bonne voie. Faire le Défi 28 jours en groupe peut vous fournir un réseau de soutien et vous permettre de socialiser sans ressentir la pression de boire. Launette Rieb recommande également de planifier des activités sociales où la consommation d’alcool est peu probable, comme aller patiner ou voir un film dans un cinéma qui ne sert pas d’alcool.
  • Tenez un journal quotidien pour suivre votre humeur. Selon Dominique Morisano, il peut être difficile de remarquer les changements positifs, mais consigner l’amélioration de votre humeur, de votre sommeil ou de votre concentration, par exemple, peut vous aider à constater l’effet de la sobriété. En outre, il est alors plus facile d’identifier vos réflexes : à quel moment avez-vous le plus envie de boire ? Quelles sont les situations qui déclenchent ces envies ? Déterminer ces schémas peut vous aider à développer une relation plus saine avec l’alcool.
  • Demandez-vous si vous avez besoin de soutien. Si vous avez beaucoup de mal avec le Dry January, dit Dominique Morisano, « il est peut-être temps de travailler sur [votre] situation avec un thérapeute ».

La version originale de cet article (en anglais) a été publiée sur Chatelaine.com. Traduit et adapté par l’équipe de Châtelaine en janvier 2024.

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