Nutrition

L’huile de noix de coco, mauvaise pour la santé?

L’huile de coco est, depuis quelques années, présentée comme une panacée. Mais les scientifiques remettent maintenant les pendules à l’heure: ce n’est pas le produit miracle qu’on espérait.

Photo: iStock/belchonock

L’huile de noix de coco est-elle nocive? Une récente controverse suggère de la consommer avec modération.

L’huile de noix de coco est le chouchou des blogueuses santé – avec en tête Gwyneth Paltrow –, qui lui prêtent toutes sortes de vertus. On la considère à la fois comme substitut miracle du beurre, agent blanchissant pour les dents et condiment par excellence pour des plats comme la courge spaghetti. Mais en juillet dernier, Karin Michels, épidémiologiste à l’École de santé publique T.H. Chan de Harvard, a qualifié l’huile de noix de coco de «poison à l’état pur».

Karin Michels a formulé ses critiques au cours d’une conférence intitulée L’huile de noix de coco et autres erreurs alimentaires prononcée en allemand à l’Université de Freiberg, puis traduite sur le site du Business Insider Deutschland. Dans sa présentation, elle attaquait le «mouvement des superaliments» et l’huile de noix de coco en particulier, affirmant que ce produit est «l’une des pires choses que l’on peut consommer».

L’huile de noix de coco et le mauvais cholestérol

Lorsque l’huile de noix de coco a commencé à devenir populaire, il y a quelques années, les nutritionnistes ont fait valoir que cet aliment n’était pas bon pour la santé. En juin 2017, l’American Heart Association a publié un rapport qui déconseillait la consommation d’huile de noix de coco en raison de sa forte concentration en gras saturés, qui sont associés à un taux élevé de cholestérol LDL (qu’on dit «mauvais») et à un risque accru de maladies cardiovasculaires. L’étude signalait que la concentration en gras saturés de l’huile de noix de coco (82%) surpasse de beaucoup celle du gras de bœuf (50%) et du beurre (39%), et établissait clairement que l’huile de noix de coco est loin d’être une solution de remplacement santé.

Mais récemment, un débat a été soulevé sur la question du lien entre les gras saturés et les maladies du cœur. «Ça reste un domaine de recherche sujet à la controverse, dit la nutritionniste Abbey Sharp. Même si nous ne sommes pas sûrs à 100% de l’impact des gras saturés sur la santé, la recherche semble indiquer de manière constante que le fait de remplacer une partie des gras saturés dans notre alimentation par des gras non saturés (par exemple, noix, avocats, huile d’olive) améliore la santé du cœur et du système circulatoire.»

En somme, Abbey Sharp croit que l’huile de noix de coco n’est pas vraiment le pire des aliments, mais que ce n’est pas non plus un superaliment. «Je ne recommande pas aux gens d’en consommer des doses régulières ou d’en tartiner tout ce qu’ils mangent en s’imaginant que cela va les aider à perdre du poids», poursuit-elle. Comme c’est le cas avec tous les aliments à teneur élevée en gras saturés, il vaut mieux en consommer avec modération.

Si ce n’est pas un aliment sain, d’où vient le buzz?

L’huile de noix de coco a acquis la réputation de panacée en 2003, quand Marie-Pierre St-Onge, professeure de nutrition à l’Université Columbia, a publié deux articles portant sur la façon dont les acides gras (contenus dans l’huile de noix de coco) peuvent aider les adultes suivant un régime amaigrissant à brûler des graisses. La chercheuse a toutefois reconnu qu’elle n’avait effectué aucune recherche sur l’huile de noix de coco comme telle et que ses données concernant cet aliment avaient été extrapolées très librement.

Ce qui a vraiment conféré à l’huile de noix de coco son statut de superaliment, ce sont les promoteurs d’alimentation naturelle et les blogues de régimes amaigrissants qui se sont mis à vanter ses propriétés miracles pour brûler les graisses. «Je crois que tout le monde est toujours à l’affût d’aliments réputés pour leurs propriétés amaigrissantes. On s’est laissé emballer par la perspective d’une huile dotée de telles propriétés, grâce aux triglycérides à chaîne moyenne (TCM) qu’elle contient, qui sont métabolisés différemment des autres gras et auxquels on reconnaît un léger pouvoir amaigrissant», conclut Abbey Sharp.

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