Elle n’en pouvait plus. Ses mains en proie à l’arthrite lui faisaient mal. Terriblement.
Elle était « incapable d’ouvrir une simple bouteille d’eau ». En cherchant sur Internet, elle est tombée sur le site du Dr Jean Seignalet, médecin et chercheur français prônant une approche alimentaire qui proscrit les produits laitiers et les céréales – à l’exception du sarrasin et du riz. Sans attendre, Jacqueline Lagacé s’y est mise.
Au bout de 10 jours, les douleurs ont disparu. « À partir du troisième mois, j’ai recommencé à bouger les doigts ! » évoque-t-elle. Seize mois après le début du régime, elle retrouvait l’usage de ses mains. Aujourd’hui, elle ne se considère pas guérie, mais en rémission. « Regardez mes mains », dit-elle, enthousiaste. L’arthrite n’a laissé que peu de séquelles aux doigts. « Le régime hypotoxique met fin à la plupart des symptômes et empêche les maladies inflammatoires de progresser. Aussi longtemps que je le suivrai, je tiendrai mon arthrite à distance. Je peux me permettre certains écarts. Mais pas trop. »
En retrouvant la santé, la retraitée de l’Université de Montréal – qui y a été chercheuse et directrice d’un laboratoire d’immunologie et de bactériologie – s’est remise au travail… D’abord pour approfondir ses connaissances en nutrition, puis pour vulgariser les textes du Dr Seignalet, mort en 2003, et écrire. « Je souhaitais faire profiter d’autres personnes de ma propre expérience », dit la dame plutôt réservée.
Son premier essai, Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation chronique par l’alimentation, paru chez Fides en 2011, répond à un besoin. Vendu à plus de 100 000 exemplaires, il est réimprimé neuf fois et traduit en anglais et en italien. Un livre de recettes suivra, puis un autre, Recettes gourmandes contre la douleur chronique, conçu avec l’aide des chefs du Spa Eastman.
Trois recettes à consulter ici.
Quels sont les aliments les plus dommageables, et pourquoi ? Les céréales (blé, orge, maïs, seigle…) de même que les produits laitiers sont plus susceptibles que d’autres aliments de causer de l’inflammation. Certaines de nos habitudes aussi. Par exemple, la cuisson des céréales et des protéines animales à plus de 110 °C (230 °F) produit des glycotoxines, des composés chimiques toxiques pour l’organisme.
Comment expliquer cela ? Selon le Dr Seignalet, il existe un lien entre l’alimentation, la flore intestinale et le système immunitaire. Chez les personnes génétiquement prédisposées, l’alimentation moderne affecte la muqueuse intestinale. Le système immunitaire réagit parfois en déclenchant des réactions inflammatoires, comme c’est le cas dans l’arthrite rhumatoïde ou la sclérose en plaques, par exemple.
Le Dr Seignalet n’a pas publié ses travaux… Y a-t-il des preuves des bienfaits de cette alimentation ? Dans mon premier livre, j’ai fait référence à plus de 450 articles scientifiques sur les facteurs qui ont une influence directe sur le développement des maladies inflammatoires chroniques, comme un déséquilibre de la flore intestinale, les effets nocifs des céréales contenant du gluten, des produits laitiers, des glycotoxines, de l’excès de sucre et de sel… C’est ce que soulevait Seignalet.
Certains experts avancent que le succès de ce régime pourrait être dû à l’effet placebo… Les méta-analyses, qui combinent les résultats de nombreuses études sur un même sujet, le démontrent clairement : quand il y a effet placebo – en particulier sur la douleur qui, on le sait, comporte une part de subjectivité –, il est minime. On parle d’une diminution de la douleur de 6,5 % en moyenne. Et puis, l’effet placebo ne dure pas. De plus, certains paramètres mesurables dans le sang, comme le taux de protéine C réactive, dont la présence est un signe d’inflammation, ou le taux de sucre, ne sont jamais modifiés. Or, chez plusieurs personnes ayant suivi le régime hypotoxique, les analyses sanguines ont montré une diminution marquée de ces paramètres. Un homme atteint de diabète de type 2 a même pu éviter l’amputation d’une jambe.
Bannir ceci et cela, privilégier une cuisson à faible intensité… N’est-ce pas compliqué ? Au contraire. L’assiette hypotoxique est composée aux deux tiers de légumes et d’une portion de 100 grammes de viande [ou de poisson] cuite à moins de 100 °C.
Est-ce que le régime fonctionne toujours ? Le Dr Seignalet a reconnu que le régime est inefficace dans 20 % des cas. Les témoignages que je reçois le confirment. Ou bien les problèmes de santé de ces patients ne font pas partie de la liste des maladies soulagées par le régime – parmi lesquelles on trouve la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, l’arthrose, la fibromyalgie –, ou leur organisme réagit mal à un aliment permis. Pour ma part, je tolère mal le sarrasin, même s’il n’est pas proscrit. De toute façon, aucun aliment, même le meilleur au monde, ne convient à tous. Pour déceler les aliments problématiques, je recommande de tenir un journal quotidien dans lequel on indique tout ce qu’on mange, ce qu’on boit et comment on se sent.
Vos recettes gourmandes ne s’adressent-elles qu’aux gens atteints d’une maladie chronique ? Pas du tout ! Ce livre permet de découvrir d’autres aliments et modes de cuisson. Le seul fait de diminuer le taux de glycotoxines de 30 % à 50 % améliore les paramètres sanguins. Le régime hypotoxique peut réduire les taux sanguins de sucre, de mauvais cholestérol (LDL) et de triglycérides, et peut même corriger l’hypertension artérielle. On peut ainsi prévenir des maladies dégénératives comme l’alzheimer et les troubles cardiovasculaires.
Le régime hypotoxique en bref
À noter qu’on doit cuire les viandes à moins de 110 °C (230 °F) pour éviter la production de glycotoxines. La mijoteuse, la cuisson vapeur et le four à très faible intensité sont d’excellentes méthodes, de même que l’autocuiseur, à condition qu’il fonctionne sur plusieurs niveaux de pression.
Source : Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation chronique par l’alimentation, Fides.
Invitée à goûter à la cuisine hypotoxique du Spa Eastman, Jacqueline Lagacé a été séduite par la richesse de ses saveurs. Elle a donc convié les chefs Kévin Bélisle et Jean-Marc Enderlin à faire partie de l’aventure de son bouquin alors en chantier. Le Spa Eastman, dans les Cantons-de-l’Est, a toujours eu une longueur d’avance en matière de gastronomie saine. Sa PDG, Jocelyna Dubuc, est à l’affût des tendances. « La cuisine riche et lourde qu’on a du mal à digérer, c’est dépassé, dit-elle. Ma clientèle cherche une cuisine qui flatte les papilles, mais qui soit aussi tonique et revitalisante ! » Recettes gourmandes contre la douleur chronique, lancé en novembre 2013, met en valeur des ingrédients simples − champignons, quinoa, millet, lait de coco, saumon − dans des présentations appétissantes.
Et les recettes sont faciles à préparer. En première partie du livre figurent les meilleures recettes de Jacqueline Lagacé et de ses fidèles collaboratrices Louise Côté et Louise Labrèche. En deuxième partie suivent les délices des chefs du Spa Eastman, dont Kévin Bélisle, nommé Chef Santé 2013 par la Société des chefs, cuisiniers et pâtissiers du Québec.
Recettes gourmandes contre la douleur chronique, Fides, 32,95 $
Trois recettes à consulter ici.