Santé

Peur d’avoir peur

La peur est humaine, écrit Johanne Lauzon. Elle s’est incrustée dans notre cerveau dès la nuit des temps.

Enfant, j’ai appris à nager à la dure. Mon père m’a prise et m’a lancée au bout de ses bras. Qu’à cela ne tienne, j’ai émergé du fond du lac en criant : « Encore ! » J’ai aimé l’eau à partir de ce jour-là. Chaque fois que je pique une tête, j’ai une pensée pour papa qui ne s’embarrassait pas trop de la portée pédagogique de ses gestes. Sans être une grande nageuse, je me débrouille. Sans crainte. Toujours ça de pris.

saut dans l'eau

Photo: Getty

Mon paternel n’a toutefois pas pu m’aider à vaincre toutes les appréhensions qui ont surgi sur ma route. Comment pouvait-il en être autrement ? La peur est humaine. Elle s’est incrustée dans notre cerveau – les structures reptilienne et limbique – dès la nuit des temps. C’est ce qui a permis à Cro-Magnon et à ses successeurs de sauver leur peau. Devant le danger, le corps produit des réactions chimiques complexes qui commandent de jouer des poings ou de prendre ses jambes à son cou. Lutter ou battre en retraite.

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Et quelles sont aujourd’hui les peurs les plus courantes que nous devons affronter (ou fuir, bien entendu) ? Des chercheurs de l’Université Chapman, en Californie, ont mené en avril 2015 une enquête auprès de 1 500 Américains. Signe des temps, nos voisins du Sud craignent surtout les catastrophes d’origine humaine, comme les attaques terroristes, puis la technologie, y compris l’exploitation de données personnelles au profit des entreprises et des États. Suivent, dans l’ordre, la corruption des gouvernements, la dégradation de l’environnement, l’incertitude de leur avenir – notamment le fait de manquer d’argent – et les désastres naturels…

On est bien loin de la peur de l’eau, n’est-ce pas ? (Les phobies du genre se retrouvent en 8e position sur 10.)

Selon une autre étude américaine, nous, citoyens, penserions plus souvent au risque de survenue d’un assaut terroriste que d’une hospitalisation – pourtant, la dernière éventualité est plus probable que la première.

Toutes ces données en disent long sur l’état d’esprit des Nord-Américains. Et sur ce climat de paranoïa et de peur de l’autre. Le pire peut arriver, bien sûr. Et tant pis. Aimer sans retenue, créer (ou procréer) de même que voyager sont les meilleurs antidotes aux angoisses inutiles. Se jeter à l’eau, aussi.

Et vous, que faites-vous pour vaincre vos peurs ? Écrivez-moi

Suivez Johanne sur Twitter (@joa_lauzon)

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