Il existe des millions d’écrits sur l’amour. Qu’est-ce qui vous a incitée à vous pencher sur le sujet dans Le couple: réussir l’impossible – entre idéal et réalité (Les Éditions Québec-Livres)?
Comme le nombre de gens qui vivent seuls est de plus en plus élevé, du moins dans les villes, je pensais que le couple était tombé en désuétude. Au fil de mes recherches, j’ai remarqué qu’au contraire, le désir de vivre à deux est très fort, à tout âge. J’ai donc voulu comprendre ce qui réunissait les gens. Pourquoi certains couples fonctionnent et d’autres pas.
Qu’est-ce qui caractérise les amoureux d’aujourd’hui ?
La fraternité, la ressemblance. On se rencontre sur des bases communes, alors qu’autrefois, les couples étaient complémentaires. L’envers du décor, c’est la compétition. Pour certains, ça marche très bien, un peu comme pour les frères Coen et les frères Dardenne! Mais le fait d’avoir tant de choses en commun peut accentuer la pression sur le couple. D’un côté il y a plus d’entraide, de l’autre, plus de possibilités de conflit, de rivalité. Et il y a tout l’aspect narcissique: si l’autre se trompe, c’est mon image qui est affectée. Si c’est moi qui erre, je risque de perdre sa confiance. En voulant tout faire pareil, tout faire ensemble, on place la barre haut!
Vous comparez le couple à «un long malentendu tranquille». Que voulez-vous dire ?
Je me suis inspirée du titre du film La vie est un long fleuve tranquille. Souvent dans une relation amoureuse, on projette sur l’autre ses désirs sans même s’en rendre compte. D’où le malentendu. C’est le propre de l’humain de chercher l’impossible. Comme une sorte d’idéal, de nostalgie.
Comment échapper au piège des amours impossibles ?
En acceptant l’altérité (il ne faut pas penser qu’on doit tout faire ensemble tout le temps, ni qu’on doit aimer toujours les mêmes choses – les sushis, la raquette, l’opéra!). En se ménageant un jardin secret. En renonçant au rêve de perfection. Cela dit, il est nécessaire de maintenir une part d’illusion.
Vous allez jusqu’à réhabiliter le conflit au sein du couple en le qualifiant de «nécessaire» et de «structurant»…
On idéalise tellement la relation que le malentendu se creuse: on refuse d’exprimer ses désaccords de peur de menacer la relation, alors on croit qu’on est d’accord sur tout! Or si on débat des choses au fur et à mesure, on apprend à travailler avec les différences. On se rend compte que ce n’est pas grave et on bâtit la relation sur quelque chose de plus profond. Autrement, on accumule les frustrations jusqu’au jour où ça devient trop gros. Et c’est la rupture.