Société

Ma fille se prostitue: que dois-je faire?

Comment reconnaître les signaux d’alarme et interagir avec sa fille si elle se prostitue? Les conseils des policières Diane Veillette et Josée Mensales, agentes de concertation au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et initiatrices du projet Les Survivantes.

 

Photo: Pixabay

Surveiller tout changement radical

Comportement, amis, endroits fréquentés, façon de s’habiller. Arbore-t-elle un nouveau tatouage ? Des marques de brûlure entre les doigts? Ce sont des signes.

Aborder la question de front

Peu importe si la jeune se montre réfractaire, on doit trouver le bon moment pour lui parler, sans attendre une situation de crise. Tout peut être prétexte à discussion – les paroles d’une chanson, un vidéoclip, l’actualité. Certaines fuguent pour attirer l’attention. «Elles ont beau avoir la plus belle chambre, étudier dans les meilleurs collèges, les jeunes ont besoin de balises et de sentir qu’on s’intéresse à elles.»

L’informer des dangers des réseaux sociaux

«Les jeunes y exposent trop d’informations – intérêts, émotions, ruptures… C’est comme un journal intime livré à tout vent. Les trafiquants vont consulter leur profil et établir des liens avec leurs amis et leur famille pour s’en servir contre elles.»

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Ne pas juger son enfant

«Dites-lui que vous savez qu’elle se prostitue, que vous n’êtes pas d’accord avec ses choix, mais que vous êtes là pour elle. Même si la situation vous dépasse.»

Ne jamais la lâcher

«La plupart des victimes ont honte et cachent la vérité à leurs proches de peur que le proxénète ne s’en prenne à eux. Si votre fille est en danger, c’est important qu’elle se sente protégée.»

Observer son petit ami

«Le proxénète veut éviter à tout prix de se faire prendre avec une mineure. Il va donc préparer le terrain – déceler les points faibles de la jeune fille, prétendre l’amour fou et lui promettre la lune. « Tu n’auras pas besoin de travailler longtemps, notre maison sera vite payée, je vais te protéger. On forme un team! » Il va faire le vide autour d’elle, lui proposer de travailler incognito à Ottawa, Toronto, Calgary… Une survivante a raconté aux agentes comment elle s’est fait piéger à 16 ans par un gars rencontré dans la rue: « Salut! T’es belle! Je t’invite dans un party. » Pendant deux ans, il lui a présenté des danseuses. À sa majorité, elle lui a dit: « J’vais m’essayer », convaincue que c’était sa propre décision…»

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Accepter de se sentir impuissant

«On suggère souvent aux parents d’aller chercher du soutien psychologique. Une personne à bout de nerfs ne sera d’aucun secours.»

Qui est le proxénète type?

Narcissique, il a une grande soif de pouvoir et d’argent. Il croit que tout lui est permis. Les remords? Connaît pas! Il y a celui qui se promène en Maserati et fraye avec le crime organisé. Il prend part à des fêtes VIP et a l’air hot. Et il y a l’autre qui se déplace en autobus, souvent un ex-dealer qui veut faire un coup d’argent.

Plusieurs sont passés du statut de victime à celui d’agresseur. Certains ont des problèmes de santé mentale. Mais quel que soit leur type, ils ont un point en commun: ils savent reconnaître la faille chez leur proie et l’appâter en lui faisant miroiter le rêve. «Pourquoi attendre quand tu peux tout avoir, tout de suite?»

Le pimp est rusé: il peut encourager sa victime à aller à l’université… tout en la faisant travailler sept jours sur sept. Or les recherches le prouvent: celles qui s’adonnent à ce genre d’activité abandonnent leurs études.

Il n’a rien à son nom de façon à ne pas laisser de trace. Il fabrique de faux papiers à la mineure et lui confisque ses cartes d’identité – une tactique pour contourner le système de santé. Et lui refile ses dettes, alors qu’il mène le gros train de vie. «C’est un crime d’opportunité! Celles qui s’en sortent sont souvent obligées de déclarer faillite», déplorent Diane Veillette et Josée Mensales.

Si votre enfant disparaît ou que vous craignez pour sa sécurité, composez le 514 280-2080.

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