Comme dans le film à succès Menteur, d’Émile Gaudreault (2019), un mythomane est en train de détricoter les fibres de l’univers à force d’inventer des faussetés qui deviennent réalité. Mais comme l’indique le titre de cette comédie qui prendra l’affiche le 9 juillet 2025, c’est une cette fois une femme qui fait des ravages. Maintenant que Simon (interprété par Louis-José Houde dans le film original) est en exil, c’est sur sa belle-sœur Virginie (Anne-Élisabeth Bossé, qui reprend son rôle) que la malédiction est tombée.
La même malédiction, donc, mais avec une twist un peu spéciale : si Virginie ment, c’est pour ne pas faire de peine aux autres et pour éviter des conversations difficiles avec parents et amis. De petits mensonges blancs qui vont prendre de l’ampleur et donner l’occasion à la vedette du film, mais aussi à toute une brochette d’acteurs connus – dont Antoine Bertrand, Catherine Chabot et Monika Pilon – de donner la mesure de leur talent comique.
Châtelaine s’est entretenue avec Anne-Élisabeth Bossé, au lendemain de la première montréalaise du 25 juin, pour parler du film et de son travail d’actrice.
C'est drôle, j'en ai vécu d'autres, des premières, dans ma vie et je suis allée à Cannes [NDLR: avec Monia Chokri, en 2019, pour La femme de mon frère]. Mais on dirait qu’hier, j'étais vraiment très sensible, et dans la plus grande des gratitudes. Je suis chanceuse, je trouve, de vivre des moments comme ça, d’être au milieu du tapis rouge, d’être sur l’affiche du film, d’être bien entourée. Moi, j'étais sur un nuage, donc pour moi, la première, c'était extraordinaire. J'étais tellement dans ma bulle de... de reconnaissance, disons.
Il faut que ce soit du plaisir, sinon, on ne fait pas le bon métier. C'est sûr que si le film est un échec, je vais le prendre plus personnel. On est moins protégés quand on est l’actrice principale, mais ce sont de beaux rôles qui donnent de grandes responsabilités, il faut honorer la promotion notamment. C'est une grosse charge, mais c'est surtout un grand honneur. On a peur, mais on se gère.
Pour moi, un rôle, c'est un rôle. On le reprend, c’est tout. Dans ce cas-ci, en plus, il y a plusieurs personnages en un: Virginie la «nunuche», Virginie qui dit tout ce qu’elle pense, Virginie qui aime les enfants… Je pense que l'important, dans un film comme Menteuse, ce sont les émotions vécues à travers les mensonges et la personnalité des autres personnages. Je pense que le défi, c'est de rester ancrée dans quelque chose de sincère, même si ça peut être assez « clown ».
Moi aussi, je trouve que c'est typique des mensonges au féminin. Les filles se mettent dans la peau des autres, elles sont empathiques, elles préfèrent éviter le conflit et rassurer faussement plutôt que de heurter. On dit tous qu'on ne ment pas dans la vie, mais ça arrive plus qu'on le pense.
C'est difficile d'éviter ce genre de mensonges blancs. Et oui, ça fait partie de ma personnalité. Je veux plaire, d’ailleurs je fais un métier où c'est important d'être agréable. On ne travaille pas seul dans son bureau, on travaille en équipe. Il ne faut pas se laisser trop envahir par notre désir d'être de bonne compagnie.
Oui, Antoine et moi, on s’entend comme larrons en foire. On était un peu dissipés, on aimait beaucoup rire, on aimait se faire rire l’un l’autre. On est encore comme ça en tournée de promotion.
Ce que j'aime d'Antoine, c'est qu'il a la prestance pour prendre toute la place, mais aussi l'élégance de ne pas le faire. Je trouve qu'il laisse beaucoup le premier plan à l’autre. Les gens sont portés à lui parler en premier parce que c'est tellement un monument, mais il ramène toujours un peu la conversation à moi. Il m'aide beaucoup à prendre ma place. C'est une belle forme d'amitié.
Ça rend la job plus facile. Quand ça ne se produit pas, on fait avec, on trouve une façon de s'exprimer dans les entrevues pour dire que c'est super, mais avec Antoine, c'est facile.
Avec Catherine [Chabot] et Monica [Pilon] aussi. Catherine, c'était la révélation du premier film, elle est aussi belle que drôle et sympathique. Et Monica ne se prend pas au sérieux. Elle a un grand cœur. C'est facile de parler de manière personnelle avec elle.
Tous les rôles secondaires, comme ceux de Pierrette Robitaille et de Rémy Girard [qui], sont extrêmement lumineux. Rémy Girard... Je veux dire, c'est Rémy. Il « flashe » ! C'est plus facile de porter ce film-là entourée d’acteurs comme eux.
Je ne sais pas. En fait, les deux, c'est un peu la même chose pour moi. L'important, c'est de raconter une histoire. Il y a des codes différents pour la comédie et pour le drame, mais on ferait fausse route de penser qu'ils sont loin l'un de l'autre. Les deux demandent de l'intériorité, du timing, de l'écoute. Je les aborde quasiment de la même manière.
Oui, je pense qu'il y a une nouvelle sensibilité pour les rôles de femmes, les rôles de femmes vieillissantes aussi, la diversité, les femmes trans. Ça se manifeste dans la société, dans l'art aussi. Je pense quand même que ce n'est pas tout à fait égal. Nos voix ne sont pas reconnues de manière aussi forte que celles des hommes. Il y a de l'initiative, du progrès, mais moi, je sens encore un décalage.
L'écriture, pour moi, c'est surtout une façon d'exprimer toute ma comédie. Je n'ai pas écrit en fonction de jouer un rôle avec un panorama, avec un éventail extrêmement large ou quelque chose que je n'avais jamais joué. Moi, je me suis écrit des scènes qui me font vraiment, vraiment rire.
Pas pour l’instant. Le travail de scénariste, c'est intéressant, mais ça reste embryonnaire pour moi. Le métier est dans une drôle de « passe », pour être honnête. Il y a beaucoup moins de projets, donc il faut réduire notre appétit. En ce moment, je chéris ce que j'ai, je suis en mode gratitude, plutôt que de vouloir plus. Je me sens chanceuse.
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Julie est rédactrice en chef de Châtelaine et signe l’infolettre gourmande C’est exquis. Elle baigne dans l’univers du magazine depuis plus de 25 ans, ayant notamment été à l’emploi de Protégez-Vous et de L’actualité. Sa plus grande passion? La cuisine. Elle est même allée jusqu’en Italie pour apprendre à confectionner des pâtes comme les nonnas.
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