/
1x
PUBLICITÉ
Culture

Choix Châtelaine: «Le Marais», autopsie d’une relation toxique

La Québécoise Emmanuelle Dyotte signe le meilleur roman du printemps 2025, Le Marais. Dans ce récit touchant, une femme se confie sur la relation passionnelle qui aurait pu la détruire.
Choix Châtelaine: «Le Marais», autopsie d’une relation toxique

Photo: Kendra Howard

T est un homme brisé, dépendant aux drogues, au travail et à l’amour, qui combat nuit et jour un profond sentiment d’insuffisance né de sa relation tumultueuse avec son père. Il mourra jeune, mais pas avant d’avoir fait de multiples conquêtes amoureuses.

Le jour de ses funérailles, une de ses anciennes flammes (la narratrice) rencontre M, l’une des femmes les plus importantes dans la vie de cet homme tourmenté. Curieuse de tout savoir sur la relation de son ancien amant avec M, la narratrice noue une amitié avec elle et accueille ses confidences. S’ensuit le récit d’une relation toxique entretenue dans les règles de l’art et marquée par une série de ruptures, de petites et de grandes trahisons, de marques d’irrespect et de pardons accordés. Tantôt liés par une passion dévorante, tantôt déchirés par la colère, les amants se sont détruits mutuellement.

Emmanuelle Dyotte, enseignante de littérature au cégep de Saint-Laurent, offre un roman prenant qui invite à explorer les méandres des histoires des autres. Son écriture poétique, rythmée et limpide m’a fait plonger dans l’histoire de M en m’amenant à ressentir de l’empathie pour elle alors même que ses choix me semblaient incohérents.

« Elle avait l’impression d’être vaporeuse comme une ombre depuis son arrivée, de se dissoudre parmi les proches qui se recueillaient, d’être vaguement l’une de ceux dont le père était mort », écrit la romancière en relatant une scène crève-cœur où M se sent abandonnée par T, qui est parti s’enivrer à un bien mauvais moment. Chaque fois que T manquait de considération envers M, j’ai souhaité ardemment qu’elle trouve la force de le quitter ; j’ai accueilli le récit en voulant comprendre, plus que juger.

PUBLICITÉ

3 questions à l'autrice

D’où t’est venue l’idée d’écrire un roman ?

À 10 ans, je disais déjà que je voulais devenir écrivaine. Mais, jeune, je n’étais pas assez calme intérieurement pour pouvoir me retirer du monde et écrire. Je voulais avant tout vivre. J’écrivais toujours un peu, mais pas de longs textes. Comme j’étais toujours dans une sorte de narration intérieure, je savais que j’allais finir par me lancer dans un projet tangible. Cela faisait quelques années que j’avais le désir de mettre en forme ce que je vivais en général. Puis, tout s’est aligné pour que je mette sur papier un projet qui avait du sens pour moi. C’était même plus qu’un désir, c’était une nécessité. Ça a été mon refuge. J’ai terminé le roman en quelques mois.

Quels grands thèmes as-tu voulu aborder dans cette histoire ?

J’ai cherché à mettre en lumière la part de maladresse et de déraison qui existe chez l’être humain. Cette part de folie, cette pulsion d’autodestruction, ce sont des choses que l’on découvre seulement dans l’intimité. Elles font partie des contradictions humaines qui se manifestent derrière le jeu des apparences et font qu’on se jette dans des situations insensées et incompatibles avec nos principes de vie ou notre morale. C’est ça, la passion. Ça nous éloigne de nos principes. Nous sommes incohérents, et il faut nous pardonner !

Pourquoi avoir choisi de faire intervenir une narratrice qui raconte l’histoire d’une autre personne ?

J’avais l’idée d’exposer cette curiosité envers l’intimité de l’autre, surtout dans le contexte d’une relation amoureuse. On n’arrive jamais totalement à rejoindre le point de vue de l’autre, il reste toujours une part de mystère entre toutes les personnes. J’aime aussi beaucoup les récits enchâssés : j’ai pu me glisser à la fois dans la peau de M et dans le « je », ce qui correspond à une double subjectivité. Comme dans mon quotidien, je suis à la fois celle qui vit et celle qui observe de loin. C’est ce qui rend la littérature possible.

Pour tout savoir en primeur

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine

En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la politique de confidentialité et les conditions d'utilisation de Google s'appliquent.

De jour, Mali Navia est recherchiste pour diverses productions télévisuelles et radiophoniques. Elle prête aussi sa plume aux magazines Châtelaine et Elle Québec. De soir, elle est écrivaine. Son premier roman «La banalité d'un tir», a été finaliste au prix des Libraires 2023. Avide lectrice de littérature québécoise, elle signe la rubrique culturelle de Châtelaine depuis le printemps 2024.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
Copier le lien
Couverture magazine Châtelaine printemps 2025

ABONNEZ-VOUS À CHÂTELAINE

Joignez-vous à notre communauté pour célébrer la riche histoire du magazine Châtelaine, qui souligne ses 65 ans en 2025. Au programme : de nouvelles chroniques, une couverture culturelle élargie, des reportages passionnants et des hommages touchants aux femmes inspirantes qui ont eu une influence positive et durable sur notre société.