Photo: O'Gleman Média
Qu’elle s’installe sous la tente, pour la cérémonie du thé, ou qu’elle déambule entre les kiosques gourmands de la place Jemaa el-Fna, à Marrakech, Geneviève O’Gleman semble tout aussi à l’aise. Elle essaie tout, même les spécialités culinaires les plus éloignées de son propre répertoire (des mamelles de vache, ça vous dit ?).
Son voyage de rêve, qui l’a menée en plein désert, puis en ville et dans les montagnes, est résumé dans une amusante série en quatre épisodes offerte gratuitement sur YouTube. D’une rencontre à l’autre, elle apprend bien sûr des recettes, mais elle prend aussi le temps de faire découvrir la culture et les traditions des habitants qui l’accueillent.
Châtelaine l’a rencontrée peu de temps après la mise en ligne de sa série, alors qu’elle semblait être encore un peu sur un nuage.
En fait, ce que j'ai préféré, c'est plutôt la rencontre avec les Marocains. Je suis allée dans des villages où il n'y avait pas d'étrangers. J'ai senti l'accueil, l'ouverture. J'ai senti que les gens avaient envie de me faire découvrir leur culture et leur cuisine.
Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup d’images paradisiaques du Maroc avec les déserts, avec les souks, avec les riads [NDLR : maisons traditionnelles dotées d’une cour intérieure], avec les restaurants. Comme j’y étais déjà allée, je me suis dit « c'est pas ça, le Maroc ». Avec la série, j’ai voulu présenter le Maroc authentique, qui est loin de la perfection des réseaux sociaux. Je voulais proposer des expériences accessibles, que tout le monde peut vivre. L'expédition dans le désert ou la rencontre dans les villages ou les montagnes, tout ça est possible.
Dans un petit village des montagnes de l’Atlas, une femme nommée Fatima m'a montré comment faire la cérémonie du thé. Elle travaille dans une école un peu semblable aux écoles alternatives du Québec, qui enseignent autrement aux enfants, où les enfants participent. Fatima y est responsable de l'éducation aux femmes de tout âge, elle les éduque pour les rendre plus autonomes. Elle peut parler de contraception, d'indépendance financière, de prise de décision, d'éducation. Ça m'a vraiment inspirée.
J'en ai appris plus sur la culture marocaine et la situation des femmes, leur désir de prendre leur place dans une culture qu'elles aiment. C'est un pays très moderne, mais avec un ancrage profond dans la tradition. Les femmes veulent évoluer avec ces traditions, mais aussi accéder à ce que les autres femmes à travers le monde ont comme privilèges parce qu’elles sont ouvertes sur le monde, sur ce qui se passe dans l'actualité et sur les réseaux sociaux. J’ai senti la grande chance que j'ai d'être une Québécoise. Je suis une femme d'affaires, je suis indépendante, autonome. Je fais ce que je veux.
Je l'avais prévenu que c’était un jeu. J’avais envie de sortir de la télé traditionnelle, où j'ai fait l'essentiel de ma carrière. J’ai choisi YouTube parce que je tenais à utiliser un médium qui me permet plus de créativité, des formats différents. Je ne voulais pas que chaque épisode soit réalisé de la même manière. Je préférais m'adapter à la thématique. L’épisode dans le désert est plus dans un format documentaire, alors qu’à Marrakech, c'est une ville qui bouge, qui peut être très touristique, donc j’ai voulu que ce soit plus dynamique.
Il y a beaucoup d'humour dans cet épisode-là et Rachid, mon guide, était partant. Je n’aurais pas fait la même chose s’il avait été mal à l’aise. Mais, au contraire, il m’a dit qu’il m’amènerait essayer un peu de tout. J'ai aimé son ouverture.
La chebakia, un petit dessert torsadé gorgé de miel et garni de sésame, j'en rêve encore ! J’avais adoré cette pâtisserie lors de mon premier voyage, il y a plus de 15 ans, et je m’en souvenais. Je n’en ai pas encore trouvé d’aussi bonnes à Montréal.
Ensuite, la tangia, un plat de viande mijoté typique de Marrakech avec du citron et des épices. C'est fondant, c'est bon.
J’aurais complété le top 3 avec les escargots dans leur bouillon, que j'ai beaucoup aimés, mais c’est très personnel. De manière peut-être plus rassembleuse, je propose les tajines. Ils mijotent lentement sur un feu de bois, avec des épices, des fruits séchés, des olives. Les saveurs ont le temps de se développer. Ça me fascine. On peut en manger tous les jours de notre voyage et la viande, les épices, les accompagnements seront toujours différents.
Le plat lui-même, le tajine de forme conique, crée une convection qu’on ne peut pas reproduire dans un Creuset, une rôtissoire ou une mijoteuse. C'est propre au Maroc. Le matin, dans les villages, tu vois les gens mettre leurs tajines sur le feu pour que le repas soit prêt plusieurs heures plus tard. C'est un rituel qu’on ne connaît pas, au Québec. On est dans la cuisine rapide, on décide à 17h30 ce qu'on va manger à 18h. Là-bas, même s'ils ont une vie au travail, ils trouvent une façon de coordonner la préparation des repas pour que, le soir, le tajine soit prêt.
Je suis d'accord avec toi, mais j’ai l'impression que, d’un restaurant à l'autre, le couscous est plus campé. Les recettes et les goûts se ressemblent. On peut en manger un, deux, trois pendant le voyage, mais à un moment donné, c'est toujours une recette qui est précise. Alors que le tajine, c'est comme une méthode de cuisson. Les saveurs changent davantage. C'est ça qui m'a charmée.
Ça marche pour moi parce que quand j'arrive dans un pays, je plonge dans cet univers-là, je suis ouverte, j'ai le goût de profiter au maximum de ce que la culture va m'offrir. Mais c’est vrai que c’est tout le contraire de ce qu'on fait, au Québec, l'été. On est dans les salades, la crème glacée, les cocktails. Et eux, c'est vraiment le thé, les plats chauds, la soupe.
Je ne vais jamais dire non, je veux saisir toutes les occasions. J'ai visité une soixantaine de pays et, pour moi, voyager, c'est mon oxygène, ça fait partie de mon mode de vie. J'ai toujours envie d'aller le plus loin possible avec le temps dont je dispose.
Absolument, ça fait partie de mes nouveaux projets. La série au Maroc était un projet pilote, on partait avec le désir de construire un concept. On travaille déjà sur la saison 2, où je vais aller explorer un autre pays.
Je me suis questionnée, après la fin de l’émission Savourer, j’ai réfléchi à ce que j’avais envie de faire. J'adore la cuisine, c'est ce qui m'a occupée depuis des années, les recettes et les émissions de cuisine. Le sport et les voyages ont toujours fait partie de ma vie personnelle, mais je ne leur avais pas fait de place dans ma vie professionnelle.
J'avais cet appel-là, ce désir de donner envie aux gens de cuisiner sainement, simplement, mais aussi de prendre soin d'eux, de profiter de la vie, de bouger, de voyager, d'avoir des projets. La vie peut être difficile, elle peut être courte. On ne sait jamais ce qui nous attend, alors profitons-en. Une chose entraîne l’autre : quand on cuisine sainement, on améliore notre santé, donc on peut bouger, être actif. On peut aussi avoir l'énergie pour planifier des projets.
Moi, c'est cette petite routine, le tourbillon où on est à la course, surchargé, épuisé, que je veux inspirer les gens à briser. J’aimerais qu’ils mettent dans leur vie des choses qui vont les nourrir, les inspirer, les énergiser. C'est ce que j'ai fait, personnellement. Je me suis acheté un vélo de route, c’était tout nouveau. Je me suis lancé ce défi-là l'année passée, et j'ai fait 1500 km. Ça peut paraître excessif, mais non. Je l'ai fait une sortie à la fois, avec des amis.
C'est mon énergie, mon état d'esprit. C'est ce que j'ai envie de faire avec ma vie personnelle, à l'âge où je suis rendue [NDLR : dans la mi-quarantaine]. Je suis dans les plus belles années de ma vie. Ma fille est grande, elle devient indépendante. J'ai beaucoup d'amis. Je veux en profiter et encourager les gens qui m'ont découverte par la cuisine à aller aussi vers ce genre de choix là. Est-ce que c'est l'escalade, la natation, le yoga ? Qu'est-ce qu'ils vont mettre dans leur vie pour être plus actifs ? Qu'est-ce qu'ils vont choisir comme projet ? Peut-être des voyages, peut-être autre chose, mais c’est important que notre vie soit riche, excitante et remplie.
J'organise mes nouveaux projets autour de ces trois piliers : cuisiner, bouger, voyager. Je veux me concentrer sur ces trois axes-là pour que les gens puissent vraiment profiter de la vie. C'est ça, ma nouvelle mission.
Série
Geneviève au Maroc, animée par Geneviève O’Gleman et présentée par Terres d’aventure.
À voir gratuitement sur YouTube.
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Julie est rédactrice en chef de Châtelaine et signe l’infolettre gourmande C’est exquis. Elle baigne dans l’univers du magazine depuis plus de 25 ans, ayant notamment été à l’emploi de Protégez-Vous et de L’actualité. Sa plus grande passion? La cuisine. Elle est même allée jusqu’en Italie pour apprendre à confectionner des pâtes comme les nonnas.
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