Art de vivre

Une rentrée allégée

Des trucs pour être moins fauché à l’automne.

iStock_000006781296Small - copieCet automne, les parents québécois ont payé en moyenne 705 $* par enfant pour l’inscription à l’école et les effets scolaires… Souliers neufs et cours de karaté en sus! Ouille. Mais il y a moyen de réduire la facture, assurent nos consommateurs responsables.

Sophie Anctil n’est pas fière d’elle. D’habitude, cette rédactrice pigiste de Québec ne sort pas un sou de sa poche pour équiper sa fille Jeanne de stylos, duo-tangs, bâtons de colle et tutti quanti. « Cette fois, j’ai dû débourser un gros 2,22 $! » Mais elle en a eu pour son argent, se console-t-elle : pas moins de 57 articles scolaires.

Une prouesse imputable aux rabais qu’elle traque chaque semaine dans les pharmacies de son quartier, jumelés aux points accumulés sur sa carte Air Miles. Et puis, elle se fait un devoir de recycler, d’une année à l’autre, ciseaux, ensembles de géométrie, effaces, sacs d’école, étuis à crayons. Et hop! Une économie d’au moins 100 $, selon son calcul.

Sophie est aussi une redoutable chasseuse d’aubaines pour les vêtements. Tandis qu’à l’automne seulement, les parents québécois dépensent en moyenne 284 $ par enfant pour les habiller (c’est un sondage du Groupe Altus qui le dit), elle n’allonge pas plus de 400 $ par année pour ses deux filles de 4 et 11 ans, Alice et Jeanne. Sous-vêtements, bottes et habits de neige compris. « J’attends la fin des saisons, quand tout est soldé à 70 %, et j’achète un point plus grand en prévision de l’an prochain. »

Comme les enfants ont rarement le temps d’user leurs vêtements avant de changer de taille, Alice hérite de ceux de son aînée. « Je les conserve soigneusement dans un coffre, classés par âge », explique Sophie. Quand il faut bonifier, elle se tourne vers les friperies. Celle de son quartier, Écolinge, vend ses morceaux de 2,50 $ à 5,00 $. Le jour de notre entrevue, elle venait justement d’y dégoter trois ensembles d’automne pour sa cadette, au coût de 20 $. « Aussi propres et à la page que du neuf! » Elle fréquente également des friperies en ligne, comme friperievirtuelle.com. Pratique pour qui habite loin des centres urbains.

Enfin, elle économise en transformant les repas de la veille en lunchs et limite les activités des petites après l’école. Pas d’agenda de ministre chez les Anctil-Paquet. « Chacune suit un cours à son goût, et c’est bien en masse! » Comme pour toutes choses, elle a pris le temps de magasiner : par exemple, grâce à Kijiji, elle a trouvé pour Jeanne un excellent prof de piano dont le tarif est plus accessible que celui des écoles de musique. Elle épargne ainsi 600 $ par an.

Valérie Savard, mère monoparentale de deux coquins au primaire, déploie autant d’astuces pour survivre à la rentrée. Il le faut quand on compose avec un salaire annuel de 15 000 $ et que l’école coûte de plus en plus cher.

« L’éducation gratuite, mon œil! On paye pour le matériel de bricolage acheté par le prof, les photocopies, l’agenda, la surveillance au dîner », inventorie la technicienne en santé animale de Mirabel.

C’est sans compter les centaines, voire les milliers de dollars facturés en extra pour l’inscription à des programmes particuliers à l’école publique, style arts-études. Pris à la gorge, un nombre croissant de parents sont même incapables d’acheter toutes les fournitures de base à leur progéniture, selon des enseignants sondés cette année.

Ça aurait pu être le cas de Valérie, n’eût été le matériel scolaire donné par un organisme de charité de sa région. Elle apprécie, bien sûr, mais préférerait nettement faire partie d’un groupe de parents qui achètent en grande quantité pour épargner, comme ça se fait dans plusieurs écoles du Québec. « J’aurais ainsi le sentiment de participer à un projet qui en aide d’autres plutôt que de simplement recevoir. »

En attendant qu’une telle initiative voie le jour dans son coin, elle choisit le matériel le moins cher à la librairie (et non à la pharmacie, car elle encourage les petits commerces). Exemple : des cartables et des étuis à crayons d’une couleur « plate », souvent plus abordables, qu’elle enjolive avec des bouts de tissus, des brillants, des rubans récupérés. Par contre, pour les boîtes à lunch et les sacs à dos, elle paye le gros prix. « Au moins, ça ne fend pas au bout de trois semaines! »

Apparemment, ses héritiers ne piquent pas de crise pour avoir des articles scolaires à l’effigie des Minions ou de Hello Kitty. Ni pour porter du Gap, du Mexx ou du Zara. Même que Kimie Ann, 8 ans, aime mieux quand c’est « différent des autres ». Même chose pour Jeanne, la fille de Sophie, qui adore se créer des looks à partir de trésors dénichés à la friperie. « Elle ne fait jamais de demandes extravagantes, affirme Sophie. Quand on doit acheter des chaussures neuves, par exemple, elle s’informe d’abord du prix et demande si c’est trop cher. »

Cette conscience précoce de la valeur de l’argent s’est développée sans forcer, à travers l’exemple quotidien de la consommation responsable, dit-elle. Depuis que Jeanne a 5 ans, sa mère lui donne 5 $ par semaine, qu’elle peut gérer à sa guise. En bonne fourmi, elle place presque tout dans son compte de la caisse scolaire (une leçon de sagesse pour l’auteure de ces lignes!).

Si Valérie aussi prodigue souvent à ses amours des principes de gestion, elle s’assure tout de même que leur enfance ne souffre pas de son choix de vivre dans l’austérité matérielle. Par exemple, elle se fait un point d’honneur de les sortir souvent : visites de parcs naturels, pique-niques, journées gratuites dans les musées, fêtes municipales, etc. Du gros bonheur à peu de frais.

En ce moment, elle apprend à sa fille à coudre à la main. Pur enchantement : Kimie Ann passe des heures à fouiller dans sa collection de fils et de tissus multicolores. « Si j’avais travaillé plus, je n’aurais eu ni le temps ni la patience de faire ce genre d’activités avec elle, et elle le sait. Pour nous, ça vaut plus qu’une grosse baraque. »

* tout niveau de scolarité confondu – de la maternelle à l’université (sondage mené par Gestion Universitas).

À lire également: pourquoi les parents fuient l’école publique.

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