L’ automne est la plus belle période pour s’initier à la région. Les journées sont douces et ensoleillées, les nuits fraîches, les montagnes rougeoyantes. Partout, des indications invitent à la randonnée ou au vélo. Autant succomber ! Mais quel sentier choisir parmi les 3 218 km de pistes qui sillonnent les Adirondacks ? On y va selon sa forme physique et le point de vue qu’on recherche. Au nord-est du parc, la région des High Peaks – la plus prisée des randonneurs – regroupe les 46 plus hauts pics des Adis. Chaque sommet offre un panorama spectaculaire. Le top du top : le mont Marcy, qui s’élève à 1 629 m, soit 24 km aller-retour et 11 heures de marche.
Dans le genre moins extrême, mais tout aussi époustouflant (parfait pour moi !), les sentiers qui courent le long des lacs et des rivières valent vraiment le détour. À ne pas manquer : le poste d’observation d’Ausable Chasm et sa descente de rivière en radeau pneumatique, l’île Valcour et le phare de Bluff Point, la gorge de High Falls et sa vue à couper le souffle. Quel que soit le type de randonnée, on s’équipe d’une bonne paire de jumelles au cas où sauvagines, hérons, pygargues à tête blanche, buses pattues ou cygnes siffleurs seraient au rendez-vous. Testé L’ascension du mont Gore en téléphérique. La vue sur les Adis y est imprenable. On se sent au sommet du monde !
On préfère découvrir le coin sur deux roues ? L’expérience sera bien différente selon le type de monture choisi : un super réseau de sentiers forestiers pour les vélos de montagne, des pistes serpentant de vignobles en vergers et de montagnes en villages pour les vélos de route. Ici, l’eau n’est jamais loin. Outre le lac Champlain, on trouve d’innombrables rivières et ruisseaux où pratiquer les sports de pagaie ou la pêche à la ligne. Avec un peu de chance, un achigan, un doré ou une truite arc-en-ciel mordra à l’hameçon !
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Le jour, randonnée et promenade en bateau. Le soir, repas copieux et détente au coin du feu. Que demander de mieux ?
Cette nature généreuse, on la doit un peu à Theodore Roosevelt, fervent partisan de la conservation des ressources naturelles. Lorsqu’il est gouverneur de l’État de New York, vice-président, puis président des États-Unis, il favorise la création de parcs nationaux comme celui des Adirondacks, alors menacées de déforestation. Au début des années 1800, peu après la guerre d’Indépendance, le nouveau gouvernement doit brader des terres pour rembourser ses dettes. En pleine ébullition industrielle, l’Amérique a faim de bois pour nourrir ses papetières, tanneries, charbonnières et chemins de fer. Plus de la moitié des arbres des Adis tombent sous la hache des bûcherons. Jusqu’à ce que des environnementalistes, dont Roosevelt, sonnent l’alarme.
En 1885, la Forest Preserve Act fait de la réserve forestière (qui compte pour plus du tiers des Adirondacks) une zone protégée. Forever Wild, sauvage à jamais, comme le déclare la Constitution de l’État de New York. Sept ans plus tard, le parc des Adirondacks – le plus grand de l’Union, à l’exception d’Hawaï et de l’Alaska – voit le jour.
Plus on descend vers le sud des Adirondacks, plus on perçoit l’esprit « colonie de vacances ». « Au nord, les vieilles fortunes ; au sud, les classes populaires », résume Greg Robinson, professeur d’histoire à l’UQÀM et spécialiste des États-Unis. New-Yorkais de quatrième génération, il connaît bien la mentalité de ses congénères. « Il régnait là un esprit de collectivité. C’était un petit monde. Les gens habitaient et s’amusaient ensemble dans de luxueux camps d’été (appelés great camps) ou des chalets rustiques. »
C’est dans la fraîcheur des bois du Nord que les nantis de New York se réfugient alors pour échapper à la touffeur de l’été urbain. À mesure que la ligne ferroviaire s’étend, les hôtels poussent comme des épinettes autour des lacs. Et les activités se multiplient. Encore aujourd’hui, il y a mille choses à y faire en plus du plein air. Concerts à la belle étoile, théâtres, festivals, musées, galeries d’art... chaque village propose sa programmation et ses bonnes tables.
Lake Placid ne manque pas d’attraits. Hôte à deux reprises des Jeux olympiques d’hiver (en 1932 et en 1980) grâce à la qualité de ses installations sportives et au mont Whiteface, en arrière-plan, la ville reçoit encore aujourd’hui des athlètes de partout venus s’y entraîner. Une visite du Winter Olympic Museum s’impose pour saisir l’esprit des premiers Jeux (les uniformes et l’équipement en disent long sur la mode et la technologie de l’époque !) et la frénésie des seconds : en pleine guerre froide, l’équipe de hockey américaine avait remporté le match final contre les Russes, jugés invincibles. Cette improbable victoire porte un nom : « The Miracle on Ice » ! Les deux arénas qui ont accueilli les compétitions à différentes époques (le Jack Shea en 1932 et le Herb Brooks en 1980) sont toujours accessibles au public.
L’exposition nous apprend aussi que, en raison de l’assassinat d’athlètes israéliens lors des Jeux de Munich de 1972, les participants à ceux de Lake Placid ont eu droit à un village à sécurité maximum. Après les Jeux, l’endroit a d’ailleurs été converti en centre correctionnel fédéral.
Où dormir Camping, motel, hôtel, B&B, auberge, centre de villégiature, condo... Il y a de tout, à tous les prix. Testé Le Lake Placid Lodge. Cet ancien camp de chasse et pêche, détruit par un incendie en 2005, a été reconstruit avec faste. Du sol au plafond, tout a été fabriqué à la main par des artisans. Les chaises en bois de Chine sont de véritables œuvres d’art, de même que l’arbre qui s’élève au milieu de l’escalier.
Aimé Même si le Lake Placid Lodge respire l’opulence, la tradition cède à la modernité. Le service est courtois mais pas guindé, le code vestimentaire, décontracté. À partir de 600 $ US la nuitée.
Le village alpin de North Creek dans la région de Lake George est petit, mais il a de précieux alliés, le mont Gore et la rivière Hudson. Au menu : ski, randonnée, vélo et rafting. On peut aussi aller voir la station de train historique de North Creek. Theodore Roosevelt était en vacances aux abords du lac Tear of the Clouds lorsqu’un télégramme lui a appris la mort imminente du président William McKinley, atteint par balle quelques jours plus tôt.
La station de train la plus proche pour se rendre à Buffalo se trouvait à 56 km de là. Parti juste avant minuit à bord d’une carriole, Roosevelt apprenait à son arrivée à North Creek, à l’aube, le décès de McKinley. Il était devenu de facto président des États-Unis... Un petit musée à même la station rappelle ce célèbre épisode. Un train-restaurant relie aujourd’hui North Creek à Saratoga Springs.
Où dormir Alpine Lodge, une auberge de style chalet suisse, située à deux pas d’une épicerie, du Cafe Sarah (miam les scones aux bleuets !) et du BarVino – à découvrir pour son vin et ses charcuteries. À partir de 139 $ US la nuitée.
Au village de Lake George, la nature est reine des lieux, mais son royaume se peuple aussi de boutiques, minigolfs, glissades d’eau, cinéma et croisière... Bon plan pour des vacances en famille ! Où dormir Situé sur une île, le Sagamore Resort a été construit il y a 100 ans, puis rénové et agrandi au fil des incendies et des différents propriétaires. Les chambres, de style colonial, sont spacieuses.
Avec son terrain de golf, ses trois piscines, son centre récréatif, ses six restaurants et ses cours de cuisine, l'hôtel Sagamore a tout pour plaire aux petits et aux grands.
Testé Une minicroisière à bord du Morgan (la réplique d’un bateau de tourisme du 19e siècle). Aimé Naviguer entre les petites îles qui accueillent les campeurs. À partir de 220 $ US la nuitée.
S’il est un domaine qui incarne à merveille la tradition des great camps, ces somptueuses résidences en pierre et bois rond construites à l’époque dorée du Gilded Age, c’est bien The Point. Il y a près d’un siècle, le magnat du pétrole William Avery Rockefeller établit ses quartiers d’été au camp Wonundra, sur la péninsule rocheuse d’Upper Saranac Lake. Par la suite transformé en hôtel, l’endroit accueille aujourd’hui l’élite du monde entier – en robes de soirée et vestons-cravates, comme le veut la tradition.
Testé Se promener en forêt sur des sentiers balisés, jouer au tennis, au golf, pêcher, voguer sur les eaux calmes du lac Saranac à bord d’un bateau électrique en acajou. Tous quittent The Point avec une boîte à lunch... et un plein d’essence ! Le luxe, vous dites ? Tout comme le prix de cet hôtel Relais & Châteaux : 1 600 $ US pour une nuitée, les repas et les consommations, pour deux personnes.
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