L’an dernier, une vieille dame vietnamienne m’a allègrement tâté le mollet de course de ses mains vigoureuses; « bonne travailleuse » m’a-t-elle dit, avec un sourire d’appréciation.
Elle me voyait dans un champ, toute la journée, capable d’abattre ma part d’ouvrage pour le bien de la collectivité.
Un joueur utile à son équipe, quoi.
Ça fait réfléchir… Nous, les femmes, on est conditionnées, assaillies, encouragées à devenir, à être, à rester… désirables.
Comprenez-moi bien. Comme la plupart des femmes, je préfère me trouver belle que moche.
Mais cette vieille dame qui connaissait le dur labeur physique me rappelait que notre corps est aussi une formidable machine, une centrale nucléaire, une génératrice de force.
Déjà, nous portons des enfants, nous accouchons (pas un mince exploit), nous accotons nos petits contre nos hanches, pendant qu’on brasse la soupe, jusqu’à ce qu’ils sachent marcher. Et s’ils étaient en danger, on se battrait au sang, comme des tigresses féroces.
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Avant l’ère des machines, du chauffage central et de la viande emballée de plastique, les corps étaient sans cesse sollicités. Il fallait exiger d’eux des efforts au quotidien pour planter, chasser, se chauffer, fuir, cultiver, moissonner. Survivre, quoi.
L’entrainement, ses rigueurs et ses efforts, nous rappelle que la force, physique et mentale, fait partie des outils à la disposition des femmes. Au même titre que l’intelligence, la faculté d’aimer ou de créer.
Dans ses célèbres « boot-camps », mon coach « Chef Marzotto » nous faisait monter des côtes en portant quelqu’un sur notre dos. En plein hiver, dans la neige folle.
J’ai vu des femmes porter des corps plus lourds que le leur. Les jambes d’abord chancelantes, puis, solides. Un pas à la fois. Jusqu’en haut. Toutes capables. Fortes.
En cas de besoin, nous aurions trouvé en nous la force qu’il fallait pour porter et secourir quelqu’un.
Exactement comme on a vu Colette Roy-Laroche, la mairesse de Mégantic, porter et secourir ses concitoyens l’été dernier. Exactement comme on voit Joanne Liu, urgentiste, pédiatre, et nouvellement élue à la présidence de Médecins Sans Frontières, partir pour la Syrie…
La force, ça se cultive. Un effort à la fois.
Il est bon que les femmes se souviennent que le corps, notre corps, est fait pour travailler et cultiver sa force.
Et qu’il peut servir à autre chose qu’à plaire.
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