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Ménopause : des solutions pour apaiser vos symptômesPhotos: istock.com

Ménopause : des solutions pour apaiser vos symptômes

Bouffées de chaleur, brouillard mental, règles abondantes et imprévues, insomnie, inconfort : il y a de quoi craindre le fameux « retour d’âge ». Voici des solutions – fondées sur des données probantes – qui peuvent aider la plupart des femmes. 
Par Stephanie Gray, Kate Rae, Julie Matlin, Denise Balkissoon et Liana Hwang. Traduit et adapté par Catherine Pelchat
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Bien des femmes passeront plus de la moitié de leur vie en ménopause, mais le silence qui entoure cette expérience pourtant universelle cause beaucoup de détresse inutile. La Dre Sophie Desindes, directrice du département d’obstétrique-gynécologie à l’Université de Sherbrooke, s’en désole : « Cette période serait tellement plus facile si on y préparait mieux les femmes. »

Que se passe-t-il dans notre corps, dans la quarantaine ? Les follicules de nos ovaires libèrent moins d’ovules et souvent trop d’œstrogènes, causant généralement des règles plus fréquentes et abondantes, ainsi que d’autres symptômes comme des sautes d’humeur. Après quelques années, la production d’hormones diminue radicalement. Les règles s’espacent et raccourcissent. Les symptômes demeurent ou changent. Ces montagnes russes hormonales, appelées périménopause, durent environ dix ans.

Après un an sans règles, une femme est considérée comme ménopausée et entame la postménopause, qui durera le reste de sa vie. Les symptômes peuvent perdurer quelques années. Pour simplifier, on appelle souvent l’ensemble du processus la ménopause.

Ménopause : des solutions pour apaiser vos symptômes Illustration: istock.com

L’hormonothérapie : quand et comment ?

La prise d’hormones a longtemps eu mauvaise presse, mais au Québec le vent a tourné, particulièrement depuis que l’animatrice Véronique Cloutier s’est exprimée à ce sujet dans son documentaire Loto-Méno. Ainsi, de plus en plus de femmes réclament l’hormonothérapie de la ménopause (HTM), qui demeure cependant mal comprise.

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L’HTM a pour but de compenser la baisse radicale des principales hormones (œstrogènes et progestérone) qui survient à la dernière étape de la périménopause ou en postménopause. Elle peut alors soulager bien des symptômes.

Attention toutefois de ne pas commencer trop tôt : dans la première phase de la périménopause, l’HTM est peu efficace et peut même aggraver les symptômes, en s’additionnant à des taux d’hormones déjà élevés. « On préconise plutôt la contraception hormonale, explique la Dre Desindes. Elle aide à réguler le cycle. »

La série Loto-Méno a aussi fait la part belle aux hormones bio-identiques en leur conférant une aura de produit miracle, si bien que certaines femmes les réclament même quand ce traitement n’est pas le meilleur pour elles. Il est important de bien comprendre qu’il ne s’agit pas de produits naturels, mais bien de molécules synthétiques conçues pour ressembler à celles produites par notre organisme. Elles présentent certains avantages, mais il ne s’agit pas d’une panacée, insiste la Dre Desindes : « Ce n’est pas vrai que c’est bon pour tout le monde, qu’il n’y a pas d’effets secondaires et pas de risques. »

« Je ne me reconnais plus ! »

On entend fréquemment ce cri du cœur en réaction aux déroutants symptômes associés à la périménopause. Or, observer son cycle menstruel permet généralement d’y déceler des indices des variations hormonales qui se produisent. Et s’informer aide à mieux comprendre ce qui se passe. Pourquoi les symptômes surviennent-ils ? Que faire pour les soulager ? Châtelaine a fait le point, avec des spécialistes, sur cinq d’entre eux.

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5 symptômes à mieux comprendre

Bouffées de chaleur

Une vague de chaleur intense monte en vous. Votre visage s’enflamme. Des gouttes de sueur coulent le long de votre cou. Vous vous éventez frénétiquement. La bouffée de chaleur disparaît aussi vite qu’elle est venue.

Les symptômes vasomoteurs – bouffées de chaleur et sueurs nocturnes – affectent 75 % des femmes ménopausées, explique la Dre Stephanie Faubion, directrice médicale de la Menopause Society, l’autorité nord-américaine en la matière. Des études ont montré que ces symptômes varient selon l’ethnicité, les Noires et les Autochtones étant celles qui ressentent les bouffées de chaleur les plus fréquentes et les plus incommodantes, tandis que les Chinoises et les Japonaises sont celles qui en ressentent le moins.

La baisse du taux d’œstrogènes pendant la ménopause déclenche une suractivité d’un ensemble de neurones du cerveau appelés collectivement KNDy (prononcé « candy »), composés de kisspeptine, de neurokinine B et de dynorphine. Lorsque ces neurones régulateurs de température manquent des œstrogènes qui contribuent au contrôle de leur activité, une bouffée de chaleur survient. « Le seuil de température où se déclenchent nos mesures d’évacuation de la chaleur diminue, illustre la Dre Desindes. Un café, une soupe chaude, un verre d’alcool, et – pouf ! – le mécanisme s’enclenche. »

Une bouffée de chaleur dure moins d’une minute, mais selon son intensité, elle met parfois du temps à se dissiper. Il arrive de ressentir une légère chaleur, mais on peut aussi produire beaucoup de sueur. Jerilynn Prior, professeure d’endocrinologie et de métabolisme à l’Université de Colombie-Britannique, explique que d’autres symptômes peuvent y être associés, comme des nausées, des vertiges, de l’anxiété et l’accélération du rythme cardiaque. Une étude américaine publiée en 2018 a révélé qu’une femme en périménopause subira ce désagrément de 7 à 10 ans, en moyenne.

Le traitement le plus efficace, selon la Dre Faubion, est l’hormonothérapie de la ménopause, qui peut aller jusqu’à réduire les symptômes de 95 %. De plus, Jerilynn Prior a récemment publié un essai randomisé en double aveugle où elle montre que la progestérone prise seule suffit parfois à atténuer les sueurs nocturnes et à améliorer la qualité du sommeil.

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L’efficacité des traitements non hormonaux est moins certaine. Mais en juin dernier, la Menopause Society a publié une déclaration de principe qui en recommandait quelques-uns, dont la thérapie cognitivo-comportementale ciblant les symptômes vasomoteurs. Celle-ci peut aider à gérer le stress, qui est l’un des déclencheurs des bouffées de chaleur. Elle n’est cependant pas encore offerte au Québec. L’hypnose clinique, les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (une classe d’antidépresseurs) et la perte de poids font aussi partie des recommandations.

Les bouffées de chaleur peuvent être frustrantes : n’hésitez pas à demander de l’aide. « Il existe de nombreuses thérapies efficaces, affirme Mme Faubion. Les femmes n’ont pas besoin de souffrir. » S.G.

Les Québécoises veulent être informées !

Une des réactions les plus fréquentes dans 
la foulée de la sortie de la série Loto-Méno 
a été : « J’ai appris tellement de choses ! » Les Québécoises veulent mieux comprendre la transition ménopausique, insiste la gynécologue Sophie Desindes : « Après une consultation, nombre de mes patientes repartent sans ordonnance, mais avec beaucoup d’informations. »

Malheureusement, quand elles se tournent vers Internet, elles y trouvent un fouillis de renseignements plus ou moins exacts. 
Il n’y a pas au Québec d’équivalent en français du site ontarien Menopause Chicks. « Nous aurions besoin, plaide la Dre Desindes, d’une ressource web où les femmes pourraient trouver de l’information validée scientifiquement, qui leur donnerait l’heure juste et contribuerait à dédramatiser bien des situations. »

Irritabilité

Prêtes pour la présentation de mon nouveau projet ? Titre provisoire : Le havre de paix. Toutes les femmes en périménopause y auront accès à une petite cabine privée, douillette, dans un champ magnifique parsemé de fleurs sauvages. Tous les repas seront fournis. Les animaux de compagnie seront les bienvenus, mais pas les enfants ni les partenaires.

Il y aura une yourte de la rage, où l’on pourra enfiler une jolie combinaison et chausser des lunettes de protection avant de tout casser. Il y aura aussi une yourte des larmes, remplie de mouchoirs et de superbes oreillers. Une charmante dame y sera postée en permanence pour vous frotter le dos en vous murmurant de douces paroles comme : « Ça va aller, ma belle ».

Passer d’une yourte à l’autre ne fera sourciller personne. Il n’y aura pas de questions, pas d’examen, pas d’exigences, pas de jugement et pas de regards ahuris – seulement des biscuits, des encouragements et de l’empathie.

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Les sautes d’humeur associées à la ménopause sont accablantes et bien réelles, comme le savent trop bien celles d’entre vous qui cherchez déjà comment réserver une place au havre de paix. « Nous savons qu’environ 50 % [des] présentent des symptômes de dépression », explique la Dre Alison Shea, spécialiste de la ménopause au St. Joseph’s Healthcare de Hamilton, en Ontario. « Et 50 à 60 % font état d’irritabilité. Je pense que l’irritabilité est le trouble émotif le plus cité en périménopause. »

Qu’est-ce qui explique cette tempête émotive ? « Lorsque les ovules commencent à manquer, les niveaux d’œstrogènes fluctuent énormément. Or, les œstrogènes régulent la sérotonine, la substance chimique du bonheur qui contribue à la régulation de l’humeur », explique la Dre Shea. « En plus, les niveaux de progestérone diminuent. » Ce qui n’est pas une bonne chose, car cette hormone a sur le cerveau de certaines un effet similaire à celui de médicaments calmants comme l’Ativan ou le Valium.

Comme si ça ne suffisait pas, votre sommeil est probablement aussi déréglé. Si on ajoute des adolescents en crise, des exigences professionnelles et la prise en charge de vos parents, on peut aisément comprendre que vous soyez parfois prise dans un tsunami d’émotions.

Alors, que faire ? Commencez par travailler sur votre mode de vie. « Il est prouvé que l’adoption d’un régime méditerranéen, c’est-à-dire riche en bons gras, en céréales complètes, en poisson et en légumes, améliore les symptômes dépressifs et d’autres symptômes psychologiques », explique la Dre Shea. « Veillez également à faire de l’exercice. »

Étape suivante : parlez-en à votre médecin ou demandez-lui de vous envoyer consulter en gynécologie, suggère la Dre Desindes. « L’hormonothérapie peut souvent améliorer un grand nombre de symptômes », explique la Dre Shea. « Une autre possibilité est la gabapentine [vendue], une molécule qui améliore le sommeil, que nous utilisons de plus en plus contre l’anxiété. Elle agit sur la zone du cerveau qu’il faut calmer. »

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La psychothérapie peut également être utile, selon Mme Shea. Surtout, si vous avez des pensées sombres et effrayantes, n’hésitez pas à demander de l’aide.

Vous avez autour de 40 ans et vos menstruations sont encore parfaitement régulières ? Il est possible, explique la Dre Desindes, que vous traversiez plutôt une phase qui précède, chez certaines, la périménopause : « On voit alors de grandes fluctuations hormonales, et donc de longs et intenses syndromes prémenstruels. » Si c’est votre cas, des solutions existent.

Tenez bon, mes jolies. Je continue à travailler sur les plans du havre de paix. K. R.

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Syndrome génito-urinaire de la ménopause

L’une des principales conséquences de la ménopause est un phénomène dont on parle peu : le syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM), autrefois appelé atrophie vaginale. Le SGUM regroupe un large éventail de changements qui se produisent au niveau des grandes et petites lèvres, du clitoris, de l’orifice vaginal, du vestibule (la région entourant l’orifice vaginal) et du vagin lui-même, ainsi qu’au niveau de l’urètre et de la vessie.

« Le SGUM est méconnu, si bien que de nombreuses personnes qui en souffrent ne font pas le lien avec la baisse d’œstrogènes », souligne la Dre Sylvie Dodin, gynécologue à l’Hôpital Saint-François d’Assise de Québec. Elles confondent donc ses manifestations avec d’autres problèmes, comme le relâchement du périnée ou l’incontinence urinaire.

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Les manifestations les plus courantes du SGUM sont la perte d’élasticité, les rapports sexuels douloureux, la sécheresse, les brûlures, les démangeaisons et l’augmentation des infections des voies urinaires. Que se passe-t-il ? « Après la ménopause, le vagin devient plus court, plus étroit, plus fin, il perd ses plis naturels et s’amincit, devenant presque rigide », explique la Dre Christine Derzko, professeure agrégée d’obstétrique et de gynécologie à l’Université de Toronto.

« La couche de cellules la plus superficielle, celle qui est un peu plissée, qui sécrète le glycogène et qui fait que le pH vaginal est acide, disparaît », explique la Dre Dodin. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des moyens de la régénérer, pour ainsi dire.

L’œstrogène vaginal (sous forme de crème, de comprimé ou d’anneau) est le traitement privilégié pour inverser les symptômes du SGUM. Cependant, une petite partie de la population, notamment les femmes atteintes d’un cancer du sein, a besoin d’un traitement sans œstrogène. À celles-ci, la Dre Derzko suggère de s’informer auprès de leur médecin à propos de la prastérone, commercialisée sous le nom d’Intrarosa. « Contrairement à l’œstrogène seul, elle n’a pas d’effet stimulant sur les seins ou la muqueuse utérine, ce qui permet de l’utiliser chez les patientes atteintes d’un cancer. »

Si, pour quelque raison que ce soit, vous n’êtes pas à l’aise avec les hormones, il existe aussi des crèmes hydratantes spécialement formulées à base d’acide hyaluronique ou de silicone, qui sont bioadhésives (c’est-à-dire qu’elles adhèrent aux tissus vaginaux pendant plusieurs jours). Une mise en garde : « Les crèmes hydratantes ont tendance à être moins efficaces en cas de symptômes multiples. Elles ne vous protègent pas non plus contre les infections urinaires ni la perte d’élasticité », note la Dre Jen Gunter, gynécologue-
bstétricienne et auteure du Manifeste de la ménopause. « Et elles doivent être utilisées conformément aux instructions, tous les trois jours, afin que vous ne manquiez jamais de ce revêtement sur les parois du vagin. »

La thérapie du plancher pelvien peut également aider : les Dres Derzko et Gunter la recommandent souvent à leurs patientes ménopausées. Ce type de physiothérapie vise à réduire les spasmes musculaires du plancher pelvien et à améliorer le contrôle du fonctionnement de ces muscles. Souvent, lorsque les patientes décrivent une sensation de « tessons de verre », elle est associée au SGUM ou à une tension musculaire, ou aux deux, explique la Dre Gunter. « L’œstrogène seul ne suffira pas à inverser les spasmes. »

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Un traitement à éviter, selon les deux médecins ? La thérapie au laser, comme la MonaLisa Touch. Elle est coûteuse et n’a pas d’effets bénéfiques scientifiquement prouvés. J.M.

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Troubles du sommeil

Vous vous êtes peut-être réveillée à 2 heures du matin, trempée de sueur; après vous être rafraîchie et avoir changé vos draps humides, vous avez été incapable de vous rendormir. Peut-être que votre partenaire vous a secouée parce que vos ronflements l’indisposaient. Ou bien vous n’avez pas réussi à trouver le sommeil après vous être glissée sous les couvertures et vous êtes restée éveillée jusqu’à l’aube en vous rongeant les sangs à propos de tout et de rien.

Il est parfois difficile de savoir ce qui cause les nuits blanches. Est-ce une question d’âge ? D’hormones ? Du stress normal de la vie ? Ou encore, vos insomnies sont-elles dues à toutes ces petites douleurs qui se multiplient dans le corps avec les années ?

« Ne serait-ce que parce que vous vieillissez, vos cycles de sommeil vont changer », affirme la Dre Natasha Deshwal, directrice de la Bedford Basin Women’s Health Clinic de Bedford, en Nouvelle-Écosse. « La périménopause et la ménopause peuvent être partiellement responsables, mais je ne pense pas qu’elles expliquent tout. » Notre rythme circadien, c’est-à-dire nos cycles de sommeil et d’éveil sur 24 heures, change tout au long de notre vie; c’est pourquoi les adolescents sont rarement matinaux et pourquoi il semble que plus on vieillit, plus on se réveille tôt.

Selon la Dre Deshwal, la première étape consiste à cerner et cibler la cause de votre insomnie. L’hormonothérapie de la ménopause ne peut pas tout régler. Par ailleurs, les médecins canadiens ne peuvent généralement la prescrire que si les sueurs nocturnes ou les bouffées de chaleur nuisent sensiblement à votre qualité de vie. Les somnifères, quant à eux, peuvent entraîner une dépendance.

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Si vous ronflez, l’apnée du sommeil – une obstruction respiratoire qui empêche ceux qui en souffrent de dormir profondément – peut être la cause de ce problème. Elle peut affecter le sommeil avec l’âge, explique Mme Deshwal, car « les tissus du cou et du dessous de la mâchoire se relâchent ». Des dispositifs modifiant la position de la mâchoire ou des appareils pour les voies respiratoires sont généralement recommandés.

Les douleurs articulaires sont un autre problème lié à l’âge. Bien que celles-ci soient associées à la diminution des œstrogènes, le meilleur moyen d’y remédier est souvent la prise de médicaments anti-inflammatoires et l’exercice physique.

Enfin, s’il y a une chose que personne ne peut éviter au mitan de la vie, surtout pendant la ménopause, c’est bien le stress. Si celui-ci affecte votre sommeil, la Dre Deshwal suggère une thérapie cognitivo-comportementale ciblant l’insomnie. Il s’agit d’une forme de psychothérapie qui vise à changer la façon de voir le sommeil afin de soulager l’anxiété qui y est associée.

Tout au long de ce processus de détermination du problème, la Dre Deshwal suggère de discuter avec son médecin avant d’essayer de nouvelles solutions. Notez vos questions à l’avance et prenez tout le temps dont vous avez besoin pour obtenir des réponses. D. B.

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Brouillard cérébral

Shirley Weir avait 41 ans quand elle a commencé à sentir que son cerveau était « épuisé, au maximum de sa capacité, saturé ». L’entrepreneure a commencé à cumuler les retards et son stress professionnel l’a rendue irritable avec sa famille. Craignant d’être atteinte de démence, elle a consulté son médecin, qui l’a rassurée et lui a aussi dit qu’elle était trop jeune pour être ménopausée. Il lui a donc proposé des pilules contraceptives, des somnifères et un antidépresseur pour faire face au brouillard cérébral, ainsi qu’à l’anxiété et à l’insomnie qu’elle ressentait également. Mais rien de tout cela ne s’attaquait à la cause profonde de ses symptômes.

Shirley Weir a commencé à chercher du soutien en ligne et, trouvant peu de possibilités, elle a créé Menopause Chicks, une communauté d’internautes (en anglais) où s’échangent des informations prouvées scientifiquement. Le brouillard cérébral y est un sujet de discussion récurrent.

L’InternationalMenopause Society définit le brouillard cérébral comme une « constellation de symptômes », qui se manifeste le plus souvent par l’oubli de mots, l’étourderie et la distraction. 40 % à 60 % des personnes ménopausées en souffrent, une sur dix présentant des symptômes graves. « On remarque, note la Dre Desindes, que la mémoire verbale est particulièrement affectée. Alors que les femmes ont habituellement un avantage sur les hommes dans ce domaine, elles le perdent pendant la transition ménopausique. Elles cherchent beaucoup leurs mots. La capacité de mener plusieurs tâches de front est aussi affectée. »

Une « tempête hormonale » est à l’origine de ces symptômes. D’autres symptômes peuvent aggraver le brouillard, comme les troubles du sommeil, les bouffées de chaleur et l’anxiété.

Maintenant, quelques bonnes nouvelles. Tout d’abord, le brouillard cérébral ne touche pas tout le monde; la génétique, le mode de vie et le stress jouent aussi un rôle. Par ailleurs, la plupart des femmes en périménopause continuent d’obtenir des résultats normaux aux tests de mémoire et aux tests cognitifs (une étude a même montré qu’elles étaient plus performantes que les hommes du même âge). Enfin, le brouillard finit par se dissiper chez de nombreuses femmes, affirment plusieurs spécialistes consultées pour cet article. Elles ajoutent qu’il ne s’agit presque jamais d’un signe précoce de démence, bien qu’il soit important d’exclure d’autres problèmes de santé tels qu’une carence en fer, des problèmes de glande thyroïde et le TDAH.

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Dans sa quête de soulagement, Shirley Weir a réalisé qu’elle devait se concentrer sur son bien-être général. Elle a priorisé une alimentation saine, de l’exercice et un bon sommeil, ainsi que la gestion du stress. Elle a également passé des tests pour exclure les carences nutritionnelles et les problèmes de thyroïde. Elle a finalement commencé un traitement hormonal de la ménopause (HTM) après avoir décidé que, pour elle, les avantages l’emportaient sur les risques.

Bien qu’aucune étude concluante ne prouve que l’HTM soulage directement le brouillard cérébral, ce traitement soulage souvent d’autres symptômes de la ménopause comme les bouffées de chaleur, ce qui peut faire diminuer le brouillard cérébral. Les médicaments non hormonaux qui réduisent les autres symptômes de la ménopause peuvent également être utiles. Les médicaments contre le TDAH et les suppléments de testostérone offrent d’autres possibilités thérapeutiques qui font actuellement l’objet de recherches. La Dre Dodin suggère également de faire des exercices pour améliorer sa mémoire et de s’entraîner à rester dans le moment présent, afin d’améliorer sa capacité de concentration.

Avant tout, Shirley Weir souhaite que les femmes sachent qu'il existe des solutions. «Vous méritez de vous sentir bien», dit-elle. L.H.