Depuis quelques semaines déjà, je me questionne sur mon rôle de chroniqueuse à Châtelaine. Je me questionne parce que je trouve de plus en plus difficile d’occuper cette position. De l’opinion, il y en a partout. Des chroniqueurs aussi. C’est devenu de plus en plus lourd pour moi de chercher le bon angle pour aborder LE sujet dont tout le monde parle, LE sujet à côté duquel il ne faut pas passer sous peine d’avoir l’air « off ». Off. C’est à cette position que j’ai envie de placer l’interrupteur depuis quelque temps. Je n’ai plus envie de générer de l’opinion à la chaîne et de jouer ce rôle dans l’espace public. J’en ai marre de la cacophonie ambiante. Je souhaite toujours que ma voix soit entendue, mais moins de cette façon.
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Je m’interroge sur les répercussions de mes chroniques familiales sur la vie de mes filles. Elles grandissent, et je ressens un malaise de plus en plus grand à étaler leur quotidien au grand jour. Je désire les préserver de ça. Ardemment. Elles n’ont pas choisi la vie publique et n’ont pas à défendre mes positions dans la cour de récréation. Je préfère qu’elles jouent au ballon poire et qu’elles fassent de la natation. Les batailles, elles les livreront plus tard, quand elles seront armées pour ça.
Parlant de batailles. Les batailles, critiques et prises de bec qui ont lieu sur les médias sociaux concernant les femmes qui osent critiquer ou avoir des opinions fortes ont pris beaucoup d’ampleur ces derniers temps. C’est la rançon de la gloire, dit-on. Je ne suis pas d’accord. À mon sens, on assiste présentement à une dérive sur laquelle il faut réfléchir au plus vite. On ne peut pas tout dire parce qu’on se cache derrière un écran. J’en ai marre des guéguerres qui sévissent sur Facebook et Twitter. Je rends les armes. Je ne veux plus faire la guerre sur ce terrain-là.
Mon travail à Châtelaine pendant ces deux années a fait de moi une meilleure auteure, et vous, chers lecteurs, vous avez fait de moi une meilleure personne. Vous m’avez amenée à remettre en question certaines opinions et à réfléchir sur différents enjeux. Ensemble, on a vraiment parlé de tout. On a jasé de Kraft Dinner, de culture du viol, de ménage, d’anxiété, de chicanes entre frères et sœurs et d’islamophobie. Je suis fière de ça. Très fière. Merci d’avoir été là en si grand nombre. Merci de m’avoir tenu la main quand j’avais de la difficulté à avancer ou que je traversais une tempête. Merci de m’avoir écrit pour m’encourager à être qui je suis et à persévérer à dire tout haut ce que plusieurs taisent. Maintenant, j’ai envie de retourner le projecteur. J’ai envie d’aller vers vous plus encore. Ça fait que je vais revenir à ce que je fais de mieux, raconter des histoires. Les miennes, mais surtout les vôtres. On se revoit bientôt, vous pouvez être certains de ça. Et je veux vous dire que vous me manquez déjà.
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Pour écrire à Geneviève Pettersen: genevieve.pettersen@rci.rogers.comPour réagir sur Twitter: @genpettersenGeneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)
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Autrice, animatrice et chroniqueuse, Geneviève Pettersen a écrit La déesse des mouches à feu, roman récompensé et adapté pour le théâtre et pour le cinéma. Elle a également co-scénarisé le film Fabuleuses. Elle a notamment prêté sa voix et sa plume à Châtelaine, La Presse, Qub et le Journal de Montréal.
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