Santé

La santé n’a pas d’âge, une entrevue avec Denis Fortier

Avoir mal au dos, oublier certains détails, perdre de la force musculaire, c’est normal à un certain âge? « Pas du tout! » répond le physiothérapeute Denis Fortier, qui déboulonne ces mythes dans un nouveau livre.

Photo: Getty Images/Hero Images

Photo: Hugo B. Lefort

Quelles sont les fausses croyances les plus répandues au sujet du vieillissement?

D’abord, qu’il est naturel de souffrir de douleurs articulaires. Je vois des personnes de 40 ans qui se sont fait dire par leur médecin que leurs douleurs aux genoux sont normales. C’est ridicule. Dans la très grande majorité des cas, la douleur se traite et se prévient.

Les pertes cognitives sont, elles aussi, souvent considérées comme banales. Pourtant, même s’il est vrai que le cerveau exécute moins efficacement certaines fonctions, il peut encore acquérir de nouvelles capacités. Cet organe répond très vite lorsqu’il est stimulé et il gagne en puissance, peu importe l’âge. Les problèmes de mémoire sont loin d’être une fatalité.

De la même façon, les muscles peuvent toujours se développer davantage. Ce n’est pas l’âge qui diminue les capacités physiques, c’est l’inactivité. Les seuls êtres humains qui ne peuvent pas maintenir leurs performances physiques pendant toute leur vie sont les athlètes d’élite, car ils ont poussé leur corps à son maximum. Pour les autres, il est toujours possible d’être plus en forme. Il n’y a pas d’âge au-delà duquel on est condamné au déclin.

Quelles conséquences ont ces préjugés?

Cela incite à se résigner et à endurer, même quand on pourrait encore améliorer son état ou sa qualité de vie. Et quand un professionnel de la santé entretient de telles idées reçues, c’est grave. Croire que certaines maladies sont normales avec l’âge, c’est oublier tous les autres facteurs qui influencent l’état de santé. Des facteurs sur lesquels on peut agir.

Alors, que peut-on faire pour améliorer son état de santé?

Même si on n’a aucun pouvoir sur la génétique, ses antécédents ou son âge, on n’est pas impuissant, loin de là. Ce qui rend malade, c’est surtout le tabagisme, la malbouffe, la suralimentation, l’inactivité physique… bref,
les habitudes de vie modernes. Et, sur ces éléments, on a une emprise réelle. Sans changer de vie du tout au tout, il suffit d’adopter une bonne habitude à la fois pour améliorer nos chances de vivre longtemps et en santé. Et il n’est jamais trop tard!

On pourrait inverser les effets du vieillissement?

On ne peut pas éviter les rides ou les cheveux blancs – des signes de l’âge qui sont immuables –, mais on peut renverser plusieurs autres processus. Le vieillissement est un mécanisme qui s’échelonne sur le très long terme. Tenter de le combattre, c’est un peu comme essayer de gagner une course contre la personne la plus lente du monde. On peut tous y arriver. Je traite des octogénaires qui parviennent à améliorer leur état en à peine quelques mois. Grâce à des exercices simples, ils améliorent leur équilibre et deviennent plus autonomes. 

Bien sûr, l’idéal est d’agir tôt, en prévention. Si on se donne vraiment la peine d’expliquer aux gens les bienfaits d’un mode de vie sain, qu’on leur propose un petit changement d’habitude plutôt qu’une pilule pour se soigner, je suis persuadé qu’on verra des progrès. Et puis, comme société, on a tout intérêt à faire ces changements. À long terme, la prévention coûte beaucoup moins cher que les médicaments.

C’est normal, à votre âge ? – Arguments musclés pour prendre votre santé en main, par Denis Fortier, Éditions Trécarré, 24,95 $

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