On consomme de moins en moins de lait de vache. Selon Statistique Canada, la consommation par habitant a connu une baisse de 21 % entre 1997 et 2016. Parallèlement, les ventes de substituts du lait sont à la hausse. La personne qui envisage de changer ses habitudes trouvera au supermarché une allée entière de boissons végétales: soya, noix de coco, riz, chanvre… Mais le produit le plus populaire est de loin la boisson d’amandes. En 2015, selon la firme Nielsen, les consommateurs américains en ont acheté plus de deux fois plus que de tous les autres «laits» réunis.
Les gens optent souvent pour la boisson d’amandes s’ils sont végétaliens, intolérants au lactose ou simplement parce qu’ils comptent leurs calories – la boisson d’amandes ne contient que 30 calories par tasse, alors que le lait 2 % en contient 129. Plusieurs se tournent vers la boisson d’amandes parce qu’elle serait meilleure pour leur santé, ainsi que pour celle de la planète. Mais est-ce bien vrai? Nous avons étudié les données scientifiques sur le sujet pour voir ce qui en est.
Elle est même excellente! La boisson d’amandes renferme la plupart des micronutriments– c’est-à-dire les vitamines et les minéraux – contenus dans le lait de vache. Les deux liquides fournissent environ 30 % de la dose quotidienne recommandée de calcium et contiennent de la vitamine D ajoutée, qui favorise l’absorption du calcium par l’organisme. Selon la nutritionniste Maria Ricupero, à moins d’avoir une alimentation très saine, il est difficile d’obtenir la dose recommandée de calcium sans consommer de lait ou un substitut de lait.
Pas tout à fait. Si l’on regarde les macronutriments – soit les protéines, les glucides et les gras –, le lait de vache a une plus grande valeur nutritionnelle. La clé est sa teneur en protéines: un verre de lait 2 % renferme 9 grammes de protéines, qui contribuent à la formation des muscles et procurent une sensation de satiété. «Je considère le lait comme un aliment presque complet, dit Maria Ricupero. Il constitue une bonne combinaison de protéines et de glucides, en plus des micronutriments.»
Probablement pas. On entend souvent que le lait de vache contient une quantité élevée de gras saturés (sauf le lait écrémé, bien sûr), tandis que la boisson d’amandes n’en contient pas. Toutefois, les plus récentes études laissent entendre que, pour les personnes en santé, l’ingestion de gras saturés n’augmente pas le risque de développer des maladies cardiovasculaires. La question n’est pas encore définitivement tranchée. Par contre, les résultats d’autres recherches nous disent qu’une consommation élevée de gras saturés accroît d’environ 14 % les risques d’infarctus. Selon Maria Ricupero, on peut consommer des gras saturés en quantité modérée. On ne doit pas se gaver de lait entier, mais avec deux ou trois verres de lait 1 % ou 2 % par jour, notre cœur ne sera pas affecté, à condition que le reste de notre alimentation ne soit pas très élevé en gras saturés.
Aucun lien clair n’a été établi à ce jour entre les produits laitiers et le cancer. Une consommation élevée de lait et de gras animal constituerait un facteur de risque de cancer de la prostate, et peut-être de lymphome non hodgkinien, mais ces liens restent à confirmer par des recherches plus poussées. Le lait ne semble pas influer sur le risque de cancer du sein, le type de cancer le plus souvent diagnostiqué chez les femmes. (À cet égard, la boisson de soya n’augmente pas non plus le risque de cancer du sein. En fait, elle pourrait même le faire diminuer.)
Probablement. On a reproché à la boisson d’amandes la grande quantité d’eau que sa fabrication requiert – il faut un peu plus de quatre litres d’eau pour chaque amande cultivée, et la plupart des amandes proviennent de la Californie, où les épisodes de sécheresse sont fréquents. De son côté, la production de lait exige également des tonnes d’eau. De surcroît, les vaches sont une source importante de gaz à effet de serre à cause du méthane produit par leur système digestif – chaque vache agirait autant sur le réchauffement climatique qu’une automobile. «La production de lait et de produits laitiers en général nécessite beaucoup de ressources, souligne Maria Ricupero. Nos choix en tant que consommateurs ont un impact réel sur notre santé, mais aussi sur celle de la planète.»
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine