Plus d'écrans, une couleur en vogue, l'envie d'anonymat, la beauté 3.0 et plus encore. Voici nos tendances 2015.
Encore plus d’écrans!
On ne regarde plus la télé comme avant : on fait du rattrapage sur Tou.tv et sur son enregistreur numérique, on regarde les vidéos poilantes de YouTube sur son téléphone intelligent ou sa tablette... Quelles seront les nouveautés ?
Shaw et Rogers se sont associés pour donner la réplique à Netflix. Shomi, leur service de vidéo en continu, n’est pour le moment offert qu’à leurs abonnés au câble et à Internet (donc, pas encore au Québec). Bell s’apprête aussi à lancer le sien, qui comprend des centaines d’émissions déjà diffusées de la chaîne HBO.
La chaîne HBO, qui a révolutionné la télé en proposant ses séries originales de qualité, rendra son contenu accessible en ligne cette année. Le service sera payant (exclusivement offert aux internautes américains).
Le téléviseur ne disparaîtra pas. « Le nerf de la guerre, c’est le contenu. Et le plus grand bailleur de fonds demeure l’industrie de la télévision, dit André H. Caron, professeur en communication à l’Université de Montréal. Selon lui, il y aura toujours de grands événements sportifs et des émissions comme Tout le monde en parle, que le public voudra regarder en temps réel.
Netflix poursuit sa production de contenu original avec sa série Marco Polo. La plateforme a aussi signé un contrat juteux avec l’acteur Adam Sandler, dont les quatre prochains films ne seront diffusés que sur Netflix. La suite de Crouching Tiger, Hidden Dragon (Tigre et Dragon 2) sortira simultanément sur Netflix et dans des cinémas IMAX l’été prochain.
Un prénom : Paul
Il y a eu Éluard, Claudel, Gauguin, Cézanne. Il y a encore McCartney, Bocuse, Piché... En 2015, il y aura Paul à Québec, film tiré de la bédé de Michel Rabagliati, et l’ultime apparition de Paul Walker, décédé au cours du tournage du septième Rapides et dangereux (en salle le 10 avril). Combien de petits Paul s’ensuivront ?
Le futur, c’est maintenant
Ce n’est plus de la science-fiction : en 2015, pour le prix d’une console de jeu, soit entre 300 et 400 dollars, il sera possible de se procurer un casque de réalité virtuelle. L’appareil dont on a le plus entendu parler est le fameux Oculus Rift, créé par une filiale de Facebook, mais d’autres entreprises, dont des québécoises, travaillent à élaborer leurs versions. Le monde des jeux vidéo se verra complètement transformé, mais ce type d’appareil trouvera aussi des applications dans des domaines comme le tourisme virtuel. Et c’est déjà commencé ! Par exemple, une dame atteinte d’un cancer, incapable de se déplacer, a pu visiter la Toscane, assise dans son salon.
Tout petit,la planète
On les associe souvent à la solitude. Pourtant, les réseaux sociaux soulèvent des élans de solidarité qu’on ne peut ignorer. Ils sont devenus de puissants vecteurs de changement, selon Jessica Bennett, chroniqueuse au magazineTime. « Les motsu2011clics créent des discussions, abattent les frontières et, par la force du nombre, donnent de la visibilité à des causes importantes. »
À l’été 2014, le #IceBucketChallenge est devenu un phénomène quasi planétaire. #SaveMaiDuong a permis
à cette maman québécoise atteinte de leucémie de recevoir une greffe de cellules souches de sang de cordon ombilical.
À l’automne, la vidéo Dix heures de marche à New York dans la peau d’une femme a mené au #CatCall, qui dénonce cette forme pernicieuse de harcèlement public. L’affaire #Ghomeshi, du nom de l’ex-animateur de la CBC congédié pour violences sexuelles, aura suscité un fort mouvement de dénonciation. S’emparant des mots-clics #BeenRapedNeverReported et #AgressionNonDénoncée, des milliers de femmes ont confié leur histoire jusqu’ici tue par la honte. Puissant revirement.
Une couleur : gris
Le gris a brisé le monopole du noir comme couleur de base. Hermès, Stella McCartney, Ralph Lauren et Calvin Klein l’ont tous décliné dans leurs collections 2015 : de l’anthracite au souris en passant par le « gris glacier ». Élu couleur Pantone du printemps, il se marie à tout et devient même un incontournable sur nos ongles et nos yeux.
On en parle depuis des mois, et on aura enfin la réponse le 14 février : 50 nuances de Grey sera-t-il aussi sulfureux au grand écran que sur papier ? Jamie Dornan (Axel de Fersen dans Marie-Antoinette), l’acteur qui enfilera la fameuse cravate grise de Christian, a d’ores et déjà annoncé qu’on ne le verrait pas entièrement nu...
Le pays grisonne. Cette année, le nombre d’aînés (65 ans et plus) au Canada va dépasser celui des jeunes de 14 ans et moins – au Québec, c’est chose faite depuis 2011.
Anonymat recherché
De façon paradoxale, l’étalement de notre vie sociale sur Facebook, Twitter et autres Instagram crée un nouveau besoin : la discrétion virtuelle. Il y a évidemment des applis pour ça. Alors que Facebook se contente d’offrir des statuts réservés à des auditoires choisis, Whisper et Secret permettent de partager des confidences publiquement et de recevoir des commentaires sans jamais divulguer son identité. Avec Snapchat, prisé par les ados, on envoie des photos et des vidéos éphémères : après visionnement, elles s’autodétruisent, comme dans un film de James Bond.
On y adhère...
Au sport couture, soit des fringues haute performance créées par des designers. En plus de Stella McCartney, le géant Adidas a recruté la jeune créatrice Mary Katrantzou pour concevoir des chaussures de course et des leggings à l’image de son style éclaté. Le Brésilien Pedro Lourenço a imaginé pour Nike des articles luxueux et épurés. Plus près de nous, Andy Thê-Anh – connu pour avoir habillé plein de stars d’ici alors qu’il avait sa propre griffe – signe depuis quelques saisons déjà les collections de la marque québécoise Lolë.[Sophie St-Laurent]
L’honnêteté et la transparence
Voilà les premières qualités que les membres des générations Z et Y recherchent chez leur employeur, selon Dan Schawbel, auteur et chroniqueur au Time et au Forbes. Avec les réseaux sociaux qui ne laissent pas de place à l’erreur et permettent de colliger quantité d’informations, les candidats exigeants sont très à l’affût des valeurs relayées par l’entreprise ciblée.
Beauté 3.0: place aux outils technos nouvelle génération
Le simulateur de maquillage en réalité augmentée Makeup Genius, de L’Oréal Paris, transforme cellulaire ou tablette en miroir virtuel permettant de tester des fards (en ligne ou scannés au point de vente). D’un réalisme saisissant, il rend parfaitement les couleurs, les textures et la brillance des cosmétiques, même sur un visage en mouvement.
À l’aide d’un album de clichés, l’application Beautiful Me détecte la teinte de la peau et des cheveux et fait des recommandations personnalisées de nuances de fond de teint et de fards, de rouges à lèvres et de colorations maison dans différentes marques. Pas d’une justesse à toute épreuve (notamment pour le fond de teint), mais c’est un bon départ pour celles qui peinent à choisir leur palette de couleurs.
Je fais, donc je suis
La crise économique de 2008 avait fait renaître le Do it yourself (DIY), la mode du « faites-le vous-même ». Cela se poursuit et va aujourd’hui au-delà du tricot, des petits pots et des trucs déco. On peut faire pousser ses pleurotes (champignons-maison.com et champi.ca), concocter divers laits végétaux, élaborer son propre kombucha, un thé fermenté produit avec le champignon du même nom, et chouchouter ses pousses de moutarde ou de radis. Même la bière maison revient en force :
au dernier Salon international de l’alimentation (SIAL), les kits de l’entreprise new-yorkaise Brooklyn Brew Shop ont remporté un grand prix (on goûterait bien à leur Grapefruit Honey Ale).
On ralentit
« Pas besoin de nouveaux gadgets pour méditer : tous les équipements nécessaires sont préinstallés dans le produit, c’est-à-dire vous », pouvait-on lire récemment dans le San Jose Mercury News, quotidien de la capitale de la Silicon Valley en Californie. Les habitants de la région, qui compte 6 000 entreprises de haute technologie – Apple, Facebook, Google... –, se mettent de plus en plus à la méditation. C’est un signe.
On se dépasse: ce qu’on doit essayer en 2015 pour être dans le coup.
Oser l’ultramarathon (50, 100, 150 km). Le demi, le marathon, c’est trop facile (?).
Courir un mille. De plus en plus de compétitions d’un mille (1,6 km en métrique) s’organisent en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne. Le Wall Street Journal prédit que la discipline pourrait battre en popularité les épreuves d’endurance. D’autant qu’un coureur de mille tire les mêmes bienfaits santé de son entraînement qu’un marathonien.
Adopter le CrossFit. De la fonte à soulever ? Une série de squats à exécuter vite, vite, vite ? Le CrossFit impose son rythme et son intensité dans un esprit de camaraderie. « C’est un programme complet : flexibilité, coordination, puissance, agilité… », dit Mike Deboever, entraîneur et propriétaire de Reebok CrossFit YUL, à Dollard-des-Ormeaux. Un succès foudroyant. En 2014, 210 000 crossfitters se sont affrontés en vue de se qualifier pour les championnats mondiaux de CrossFit ; en 2007, ils étaient 70. Et, l’été dernier, la Québécoise Camille Leblanc-Bazinet, a remporté les honneurs chez les femmes.
Dans son assiette, on mettra...
Plus de légumes, même au dessert.
Le restaurant Laurea, piloté par le gagnant de l’émission Les Chefs ! – La revanche, Hakim Chajar, sert un crémeux à la betterave et une mousse à la courge musquée. Le réputé Europea offre maintenant un menu dégustation végétalien de l’entrée au dessert.
Des algues.
On en consommait déjà grâce aux sushis, parfois accompagnés d’une salade de wakamé, mais elles investissent désormais le rayon collations, grillées et assaisonnées. On en trouve même chez Costco et Walmart.
Le riz noir.
À ne pas confondre avec le riz sauvage, cette variété à grains courts est riche en antioxydants et se caractérise par un goût de noisette. Et il faut dire que ça change du riz blanc !
Le prêt-à-manger haut de gamme.
Il y avait déjà les plats de viande cuits sous vide de l’entreprise Le chef et moi, et les produits surgelés Cool&Simple. Jérôme Ferrer d’Europea a lancé en 2014 des plats sans agents de conservation et aux ingrédients locaux – chez IGA. Qui lui emboîtera le pas ?
Les productrices
Elles sont de plus en plus nombreuses à investir la production de films, une sphère encore dominée par les hommes. Aux pionnières toujours actives – Lorraine Richard (Le grand verglas, à venir), Denise Robert (Le vrai du faux), Nicole Robert (King Dave, à venir) et Bernadette Payeur (Journal d’un vieil homme, à venir) – s’ajoutent une pléiade de jeunes productrices. Celles-ci lanceront toutes un film au cours de la prochaine année. Fanny-Laure Malo (Sarah préfère la course) : l’adaptation de la pièce de théâtre Yukonstyle ; Nancy Grant (Mommy) : Félix et Meira ; Karine Vanasse (Polytechnique) : Paul à Québec ; Félize Frappier (L’autre maison) : Ville-Marie, avec Monica Belluci ; Kim McCraw (Gabrielle) : Endorphine.
On n’a pas fini d’en parler...
Le référendum
C’est en mai qu’on saura qui prendra les commandes du Parti québécois. Ça risque de jaser référendum, surtout que 2015 marque les 35 ans du premier et les 20 ans du deuxième.
Justin Trudeau
Le chef libéral caracole en tête des sondages. Mais a-t-il des chances de se retrouver à la tête du pays ? « Oui. Le nom Trudeau a une certaine résonance ici et le fait d’être un chef de parti plus jeune et plus dynamique que les autres l’avantage. Sans compter que les conservateurs sont moins populaires qu’avant », affirme le politologue Luc Turgeon de l’Université d’Ottawa.
Les femmes
L’automne dernier, les femmes ont pris la parole sur la place publique. Et elles ne se tairont plus. « Rien n’est acquis, beaucoup reste à faire. Mais le féminisme est un mot moins tabou », dit Martine Delvaux de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM. Il était temps !
Nouveaux mots
Télézarder : s’écraser dans un canapé devant un écran (couch potato). Terme glané sur le web mais pas (encore) approuvé par l’Office québécois de la langue française.
Infobésité : le nouveau « mal » de notre époque, la surcharge d’informations qui arrivent par de multiples canaux (télé, Internet, mobile, tablette).
On s'en souviendra...
Il y a 15 ans... le décès de Dédé Fortin.
Il y a 40 ans... l'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne au Québec.
Il y a 75 ans... le droit de vote des femmes au Québec.
Il y a 150 ans... la création d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll.
Sources : Bilan du siècle de l’Université de Sherbrooke et Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM.
On va attendre encore un peu
Rajeunir grâce à son propre sang ? On utilise de plus en plus le plasma riche en plaquettes (ou PRP) pour traiter les rides et ridules autour des yeux et de la bouche, les cernes ou les cicatrices d’acné. Le sang du patient est prélevé, centrifugé, mélangé à un produit gélifiant, puis réinjecté. « On fait appel aux propriétés régénératrices des plaquettes qui, lorsqu’elles sont réinjectées dans les tissus, stimulent la formation de collagène et d’élastine et le renouvellement cellulaire », explique le Dr Manish Khanna, dermatologue et spécialiste en médecine esthétique à la Clinique PEAU.
Ils sont de retour
Le pantacourt
Après une réapparition timide l’an dernier, voilà que le pantacourt fait son come-back ! On ne parle pas ici d’un skinny de longueur capri, mais bien d’un pantalon habillé à cuisse ample dont l’ourlet caresse le mollet.
Berrof et Chartier, dans 19-2
Presque deux ans après la finale explosive de la deuxième saison, le duo formé par Claude Legault et Réal Bossé, également idéateurs de la série, reprend du service. Dès janvier à ICI Radio-Canada.
Pink Floyd
Qui vient tout juste de lancer The Endless River, son premier album studio depuis 20 ans. Un événement
que les fans n’espéraient plus.
Un grillon avec ça ?
Plusieurs populations d’Asie, d’Afrique et d’Amérique centrale croquent des insectes. Allons-nous les imiter ? Voici trois bonnes raisons de le faire, selon Marie-Loup Tremblay, fondatrice d’uKa Protéine, rare entreprise d’ici à vendre des insectes pour la consommation.
La valeur nutritive
« Ils fournissent une grande quantité de protéines et de nutriments en peu de volume. Ils remplacent les suppléments alimentaires. »
Le plaisir
« Je les aime beaucoup dans les quiches, les sautés, les salades. En France, on commence à apprécier le croustillant des sauterelles et des grillons à l’apéro. »
Le bien de la planète
« L’élevage des insectes est écologique. Ils se reproduisent vite et mangent peu. Selon l’ONU, l’entomophagie pourrait aider à combattre la faim dans le monde. »
C'est chaud!
Les négociations entre les syndicats des employés municipaux et les villes doivent débuter en 2015. Le point avec Richard Guay, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.
Pourquoi cette agitation autour des fonds de pension ?
Parce que les régimes de retraite n’ont jamais coûté si cher ! L’espérance de vie a augmenté et les taux d’intérêt ont diminué. Aujourd’hui, avec des taux inférieurs à 4 % sur les obligations gouvernementales, la valeur d’une rente à vie indexée de 50 000 $ par an pour un policier de 55 ans dépasse le million de dollars. Les villes n’ont plus la capacité de payer et le citoyen n’a pas envie de voir son compte de taxes augmenter, alors que près de la moitié des travailleurs québécois n’ont aucun coussin pour leurs vieux jours. Ils n’auront que les prestations du Régime de pensions du Canada et de la Régie des rentes du Québec (RRQ).
Ces conditions généreuses résultent pourtant d’une série d’ententes négociées et ratifiées en toute bonne foi…Bien sûr, les pompiers et les policiers ne les ont pas « volées ». N’empêche que les villes ne peuvent plus honorer leurs promesses. L’État cherche donc à établir de nouvelles règles. Le projet de loi 3 vise à encadrer la part de la masse salariale consacrée aux régimes de retraite et le partage 50-50 de leurs coûts et déficits. Le 31 mars, les conventions collectives des employés municipaux viendront à échéance : les syndicats et les municipalités doivent trouver un terrain d’entente, sans quoi un arbitre devra trancher en tenant compte de la capacité de payer de ces dernières. Je m’attends en 2015 à ce que les négociations mènent à des rentes moins généreuses ou à un recul de l’âge de la retraite, en plus d’une hausse des cotisations pour les travailleurs.
C'est chaud!
Terreur signée EI
On ne les connaissait pas encore il y a un an. Les combattants de l’État islamique (EI) se sont retrouvés sous les projecteurs après avoir diffusé leurs crimes odieux : des décapitations de journalistes et d’humanitaires occidentaux. Des représailles, disent-ils, aux frappes aériennes américaines en Irak et en Syrie, auxquelles participe le Canada. « Obama veut permettre au gouvernement irakien de reprendre le contrôle du pays, dont de vastes pans sont passés entre les mains des djihadistes. Et, dans une Syrie déchirée entre le régime de Bachar al-Assad, l’EI et divers groupes d’opposition, aucune partie n’est assez forte pour gagner », dit Thomas Juneau, expert du Moyen-Orient à l’Université d’Ottawa. Il prévoit que le terrorisme inspiré par l’EI contre des intérêts occidentaux – attentats à petite échelle et attaques de loups solitaires – persistera au cours des prochains mois.
C'est chaud!
Climat : où est le Canada ?
Le climat se réchauffe – on le sait. Le débat porte maintenant sur les façons durables de limiter les dégâts causés par l’activité humaine. À la fin de l’année 2015, tous les décideurs convergeront vers Paris pour s’entendre sur un nouvel accord international afin de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C. Déjà, la Chine et les États-Unis, les deux plus importants pollueurs au monde, se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 15 ans. Silence radio du côté du Canada. «L’industrie pétrolière fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il évite de limiter la consommation d’énergies fossiles. En ce sens, le Canada fait cavalier seul sur la scène internationale », note le biologiste Dominique Berteaux, expert en biodiversité nordique à l’Université du Québec à Rimouski. Contrairement aux grands-messes précédentes, la conférence des Nations unies Paris Climat 2015 s’annonce décisive. « Les réunions préparatoires laissent penser que les pays sont prêts à agir, précise-t-il. Parce que les questions environnementales vont déterminer l’économie et le bien-être des populations dans l’avenir. »
C'est froid!
Russie : la ruée vers l’Est
En froid avec ses alliés occidentaux, Vladimir Poutine se tourne de plus en plus vers le géant chinois et ses voisins. Après tout, la Russie est aussi une puissance asiatique.
À l’origine de ce revirement : l’Ukraine, qui fait pourrir les relations du triangle Washington-Bruxelles-Moscou depuis le début de 2014. Il y a eu d’abord l’annexion de la Crimée à la Russie, puis la guerre dans l’Est ukrainien, où le Kremlin continue d’appuyer les séparatistes prorusses en fournissant armes, véhicules militaires et aide logistique. Le cessez-le-feu signé début -septembre ne semble pas embêter Poutine...
Lassés, Bruxelles et Washington ont déclaré la guerre... économique au régime russe à coups de sanctions. Piqué au vif, le « tsar » a répliqué par son propre embargo sur les importations de produits agroalimentaires d’Europe et d’Amérique du Nord – hormis le vin français et autres bonnes choses de la vie –, puis a lorgné l’Asie, son carnet de commandes et son chéquier en main.
Les premières récoltes sont abondantes : accord de 400 milliards de dollars pour fournir la Chine en gaz pendant 30 ans, protocole en vue de construire un TGV Moscou-Pékin au coût de 230 milliards de -dollars, -renforcement du commerce avec la Thaïlande et les pays environnants pour acheter leurs fruits et légumes, etc. Le Kremlin reluque aussi les économies japonaise,
sud-coréenne et même nord-coréenne, cette dernière étant aussi – surprise ! – la bête noire des Occidentaux.
Ralentissement en vue
En juin dernier, des prévisions annonçaient une nouvelle récession pour 2015. Qu’on se rassure, ni le Fonds monétaire international ni la Banque du Canada n’entrevoient ce scénario catastrophe. Au contraire. Ce qui préoccupe plutôt l’économiste Pierre Fortin, c’est l’économie locale. « Pour revenir à l’équilibre budgétaire, le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, a annoncé qu’il freinerait l’augmentation de la dette de façon à la faire passer de 9 à 5 milliards pour l’année 2015-2016 en sabrant les dépenses publiques. Le risque, c’est que ces coupes rapides entraînent, sinon une récession, du moins un ralentissement de la croissance économique. » Avec, comme résultat, un marché de l’emploi qui déprime.
Le Plan Nord en rappel
L’automne dernier, le premier ministre Philippe Couillard ressuscitait fièrement le Plan Nord, lancé en grande pompe par son prédécesseur, Jean Charest, en mai 2011. À quoi va ressembler cette nouvelle version sans le « facteur wow » qu’on lui avait insufflé à l’époque pour créer un engouement ? « À des projets réalistes, concrets, durables », répond Yves Bégin, vice-recteur à la recherche et aux affaires académiques, à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Le plan de match :
Primo, mettre sur pied l’Institut nordique du Québec, qui sera formé de chercheurs de l’Université Laval, de l’Université McGill et de l’INRS, et qui agira à titre de conseiller scientifique et technique pour le développement et la conservation du territoire.
Secundo,préparer le terrain pour accueillir les industries – minières pour la plupart – et relancer l’exploration. « On entre dans un monde nouveau dépourvu de routes, aux conditions climatiques difficiles et aux cultures différentes, rappelle Yves Bégin. On doit veiller à offrir aux communautés locales et aux travailleurs migrants des services adéquats. »
Tertio, rattraper le temps perdu, et vite. « Tandis que le Plan Nord a été mis sur la glace, d’autres pays, comme le Chili, ont pris de l’avance dans la course aux capitaux », poursuit-il. À court terme, toutefois, l’économiste Pierre Fortin ne s’attend pas
à des miracles. « La baisse des cours mondiaux des ressources naturelles et minières n’encourage pas les investissements. Les retombées viendront plus tard. »
À surveiller : les différents aspects du Plan Nord seront présentés lors d’une conférence à Québec, les 25, 26 et 27 février 2015.
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