Facebook a eu un impact majeur sur ma vie, puisque c’est là que mon écriture a été remarquée, un peu comme certains chanteurs sont découverts sur YouTube. Ça m’a amenée à changer de métier, passant de gestionnaire de projets en marketing à conceptrice-rédactrice. Depuis, j’ai suivi un cours de scénarisation et je suis en train de terminer mon premier roman.
Par ailleurs, la plateforme est un poste d’observation essentiel pour moi dont le travail est de créer du contenu pour le web. Je vois des tendances se dessiner à travers le comportement des utilisateurs. C’est d’autant plus enrichissant que j’y trouve un bassin de gens aux intérêts très diversifiés, qui ne pensent pas forcément comme moi.
Dans un autre registre, le réseau social m’a permis de me rapprocher de mon père, qui déteste le téléphone, mais adore écrire… On se visite plus souvent maintenant, car nos échanges virtuels ont solidifié nos liens. Aussi, Facebook m’a aidée à soigner davantage mon style d’écriture, en partie à cause de la conscience du regard des autres sur moi. Quand j’étais pigiste, je décrochais presque tous mes contrats par l’entremise du réseau social, alors ça m’a rendue plus sensible à l’impact de mon image. Je ne publie pas n’importe quoi et je lis les articles avant de les partager ou de les commenter.
J’ai horreur que les autres publient des trucs sur mon mur en m’identifiant. C’est à moi de décider ce que je veux bien exposer. Un jour, un ami m’a nommée dans un commentaire qui disait que je détestais tel artiste, mais il s’est trompé de nom – il a plutôt mentionné celui d’une chanteuse que j’aime beaucoup avec qui j’avais déjà travaillé… Heureusement, j’ai pu l’effacer rapidement.
On accuse souvent Facebook de voler trop de notre temps. Cette lecture est selon moi erronée. C’est simplement que certaines de nos activités se sont déplacées sur cette plateforme. Je pense aux heures que je passais au téléphone dans le passé, par exemple, ou à la correspondance écrite que j’entretenais sur papier et plus tard par courriel. C’est vrai, ça ne remplace pas l’oreille attentive d’un ami qu’on rencontre face à face. Mais il faut prendre Facebook pour ce que c’est : un canal où on peut alimenter des discussions sur divers sujets, découvrir de nouveaux trucs et rire.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Le trop-plein d’émotions. Il faut se contenir un peu… À force de parler de frissons, d’amour, de bonté, de papillons et de grands sentiments, ça devient un peu artificiel. Et puis les appels à tous pour trouver la meilleure marque de balayeuse, un resto indien ou un B&B en Ouganda… C’est tellement paresseux! Et peu efficace, parce que les avis donnés ne sont pas nécessairement les plus éclairés. Si tu cherches des conseils sur une caméra, pourquoi ne pas écrire en privé à un photographe professionnel? Ou consulter des sites spécialisés qui regroupent des experts.
Pour moi, Facebook est une sorte de journal personnel doublé d’un moyen d’échange avec les autres – je suis très sociable et curieux, j’adore rencontrer de nouvelles personnes. Je suis du genre à envoyer des demandes d’amitié à des gens que je ne connais pas, mais dont j’aime le ton et la personnalité sur le réseau social. Parfois, ces rencontres se transportent dans la « vraie vie », d’autres fois elles se limitent à des blagues et à des mots d’esprit échangés en mode virtuel.
Le réseau social permet aussi à des énergumènes de ma trempe de s’exprimer librement, de «tester» des trucs, à la limite. J’aime beaucoup parler du quotidien de manière rigolote. L’un de mes classiques: scénariser les actions les plus plates au monde – passer l’aspirateur, récurer la baignoire – à la manière des descriptions de films dans le télé-horaire. Un truc assez curieux: je me suis créé un personnage de bougon sur Facebook, alors qu’en réalité, je suis doux comme un agneau. Par exemple, il m’arrive d’écrire «Cet échange me lasse» à des amis lorsqu’une discussion s’éternise, ou «Trop de mots. Bye» dès qu’un statut dépasse trois lignes et demie! Tout le monde sait que c’est juste pour rire, évidemment… Mais c’est devenu ma marque de commerce.
À part ça, Facebook a joué un rôle important lorsque je suis sorti du placard, il y a cinq ans. C’est à travers cette plateforme que j’ai annoncé mon homosexualité à mes amis – pas sur mon mur, mais par messagerie privée, dans des courriels collectifs. Les bouffées d’amour et les encouragements virtuels que j’ai alors reçus m’ont fait le même effet que de vrais câlins. Peut-être parce que je suis extrêmement sensible aux mots…
Ceci dit, le réseau social a aussi ses revers. Je porte encore les stigmates de conflits qui ont dégénéré alors que je tentais de les régler par l’entremise de la messagerie privée – il n’y a rien de plus malsain et anxiogène! Parce que le ton de l’autre nous échappe. Maintenant, je privilégie les échanges en personne quand il y a risque de dérapage. Un regard fuyant ne ment pas, contrairement à un message longuement réfléchi et envoyé six heures après le fameux «Vu à 04:22»…
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Le vaguebooking – vous savez, ces gens qui font des statuts nébuleux, genre «Certains devraient réfléchir avant de parler… En tout cas, je me comprends!» Ou ceux dont le seul but dans la vie est d’annoncer le premier «R.I.P. Untel» quand une personnalité décède. Quand un événement majeur éclate, je décroche de FB, car ça devient trop cacophonique. La déferlante d’opinions m’agace au plus haut point.
Certains jouent à des jeux vidéo; moi, je joue à Facebook. C’est le réseau social récréatif des gens de ma génération. J’y ai beaucoup développé ma créativité, utilisant la plateforme comme un laboratoire d’écriture. Souvent, des gens que je croise me disent qu’ils aiment me lire et me demandent même à quand le roman! Ça me surprend, ça me fait plaisir et ça m’intimide à la fois… J’ai du mal à admettre que mes propos comiques ou tendres ou punchés peuvent les intéresser. En même temps, ça m’encourage à continuer.
D’autre part, je me sers régulièrement de la fonction «Événements» pour planifier les rencontres avec mes amis. Tout le monde commente sur la page, on rigole, on peaufine l’organisation… Bref, la fête commence avant son heure et se poursuit après, lorsqu’on partage nos photos.
Oui, le réseau social prend de la place dans ma vie – je réalise d’ailleurs qu’il meuble désormais le moindre temps d’attente entre deux tâches. Mais ça n’a pas d’impact négatif. Je ne me fabrique pas de vie glamour pour épater la galerie, je ne me compare pas aux autres non plus. Et puis, je ne me suis jamais mis les pieds dans les plats parce que je filtre mes propos. Ma règle d’or: un statut ou un commentaire qui ne saurait se retrouver sur un panneau publicitaire le long de l’autoroute 15 sans porter préjudice aux autres ou à moi-même n’a pas d’affaire sur Facebook! Ce n’est pas tant affaire de censure que de jugement.
Autre règle d’or: je ne suis pas amie avec mes anciens amours sur le réseau social. Question de ne pas se torturer le cœur inutilement. Je connais les limites de ma sensibilité et je me respecte. Mon ex, de qui je suis divorcée depuis 10 ans, m’a fait plusieurs demandes d’amitié. Chaque fois, je réponds: «Es-tu fou!» Ça va bien entre nous, assez pour qu’on prenne un verre ou un café ensemble lorsqu’il vient chercher notre fils ou qu’à l’inverse je vais le reconduire chez lui pour la semaine. On se texte des jokes, on travaille à la même école… Mais à chacun son univers virtuel! Je ne veux pas d’interférences dans notre relation harmonieuse.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Le cynisme. Mais quelle est donc cette mode? Il y a des gens qui se croient au-dessus de la mêlée parce qu’eux ne s’émeuvent ou ne se surprennent d’aucune situation. À leurs yeux, ceux qui se joignent à des mouvements de solidarité – envers les femmes autochtones agressées sexuellement, par exemple – sont des hypocrites ou des imbéciles heureux, puisque demain, on va supposément passer à autre chose, comme si de rien n’était. En fait, ils sont moralisateurs et prétentieux! Ils n’ont pas le désir ou la force de se bouger le cul, alors ils nous disent que ça ne sert à rien, en adoptant un humour noir souvent mal maîtrisé, d’ailleurs. Ils se complaisent dans leur noirceur et cherchent à nous y entraîner. Les jérémiades concernant des banalités m’irritent aussi: «Ah non, pas de la neige!», «Ah non, c’est lundi», ou «Ah non, j’ai pas le goût de me lever ce matin»…
J’ai d’abord rejoint Facebook pour le plaisir de retrouver des gens perdus de vue depuis longtemps. Mais j’ai vite eu envie de faire des commentaires sous les statuts des autres pour engager des conversations.
Et puis, c’est devenu mon agenda culturel – c’est surtout là où j’entends parler des lancements, des vernissages et des cinq à sept qui pourraient m’intéresser.
La plateforme est aussi pour moi une vitrine à travers laquelle je m’exprime – photographie, poésie, peinture, illustration… Bref, un média personnel. Ma vie professionnelle m’amène souvent à faire des bons coups que je ne me gêne pas de partager. Et puis, j’ai pris goût à lire les réactions que mes publications provoquent; du coup, je les multiplie! D’ailleurs, je ne les réserve pas qu’à mes amis: mon profil est public afin de donner à qui le veut l’occasion de me connaître.
J’ai fait plusieurs belles rencontres sur Facebook qui se sont étirées au-delà du virtuel, entre autres des femmes avec qui j’ai vécu des histoires d’amour. Même si ce n’est pas une plateforme pour trouver l’âme sœur, et qu’il faut éviter le piège des illusions, les profils permettent quand même de découvrir des facettes d’une personne – les romans qu’elle lit, les sujets d’articles qui l’intéressent, son type d’humour. Je suis séduit par la vivacité d’esprit qui perce parfois au travers des commentaires et des statuts. C’est souvent l’étincelle menant à un premier rendez-vous. Je n’ai jamais eu de choc en rencontrant une amie Facebook «en vrai», sauf quelques-uns très positifs. Probablement parce que je ne joue pas de rôle sur le réseau social et que je cherche cette même authenticité. Ce qui ne veut pas dire que je publie tout ce qui me passe par la tête: il m’est arrivé de freiner des envies de partager des moments trop difficiles, de m’autocensurer pour ne pas inquiéter des proches, par exemple. Mais je suis plutôt de type «livre ouvert», en personne comme en mode virtuel. Un émotif qui s’assume!
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook La méchanceté de certains. Et les Joe connaissant – ils pullulent! Ça prend un brin d’humilité parfois.
J’ai adopté Facebook parce que presque tous ceux que je connaissais y étaient. Notamment mes deux fils et une nièce que j’apprécie beaucoup. C’était plus facile de garder le contact avec eux sur cette plateforme! J’ai tout de suite aimé la possibilité d’avoir des communications rapides et instantanées. Quand j’étais jeune, je correspondais avec des gens d’outre-mer grâce au magazine français Salut les copains. Ça prenait une éternité avant de recevoir leurs lettres! Jamais, jamais je n’aurais pu concevoir qu’un jour on aurait un tel accès au monde entier, comme ça… Pour moi, c’est fascinant.
Le réseau social m’a aussi permis d’améliorer mon travail de formatrice auprès des médiateurs familiaux. Avant, bon nombre abandonnaient faute de soutien. Maintenant, ils peuvent me joindre à tout moment via le groupe secret que j’ai créé à leur intention. Je suis là pour répondre à toutes leurs questions et leur donner des conseils.
Bien sûr, ça me coûte du temps et de l’énergie. Depuis mon adhésion à Facebook, je lis moins de livres, par exemple. Aussi, quand je pars en vacances, je reste toujours un peu ici, puisque je vais consulter mon fil d’actualité et mes notifications. Mais c’est mon choix: la plateforme prend la place qu’on veut bien lui donner dans nos vies. Entre médiateurs, on s’échange aussi toutes les actualités qui concernent le métier; ça permet de se garder à la fine pointe. De manière plus personnelle, partager ainsi mon expérience et mes connaissances me valorise beaucoup. Je peux mettre en application les valeurs de partage et d’entraide que je préconise.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Ceux qui publient des photos des mets qu’ils sont en train de préparer, ou de leur repas au restaurant. Grrrrr… Et les gens qui changent leur photo de profil chaque semaine!
Facebook a pris une plus grande place dans ma vie quand mon fils est né. Je sortais beaucoup avant, mais depuis que je suis père, mon temps est compté. Alors je me sers de la plateforme pour avoir des nouvelles de gens que j’ai moins l’occasion de fréquenter maintenant, et parfois même pour vivre certains événements par procuration – la vidéo d’un concert et les commentaires de ceux qui y assistaient me donnent une idée de l’ambiance, par exemple. Reste que rien ne remplace les échanges entre amis autour d’un verre.
Les relations virtuelles me paraissent plus superficielles, même si je m’amuse beaucoup à participer à certaines conversations et que j’ai développé des affinités avec des personnes que je connaissais pourtant déjà avant. Facebook m’a permis de découvrir d’autres facettes de leur personnalité. Mais pour moi, ça reste de l’ordre du divertissement – je ne m’en sers pas du tout pour le travail, ni pour me réaliser, ni pour promouvoir des idées. Par contre, j’ai élaboré un petit concept quand mon enfant est né, il y a deux ans. Chaque semaine, je mets en ligne une photo de lui avec une pancarte qui indique: «Bonjour, j’ai x semaines aujourd’hui et…» (j’insère un commentaire sur ce qu’il vit ou un truc lié à l’actualité). Beaucoup de gens semblent apprécier et ça m’amuse aussi, même si c’est un peu fastidieux! En même temps, je nous fabrique de précieuses archives.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Les gens qui t’identifient dans une publication faisant la promotion d’un événement auquel tu n’assisteras pas (et ils le savent). Ceux qui s’inventent une vie qui ne reflète pas leur réalité, juste pour se valoriser (je l’avoue, certains de mes amis FB me tapent sur les nerfs, mais je ne me désabonne pas de leur page parce qu’une partie de moi se divertit de leur vanité). Et enfin, une mention spéciale à ceux qui pensent que Bill Gates va leur donner des millions de dollars s’ils partagent une publication… Sérieusement!?!
J’ai adhéré au réseau social pour garder contact avec un joli garçon rencontré à une soirée du jour de l’An, et qui habitait loin de chez moi… Mais avec le temps, ce qui était d’abord un outil de socialisation s’est transformé en plateforme essentielle au développement de ma petite entreprise, L’atelier de l’Arbre Mécanique. Les albums photo de mes projets me donnent de la visibilité auprès de clients potentiels. Ça me permet également de nouer des liens avec d’autres artisans, avec qui je finis parfois par collaborer. En fait, les ventes via le réseau social totalisent au moins le quart, sinon le tiers de mes revenus. Je suis donc assez prudente dans mes publications. Pas question de m’afficher pompette sur des photos de party!
J’ai aussi ouvert une page personnelle en marge de celle de mon entreprise, où je n’accepte pas les demandes d’amitié de mes clients. Ça en a froissé certains, mais lorsque j’explique mes raisons, ça finit souvent par passer.
Je trouve que ma relation au réseau social a gagné en maturité – je ne vais plus vérifier cinq fois par jour si telle personne a répondu à mon message, je ne réagis plus aussi vivement à des statuts que je juge atroces pour éviter les argumentations futiles, je choisis mes «amis» avec plus de précaution, et j’y pense à deux fois avant d’écrire des niaiseries. Car oui, j’ai déjà gaffé… Un jour, j’ai voulu taquiner un ancien prof d’université qui venait de publier une photo sur son profil. J’ai écrit: «Ha, ha! Ce n’est pas ta meilleure!» Il m’a répondu du tac au tac qu’il s’agissait de la photo de son frère décédé trois jours plus tôt, et que c’était pour annoncer ses funérailles… Précisons à ma décharge que les deux frères se ressemblaient beaucoup! Inutile de dire que j’étais morte de honte. Jamais personne n’a effacé un commentaire aussi vite. Et je me suis confondue en excuses… Heureusement, il a pris la chose en riant.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Un mauvais français combiné à des états d’âme récurrents qui ne veulent rien dire. Exemple: «Si seulemen CÈTE persone savait tous se que j’ai fai pour elle… Mais je ne le dirai pa pour son bien… ». Ça et le chialage non constructif, et les règlements de compte publics…
Ma fréquentation de Facebook a beaucoup augmenté depuis que je suis à l’étranger. Pour ne pas perdre de vue ma famille et mes amis… Et ne pas être oublié! À une époque où on ne prend plus vraiment le temps d’envoyer des courriels, et encore moins d’appeler, c’est un moyen extraordinaire de maintenir les liens avec ceux qui nous sont chers. Le grand avantage, c’est que lorsqu’on se revoit après une longue absence, on n’a pas à répondre à la question: «Bon, qu’est-ce que tu deviens?», puisqu’on le sait déjà mutuellement (si l’autre est aussi actif que soi sur Facebook, bien sûr). Ainsi, la conversation peut reprendre comme si on s’était vus la veille, sans le sentiment d’avoir cent ans à rattraper.
J’utilise aussi énormément le réseau social dans le cadre de mes fonctions de diplomate. La présence assidue sur Facebook et Twitter est devenue une exigence au travail, si bien que j’y passe au moins trois heures par jour, si j’additionne les visites sur ma page personnelle et sur celle de l’ambassade. On se sert des médias sociaux pour promouvoir et défendre les intérêts du Canada à l’étranger. Je prépare du contenu en anglais, en français et en allemand, je réponds aux messages privés, je surveille ce que publient nos alliés et nos adversaires, je partage, «j’aime», je corrige… Je ne manque rien et je vois absolument tout ce qui paraît sur mon fil de nouvelles. Est-ce que ça m’accapare trop? En tout cas, ça m’accapare beaucoup!
Il m’arrive de me sentir un peu pathétique le soir quand je suis encore branché à Facebook pendant que mon amoureux regarde un film… Une ou deux fois par année, pendant les vacances, «j’accepte» le fait de n’être pas en ligne… Mais pas plus qu’une semaine! Bref, je ne baisse pas souvent la garde. Psychologiquement, c’est difficile de vraiment décrocher, et ça contribue à une certaine fatigue professionnelle. L’adage voulant que tout soit une question de dosage est chose plus facile à dire qu’à mettre en application, du moins dans mon cas.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Le vaguebooking, genre: «Pire journée de ma vie. Don’t ask.» Si tu n’as pas envie de partager, ou que tu ne peux pas, n’en parle pas sur les médias sociaux! Aussi, il y a parfois des choses que j’aurais préféré ne pas savoir concernant certaines personnes. Des choses que je n’aurais sans doute jamais apprises, n’eût été Facebook, et je ne m’en porterais pas plus mal!
J’utilise Facebook pour propager la bonne humeur. J’essaie d’accrocher un sourire au visage des gens au moins une fois par jour grâce à des statuts le plus souvent humoristiques – je relaie des images et vidéos comiques, par exemple. Ça semble fonctionner, puisque lorsque je me fais plus rare sur le réseau social, mes amis m’en parlent!
Cela dit, au début, ça a créé des tensions avec des proches plus âgés qui trouvaient que «j’étalais» ma vie privée sur Internet. Selon l’une de ces personnes, mentionner sur Facebook «mon verre de vin du vendredi» risquait de me faire passer pour une alcoolo. Nous avons eu une bonne conversation à ce sujet et, aujourd’hui, elle comprend mieux.
Sinon, je me sers surtout de la plateforme pour être au fait de ce qui se passe dans la vie de mon entourage sans avoir à leur parler directement. Pas que cela me déplaise, au contraire, mais ce n’est pas toujours possible, à cause du boulot et des enfants.
Les membres de mon réseau sont presque tous des personnes importantes dans ma vie. Au début, j’acceptais n’importe qui – des collègues moins proches, des connaissances… Mais j’ai décidé de rétablir mes critères. Maintenant, je m’interroge: est-ce que je souhaite que cette personne soit témoin de mes activités et de mes impressions? Pour moi, Facebook n’est pas un concours à savoir qui a le plus grand nombre d’amis. C’est un moyen de communiquer avec des gens importants pour moi, point à la ligne.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Les statuts tels que «Si tu as un frère que tu aimes, partage ceci»… Ça pollue le fil d’actualités pour rien! Je l’aime, mon frère. Pas besoin de partager un truc pour le démontrer.
Si j’avais des préjugés à l’égard de Facebook, ils ont tous fondu. Sauf un: c’est bel et bien un lieu de procrastination! En tant qu’intervenante psychosociale, j’ai constaté dans ma pratique que Facebook peut avoir un impact négatif sur les études, l’activité professionnelle et même la vie de couple. Perso, j’essaie d’assainir mon usage compulsif en déterminant des endroits sans Facebook, mais c’est dur sur le moral, car je me sens un peu dépendante. Il faut dire que la plateforme m’a empêchée d’être démunie socialement. Je continue d’être au courant de ce qui se passe dans ma famille à Dakar, au Sénégal, et je me suis fait trois grands amis que je n’ai pourtant jamais vus en chair et en os: l’un est au Japon, l’une en France, l’autre en Afrique.
C’est aussi par l’entreprise du réseau social que j’ai hérité de la bibliothèque d’un professeur de philosophie à la retraite, une collection sur le savoir et le féminisme. À mon agréable surprise, à la suite d’une annonce, des amis Facebook que je n’ai jamais rencontrés, mais qui ont de la sympathie pour mes écrits, se sont organisés pour aller chercher les livres chez mon donateur, les ont empaquetés et me les ont livrés.
Sinon, je me sers de Facebook pour militer pour les droits des femmes, ceux des enfants en Afrique, et contre les inégalités et les injustices sociales. Le réseau m’a permis de connaître virtuellement d’autres militants avec qui je me suis impliquée dans des activités concrètes.
Sur ma page, je parle aussi souvent des drôleries du quotidien, de mon beau chien shih tzu chanteur, Hannibal, de mon métier de travailleuse sociale et de mes expériences de vie comme immigrante. J’aime beaucoup l’espace et la liberté d’expression que m’offre Facebook, liberté que je n’avais pas dans mon pays d’origine avant l’ère des réseaux sociaux. J’ai reçu des commentaires de Sénégalaises saluant ma dénonciation des injustices religieuses faites aux femmes sur Facebook. Elles partagent mes points de vue, mais n’osent pas parler à cause de la pression sociale. Je lance parfois des débats qui peuvent générer 500, 600 commentaires. Cela dit, j’ai appris qu’on peut parler de tout, mais pas avec n’importe qui. Aussi je me suis fait des catégories d’amis en fonction de certaines caractéristiques: «ouverts d’esprit», «conservateurs et patriarcaux», «très sensibles»… Comme ça, quand j’aborde des sujets délicats, mon public est déjà ciblé. Ça m’évite d’avoir à gérer des plaintes et des pleurs. Il m’est arrivé de devoir inviter des gens très émotifs à se désabonner de mes publications quand j’avais, par simple curiosité intellectuelle, confronté la religion et la science.
Des comportements qui m’éneeervent sur Facebook Ces inconnus qui m’envoient des fleurs en privé sans raison m’énaaarvent vraiment beaucoup, ainsi que les salutations d’inconnus, du genre «bjr» ou «slt». Ils attendent et n’ont rien à dire de plus. Je les ignore ou les somme d’arrêter.
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Depuis une vingtaine d'années, Marie-Hélène Proulx décortique des enjeux qui touchent de près la vie des lecteurs – conditions de travail, habitudes alimentaires, impact des réseaux sociaux, célibat, solitude, maladie mentale, discrimination… Peu importe le sujet, ce qui la passionne, c’est de rencontrer des gens et raconter leur histoire. Elle a remporté de nombreux prix de journalisme.