Société

J’ai changé de vie: d’employée de banque à infirmière, Andrea Dos Santos Bastos

Quand Andrea Dos Santos Bastos a décidé de changer de vie, elle n’a pas fait les choses à moitié… Non seulement a-t-elle quitté le Brésil pour s’installer au Québec, alors qu’elle ne connaissait pas un mot de français, mais elle en a aussi profité pour retourner sur les bancs d’école et changer complètement de carrière. Tout au long de ce parcours jonché d’écueils, elle n’a jamais perdu sa détermination.

Photo: Louise Savoie

Ce que je faisais avant
J’étais employée dans une banque à Salvador de Bahia, ma ville natale. Diplômée en administration, je m’occupais entre autres de ressources humaines, de gestion de portefeuilles et de vente d’assurances.

Ce que je fais maintenant
Je suis infirmière. C’était mon rêve d’enfance ! Je travaille au département d’endoscopie à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal. J’adore ça, car je me sens utile.

Ce que j’aime de mon nouvel emploi
Je sens que j’apporte quelque chose aux gens, que j’ai une influence directe sur leur santé. Au Brésil, j’aidais aussi les clients dans leurs finances, mais je devais d’abord et avant tout rapporter de l’argent… à la banque. Et la pression en ce sens devenait très forte. Il fallait atteindre des quotas de plus en plus élevés. Je détestais ça.

J’ai choisi le Québec parce que…
À vrai dire, je ne connaissais pas le Québec. Mais j’ai assisté à des conférences tenues par le gouvernement québécois au Brésil dans le but d’attirer des immigrants. Et le côté européen qu’on trouve ici, tout en étant en Amérique du Nord, ça m’a tentée. Et pour tout dire, les procédures d’immigration étaient très simples et pouvaient se faire en portugais.

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Des regrets ?
Aucun. J’aime la diversité culturelle de Montréal. Ici, les gens goûtent à tout, sont ouverts à la différence. On ne trouverait jamais ça aux États-Unis. Il y a bien sûr des petites choses qui m’ont étonnée. Comme le fait que les gens ne se touchent pas. Au Brésil, si tu accroches quelqu’un par mégarde, tu t’excuses tout en lui mettant une main sur l’épaule. Sinon, tes excuses n’auront pas l’air sincères. J’ai fait ça une fois à Montréal, et la dame a reculé pour éviter que je la touche !

Ce qui me caractérise
Je crois que je suis courageuse et déterminée. J’ai été refusée huit fois en techniques infirmières au cégep. Mais, à chaque nouvelle session, mon français s’améliorait et je retentais ma chance. J’ai fini par demander une rencontre avec la directrice du programme pour comprendre ce qui n’allait pas. Elle a regardé mon dossier, a sans doute vu ma détermination, et m’a dit de refaire une demande d’admission. Et cette fois, ça a marché !

Après le DEC, le baccalauréat ?
Oui, j’y tiens. Même si mon travail me passionne, je veux devenir infirmière clinicienne. Une journée par semaine, je me rends à Trois-Rivières, à l’UQTR, où j’étudie à temps partiel pour obtenir mon baccalauréat. J’en ai pour environ quatre ans. Et si un jour le diplôme universitaire devient obligatoire pour pratiquer les soins infirmiers, je serai prête.

Photo: Louise Savoie

Le plus difficile quand on immigre, c’est…
De tout recommencer à zéro. Au Brésil, j’avais un emploi stable à la banque, je faisais partie de la classe moyenne. Je suis allée à l’école privée, j’avais une assurance maladie privée… En arrivant au Québec, j’étais analphabète ! On ne m’acceptait même pas comme bénévole parce que je ne parlais pas français. Alors je me suis vite inscrite à des cours de francisation. C’était ma priorité. J’ai suivi des cours pendant un an et demi, tout en travaillant à temps partiel. J’ai rempli des boîtes de chaussures dans un entrepôt du nord de la ville, j’ai été hôtesse dans un restaurant du Vieux-Montréal, entre autres.

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Et tout retour en arrière était exclu ?
Le Brésil est un pays extrêmement dangereux. On ne peut pas marcher seule dans la rue. On peut se faire voler sa voiture à un feu rouge, en se faisant pointer un fusil sur la tempe. Des enfants sont pris dans des échanges de coups de feu et meurent à cause d’une balle perdue. Alors non, je ne retournerai pas au Brésil. J’aime mieux affronter les hivers québécois et les tempêtes de neige plutôt que de replonger dans cette violence. Rien ne peut remplacer le sentiment de sécurité qu’on a ici.

Ce qui me manque de mon ancienne vie
Je m’ennuie de ma famille, de mes amis d’enfance, de la température du Brésil. Heureusement, mes deux jeunes frères m’ont suivie au Québec et ma mère vient souvent me visiter. Elle m’aide beaucoup à m’occuper de Lucas et Bernardo, mes jumeaux de quatre ans.

La nouvelle Andrea est plus…
Consciente de la vie qui passe. En côtoyant chaque jour des personnes malades, souffrantes, je me rends compte qu’on a le pouvoir de prévenir certains problèmes. On va tous mourir, bien sûr, mais avec plus ou moins de douleur. J’agis sur ce que je peux contrôler. J’ai toujours bien mangé, je ne fume pas, je fais de l’exercice. Je suis très, très active. Si j’étais une enfant aujourd’hui, j’aurais certainement un diagnostic de TDAH !

Un conseil pour les femmes qui aimeraient changer de vie ?
De ne jamais, jamais se décourager. Faire d’importants changements dans sa vie, c’est emprunter un chemin qui n’est pas toujours fleuri. Ça touche l’estime de soi et l’amour-propre. Le découragement nous guette, mais il faut s’accrocher, toujours trouver des solutions. Si on se dit que rien ne nous empêchera de réussir, on va réussir. 

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