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Chaque année, on arrive à Noël épuisée et à la recherche de son esprit des Fêtes disparu on ne sait où. Pas étonnant, le Dollarama diffuse moult falalalalas et autres parapapampams depuis le 25 octobre. Il y a de quoi faire une overdose. Et si on tentait une désensibilisation ? On commence à écouter « Les anges dans nos campagnes » et « Vive le vent » dès le 24 juillet, au Noël des campeurs. Ainsi, le 24 décembre, on sera rendue à notre liste de lecture dance pour la plage, ce qui devrait nous motiver à recevoir la parenté pour le réveillon.
Parce que dans l’ancien temps, on n’avait pas beaucoup d’argent pis on faisait avec. Alors au lieu de se lancer dans les grandes dépenses pour des produits fancy alors que tout coûte de plus en plus cher à l’épicerie, on remet à la mode le ragoût de boulettes pis les beurrées d’mélasse. On peut même glisser une orange dans les bas de Noël, ça va rappeler des souvenirs à certains !
Il n’y a pas que les pneus qui peuvent être quatre saisons, sa déco intérieure aussi ! Un arbre de Noël d’Halloween ? Voilà un joli deux pour un bien festif ! Un lapin de Pâques de la Saint-Valentin ? Double ration de chocolat ! Il suffit de garder toute l’année des lumières extérieures vertes, bleues et rouges et la maison est prête pour le temps des Fêtes, le mercredi des Cendres, la Saint-Patrick, la Saint-Jean, la Fête du Canada, et l’Action de grâces.
Tant qu’à passer des heures à suer devant le four en s’essuyant les dessous de bras avec un linge à vaisselle, aussi bien profiter de ses plats jusqu’à l’année prochaine. On déjeune à la salade de macaronis un 29 décembre pis on snacke avec bonheur avec des restes de tourtière en regardant Ciné-cadeau parce que « eille, ça serait dommage de perdre toute cette belle bouffe-là ».
Comme ça prend du temps à mastiquer et à digérer, c’est l’aliment idéal pour faire taire mononcle ou matante qui commence à aborder des sujets délicats après deux ou trois verres de porto.
Déjà que se rendre au 25 décembre est un exploit en soi, v’là-ti pas qu’on regarde le calendrier avec horreur : partie de hockey avec Roger pis sa gang, multiples brunchs-qui-finissent-en-5-à-7 avec toutes les branches de l’arbre généalogique, sortie en ski avec les amis, marche au flambeau avec la belle-famille… Bref, Il ne reste que la case horaire du 29 décembre entre 16 h et 17 h 45 pour se relaxer.
Alors, on refuse deux invitations sur trois, au hasard. On se réjouit du doux son des enfants qui se plaignent de n’avoir rien à faire. S’ennuyer est non seulement gratuit, c’est aussi bon pour le cerveau, comme le soulignent de nombreuses études qu’on pourrait citer de mémoire si on s’en souvenait.
Elle est perdue d’avance, la lutte pour empêcher que tout le monde se ramasse dans la cuisine comme des mouches à fruits, à jaser autour de l’îlot, alors qu’on a passé des heures à décorer le salon. Et le fameux « ben non ben non, je vais faire ça avec Marc quand tout le monde va être parti, ça va prendre 15 minutes, je vous le dis frotter une croûte de lasagne sur le bord d’un plat en pyrex, ça me relaxe » qu’on dit à quiconque se saisit d’un linge à vaisselle, ça ne fonctionne pas non plus. Aussi bien vivre avec.
De toutes les traditions à aimer ou à détester, il n’y en a qu’une que l’on devrait abolir illico : celle d’avoir à « survivre » à Noël. On devrait, doucement, refuser de tout organiser, de tout consommer, de performer autant. On devrait avoir le droit de faire le strict minimum. Si possible en se bourrant de gâteau aux fruits (s’il en reste après la visite de mononcle Guy pis matante Sylvie).
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