Le metteur en scène Serge Denoncourt, qui ajoute ici une nouvelle corde à son arc, multiplie les contrats dans la ville lumière, travaillant sur l’adaptation du film La Haine, le spectacle musical Bernadette de Lourdes ou encore la création Je vais t’aimer, en hommage à Michel Sardou.
Dans la série magazine Serge à Paris, qui prend les ondes de TV5 le 13 septembre à 19 h, il échange avec diverses personnalités dans de multiples lieux de la capitale française, tout en évitant les clichés. Le résultat, par ailleurs charmant, nous en apprend autant sur Serge Denoncourt et ses invités que sur Paris. Entretien.
Dans quel coin de Paris a-t-on le plus de chance de vous croiser ? Pourquoi ?
Dans le 10e arrondissement, où je suis installé [NDLR : un quartier rempli de théâtres, dans le centre-est de Paris, sur la rive droite de la Seine]. Parce que c’est un quartier à la mode, mais qui est resté un quartier de Parisiens. Il n’y a pas tellement de touristes, mais il y a une population très mixte, très diversifiée.
Pourquoi vous mettre en scène dans une série ?
Un ami producteur m’a proposé de faire une série sur mesure pour moi. On ne m’a pas demandé de polir mon image, de ne pas dire ce que je pense. Tourner, je n’aime pas ça; ça m’énerve. Mais presque toutes les rencontres de Serge à Paris ont été importantes pour moi.
En introduisant la série, vous dites : « Paris, une ville aussi facile à aimer qu’à détester ». Qu’en aimez-vous ? Qu’en détestez-vous ?
La beauté! Il y a toute une culture des cafés, les gens sont dehors, on mange bien. Je ne veux pas tomber dans le cliché en disant que ce qui m’énerve, ce sont les Parisiens. C’est une ville difficile; les gens sont parfois rudes. Ils ont un ton qu’il faut apprivoiser. Cependant, ils ne sont pas susceptibles. Ils sont chiants, mais on peut leur dire et ils ne le prennent pas mal.
Avez-vous appris des choses sur Paris ?
À force de venir ici et de comprendre comment fonctionne la ville, je finis par savoir ce qu’il faut faire pour y passer un séjour agréable. Je réalise que les Parisiens sont impatients, et moi aussi. Ils ont un ton, et moi aussi. Je me suis rendu compte que je me moule très bien à Paris!
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La série nous permet de découvrir votre talent pour mener des entrevues. Comment avez-vous trouvé ce rôle ?
Je me suis rendu compte à quel point je suis curieux! Je pourrais faire des entrevues de trois heures tellement je suis intéressé par ce que les autres ont à dire. Je suis une grande gueule, mais j’ai aussi une bonne oreille. Je n’ai pas de plan d’entrevue à suivre, pas de fiche. C’est une conversation. J’étais très nerveux les premières fois. Finalement, le plaisir que j’y ai trouvé, ça a été une révélation pour moi.
Pensez-vous que la série permet de vous voir autrement? Plus sympathique et moins sévère ?
Je pense surtout que le public s’est habitué à moi. Je n’ai pas l’impression d’avoir changé. Je crois que, maintenant, les gens qui ne me trouvaient pas fin m’apprécient, car je dis ce que je pense. J’ai donc la chance de ne pas avoir besoin de mettre un filtre.
Dans un épisode, vous réagissez lorsqu’Anne Roumanoff vous dit qu’il ne faut pas fumer « à votre âge ». Avez-vous peur de vieillir ?
Mon dieu, mais tellement! C’est l’idée de ne plus comprendre le monde autour de moi, d’être dépassé. Ça me fait peur de voir des jeunes de 20 ans lever les yeux au ciel quand je parle. Être vieux, ce n’est pas si grave. Mais être un vieux con, ça serait grave.
Vous semblez admiratif de vos invités, sauf de Mathieu Bock-Côté. Pourquoi avez-vous voulu discuter avec lui ?
Je voulais comprendre d’où il vient, pourquoi il aime la France. J’avais lu qu’il aimait le débat civilisé, donc pourquoi pas? Malheureusement, il n’y a pas eu de débat, parce qu’il était un peu sur la défensive.
Y a-t-il une personnalité que vous auriez aimé rencontrer, mais qui a refusé ?
Il y a Brigitte Macron, qui a dit que son agenda ne le lui permettait pas. Les premières dames, ça me passionne. Je veux savoir jusqu’à quel point elles ont du pouvoir, de l’influence.
Vous êtes maintenant juge à l’émission Quel talent !. Quelle critique feriez-vous de votre propre série ?
Elle a des défauts, elle n’est pas parfaite. Les entrevues auraient pu aller plus en profondeur. Mais c’est une série authentique.
Ce serait quoi, votre prochain défi professionnel de rêve ?
Je m’amuse comme un petit fou. Je fais Serge à Paris et Quel talent!. Je monte La Haine, qui est une pièce adaptée d’un de mes films préférés. J’ai des projets, j’ai des offres. Je n’ai pas de rêves, mais je souhaite que ma vie continue de me surprendre.
Dans votre vieillesse, de quoi allez-vous vous souvenir parmi toutes vos réalisations ?
Rien. Ce qui va avoir marqué ma vie, ce dont je vais me souvenir, ce sont mes amitiés.