Photo: Gallimard / Scott Baxter
Javier vit une enfance heureuse au Salvador, avec ses grands-parents et sa tante, même si ses parents sont partis aux États-Unis pour fuir la guerre civile et la violence. Depuis leur départ, il y a quelques années déjà, Javier n’a qu’un rêve : aller les rejoindre. Il est donc comblé lorsque Don Dago, un spécialiste de la traversée vers Las Americas, accepte de l’emmener avec lui. Il est persuadé que, d’ici quelques jours, il serrera sa mère dans ses bras.
À son jeune âge, il ne saisit pas ce qu’implique un tel voyage. Il ne comprend pas qu’il ne pourra ni revenir au Salvador, ni revoir son papy et son abuelita de sitôt. Il ignore tout des motels miteux où il devra se terrer et du bateau à l’odeur d’essence et de vomi qui le mènera en haute mer. Au cours de ce voyage éprouvant commencé seul, il se liera d’amitié avec Patricia, Clara et Chino, qui deviendront sa famille, les raisons de sa survie.
À l’ère où les flux migratoires font souvent la une, cette histoire fait connaître les êtres humains qui les composent. Écrite du point de vue d’un enfant, elle nous rappelle que fuir son pays se fait souvent au péril de sa propre vie et entraîne le sacrifice de ceux qu’on aime. En résulte un livre poignant, ponctué d’expressions espagnoles, où la naïveté de l’enfance côtoie la lumière de la résilience.
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Javier Zamora est un écrivain et poète né au Salvador en 1990. Pour livrer ce récit autobiographique, il a dû affronter les lourds traumatismes de son enfance. La traversée qu’il raconte lui a permis de retrouver ses parents en Californie, où il a plus tard fait des études, à Berkeley.
Étudiant brillant, il obtient plusieurs bourses, mais il reste profondément malheureux. Sa thérapeute l’invite alors à dompter les douleurs de son enfance en brassant les souvenirs de ce périlleux voyage. Il commence donc la rédaction de Solito, qui allait se classer parmi les succès de librairie du New York Times en 2022.
À travers l’écriture, il se réconcilie avec le petit garçon qu’il était à 9 ans et se libère de la honte qu’il avait intériorisée en raison des discours anti immigration entendus dans les médias. Pour Javier Zamora, la littérature permet d’être un acteur de changement ; l’auteur met en mots les rêves d’un monde meilleur.
Plus qu’un récit, son livre est la prise de parole d’un immigrant à une époque où tous les yeux sont rivés sur la frontière qui sépare le Mexique des États-Unis. Le Salvadorien vit aujourd’hui à Tucson, en Arizona, une ville située au cœur du désert qu’il a dû parcourir dans le noir de la nuit, il y a plus de 25 ans.
Solito, de Javier Zamora. Traduit de l’anglais par Carole d’Yvoire. Gallimard, 498 pages
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De jour, Mali Navia est recherchiste pour diverses productions télévisuelles et radiophoniques. Elle prête aussi sa plume aux magazines Châtelaine et Elle Québec. De soir, elle est écrivaine. Son premier roman «La banalité d'un tir», a été finaliste au prix des Libraires 2023. Avide lectrice de littérature québécoise, elle signe la rubrique culturelle de Châtelaine depuis le printemps 2024.
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