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Compostage 101

Le compostage permet de nourrir le jardin et réduire les effets de serre. Voici comment faire.

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Ramassez vos restes de table, mélangez-les à de la terre et à des feuilles mortes, laissez macérer, pendant quelques mois, en remuant souvent, et vous obtiendrez du compost pour votre jardin. Voilà, en gros, en quoi consiste le compostage domestique. Mais ça ne s’arrête pas là, car composter, c’est aussi accomplir un geste écoresponsable, qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et comme le concept n’a rien de sorcier, toute la famille peut y participer!

Composter, ça donne… des tonnes de CO2 en moins!

Composter peut-il vraiment faire une différence pour la planète? « Oui! », répondent à l’unisson les spécialistes. Au Québec, en 2009, on estimait que, par personne, 810 kg d’ordures finissaient au dépotoir. Or, 44 % de ces déchets auraient pu être compostés, comme les feuilles mortes, le gazon coupé, les copeaux et les sciures de bois et, surtout, les déchets de table.

Le problème avec les sites d’enfouissement, c’est que les déchets y sont compressés en une masse compacte, dépourvue d’oxygène. C’est ce que les spécialistes appellent un milieu anaérobie. Privés d’oxygène, les micro-organismes qui permettent la biodégradation ne peuvent se développer. En revanche, d’autres micro-organismes, dits méthanogènes, prolifèrent et libèrent des molécules de méthane et d’autres biogaz nuisibles. « On estime que pour chaque molécule de méthane se dégagent 24 molécules de CO2 – gaz responsable du réchauffement climatique, explique Sophie Taillefer, agente de développement industriel chez RECYC-QUÉBEC. À l’inverse, le compostage, lui, se fait en milieu aérobie, avec oxygène, ce qui permet la biodégradation des résidus. »

Selon les chiffres avancés par l’organisme, pour chaque tonne de résidus organiques compostés plutôt qu’enfouis, on libère une tonne de CO2 en moins. Des chiffres pour le moins convaincants! D’autant plus que chaque personne peut générer annuellement 0,2 tonne de résidus organiques compostables, ce qui représente plus d’une demi-tonne pour une famille de quatre! Le geste compte donc vraiment et peut faire une différence, à grande échelle.

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Oui, mais que fait-on avec le compost?
Le compost ressemble à un terreau noir un peu humide – mais aucun liquide ne doit s’en échapper. En général, il dégage une odeur d’humus. Il peut être utilisé dans le jardin, le potager, les plates-bandes, les bordures de haies, et même pour le gazon.Le compost sert de paillis en retenant l’humidité au sol. Mélangé à la terre, il y joue le rôle d’éponge, retenant les nutriments du sol, comme l’azote, le potassium et le phosphore, contribuant ainsi à nourrir la terre. Il permet une meilleure oxygénation du sol et y retient l’eau. Il pourrait aussi protéger vos plants de certaines maladies.

Convaincue? Alors, à vos composteurs!
Pour composter, il vous faut… un composteur! Il s’agit d’un immense bac de plastique ou de bois, préférablement. Le prix pour un modèle domestique peut varier de 50 $ à 250 $. Pour une famille de quatre personnes avec un petit jardin, un composteur d’une capacité de 24 à 30 pi3 devrait suffire. On trouve plusieurs modèles sur le marché. « L’idéal est un composteur en bois très résineux, comme le chêne blanc ou le mélèze. Ce sont des bois qui résistent bien à la biodégradation. Le bois respire mieux que le plastique et est souvent plus esthétique », explique Sophie Taillefer. On peut également fabriquer le composteur soi-même. En ligne, il existe de nombreux modèles, relativement faciles à réaliser. Cette solution sur mesure n’est pas plus économique, mais elle constitue un projet familial intéressant, pour un week-end, et les enfants peuvent même décorer le bac. Dans tous les cas, le composteur devrait avoir deux ou trois compartiments. Dans l’un, on met le compost des derniers mois et dans l’autre, on amorce celui de l’année suivante. On peut aussi opter pour deux composteurs.

La bonne recette
Pour réussir le compost, il faut :
– Créer une couche de fond d’environ 20 cm de terre et de résidus bruns.
– Respecter la proportion d’une part de résidus verts riches en azote (gazon et restes de fruits et de légumes) pour deux parts de résidus bruns riches en carbone (feuilles mortes, paille, copeaux et sciures de bois).
– La meilleure technique est celle de la « lasagne », qui consiste à étager les matières vertes et les matières brunes, en alternance.
– S’assurer de conserver un bon taux d’humidité en arrosant, au besoin, sans oublier les coins.
– S’assurer que la température, dans le composteur, grimpe suffisamment pour favoriser la décomposition.
– S’assurer de bien oxygéner. On peut installer un aérateur ou remuer à la fourche, régulièrement.
– Être patiente. De six à sept mois sont requis pour que la chaleur, l’humidité, l’azote, le carbone, les bactéries et les autres petits insectes fassent leur travail.

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De la table au composteur
Voici la liste des déchets organiques pouvant aller au composteur domestique :

– Restes de fruits et de légumes
– Thé et café
– Coquilles d’œufs
– Restes de pâtes alimentaires
– Gazon coupé
– Fleurs fanées

Attention de ne pas mettre de pissenlits ou de graines de mauvaises herbes, qui pourraient se retrouver dans votre compost.

À ne pas mettre au composteur domestique
Dans un composteur industriel, la température monte rapidement et peut atteindre les 65 ou 70 C°, ce qui empêche la prolifération des bactéries dangereuses, comme la salmonelle ou l’E. coli provenant des résidus d’animaux, tels les os et la viande. Ce n’est pas le cas dans les composteurs domestiques, où le processus de décomposition est plus lent et où la température reste moins élevée. Voici donc une liste de ce qui ne doit jamais se retrouver au composteur domestique :
– Os, viandes, volailles et poissons
– Œufs
– Produits laitiers
– Huiles et graisses
– Pains
– Noix
– Plantes malades

Impossible de composter dehors?
Pour l’intérieur, il y a le lombricompostage, mais attention : c’est pour les mordues! La technique est relativement compliquée et peu recommandée pour les néophytes. Mais comme projet éducatif, à l’école, ou pour les mordues, le lombricompostage permet de composter à l’intérieur. Dans un immense récipient fermé, on concocte un mélange de terre et de résidus organiques, dans lequel on introduit de petits vers rouges, qui vont se transformer en agriculteurs. Les enfants peuvent participer en « nourrissant » le composteur et les vers – chose qu’ils adorent.

À noter : avec le lombricompostage, le choix des légumes et des fruits est plus limité, et les résidus doivent être coupés en petits morceaux. Le compost produit peut être utilisé pour les plantes ou le jardin.

Et le fameux bac brun?
C’est un bac, dans lequel on peut mettre presque tous les déchets de table, viandes et os compris. Les résidus organiques sont ensuite recueillis par un service de collecte, puis acheminés vers les sites de compostage municipaux. Le compost généré est utilisé dans les parcs et jardins publics ou acheminé vers le marché agricole. Une autre partie est envoyée dans les usines de biométhanisation, ce qui permet de récupérer les gaz produits et de les utiliser comme source d’énergie. Environ 7 % de la population québécoise a actuellement accès à ce genre de service, dans leur municipalité.

Des sites à consulter
Il existe une panoplie incroyable de documents en ligne sur le compostage domestique, les techniques, la recette et les composteurs.
La gestion des matières organiques, RECYC-QUÉBEC
Le Conseil canadien du compost

 

 

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