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Voyages et escapades

Voyage: retraite de yoga au Mexique

Pratiquer le yoga sur le bord de la mer pendant une semaine, c’est une expérience incomparable. Éprouvante, aussi. Oui, oui. Récit d’un voyage marquant à Tulum, au Mexique.
Par Johanne Lauzon
Voyage: retraite de yoga au Mexique

Retraite de yoga au Mexique

Voyage: retraite de yoga au MexiquePhoto: Balnea

L’arrivée, entourée d’étrangers

Mes jambes tremblent comme des feuilles prêtes à tomber à l’automne. Je prends une grande respiration pour ne pas m’écrouler sur le joli tapis de sol jaune citron.

Je suis à Tulum, repaire mexicain des bobos, pour participer à un voyage organisé par le spa Balnea. Au menu : fine cuisine santé et bien-être – yoga, massages, soins mayas… Fort alléchant, tout ça. Pourtant, en ce premier matin, entourée d’une douzaine d’inconnus, je ressens un malaise. Peut-être parce que je n’ai renoué avec le yoga que depuis peu. Photo: Balnea

Voyage: retraite de yoga au Mexique

Niveaux débutant, intermédiaire et avancé

Chien tête en bas, poisson, grand angle, triangle, charrue s’enchaînent à un rythme que je peine à suivre. Mes deux voisines s’y livrent avec l’agilité de ballerines des Grands Ballets et la légèreté de la Fée Clochette. Et voilà qu’elles se tiennent sur la tête et les bras, les pieds en l’air – la position du sirsasana. Éblouissantes!

« Oh! que la semaine va être longue ! » que je me dis. Je sais, je sais, cette discipline millénaire n’a rien à voir avec la performance et la compétition. (Pardonnez ma méprisable pensée.) La plupart des participants sont de niveau intermédiaire ou avancé. Heureusement, ce sont toutes des âmes bienveillantes. Photo: Balnea

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Voyage: retraite de yoga au MexiquePhoto: Balnea

Les larmes aux yeux

N’empêche que je dois faire un effort surhumain pour ne pas m’autoflageller sur la place publique. Je me sens comme une éléphante en tutu rose. Zéro flexible et maladroite. Et la moindre posture l’étale au grand jour. Je n’arrive même pas à toucher mes orteils avec le bout de mes doigts. Misère. Pourquoi donc n’ai-je pas le gène de l’élasticité?

Des émotions, parfois contradictoires, m’envahissent. Surtout la honte. (Les larmes me monteront aux yeux plus d’une fois au cours de la semaine.) Qui ne préfère pas rester dans sa zone de confort? Miser sur ses forces et oublier ses faiblesses? Toutes ces simagrées sur le fameux tapis jaune me font voir la réalité en face. Personne ne gagne en souplesse, en force et en coordination sans effort. Photo: Balnea

Voyage: retraite de yoga au MexiquePhoto: Johanne Lauzon

Savoir se donner du temps

Mon état mental m’accapare. Et me distrait des consignes de notre prof, Victor Varana, un gars qui ressemble plus à un décathlonien qu’à un maître yogi. Il clôt enfin la séance avec un doux chant rythmé par un tam-tam… Mon corps fatigué s’abandonne sur le sol.

Une fois la session terminée, Isabelle, l’une des participantes, m’interpelle. « Il faut se donner du temps, tu sais. Au début, Jean n’était même pas capable de faire ça », dit-elle en touchant le sol avec les paumes de ses mains. Jean, c’est son chum. «Maintenant, j’y arrive, dit-il, mais je sais que certaines autres postures sont hors de ma portée. Ce n’est pas grave », dit avec philosophie celui qui pratique le yoga chaud depuis cinq ans. Ce sont là des paroles rassurantes. Photo: Johanne Lauzon

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Voyage: retraite de yoga au Mexique

Séance au bord de la mer

À la suite de l’après-midi libre, tous se retrouvent au bord de la mer pour le cours animé par Karine Ricard, prof de yoga et chef de marque à Balnea. Elle est tout sourire devant ses élèves disposés en demi-cercle. Ce séduisant tableau inspire plus d’un touriste : certains s’arrêtent et nous observent, d’autres nous prennent en photo. Je suis tout sauf concentrée. Partout le sable s’infiltre. J’essaie de le balayer de mon tapis. D’abord de façon nonchalante, puis avec frénésie. Karine me sourit. « Respire », que je me répète. En position du cobra, je ne m’appartiens plus. C’est une séance d’exfoliation complète du corps ou quoi ? La prof s’époumone pour qu’on puisse suivre l’enchaînement, mais inutile de rivaliser avec le bruit assourdissant des vagues.

L’essai est si peu concluant que toutes les séances, en matinée comme en fin de journée, se dérouleront désormais sur l’immense patio adjacent à la magnifique villa toute blanche où logent la plupart d’entre nous – certaines chambres ont même une terrasse avec vue sur la mer. Photo: Studio Firma/Stocksy

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Jour 2 : tout n’est pas gagné

Dès 8 h, rendez-vous à la salle à manger. Sans se presser, on avale gruau, noix, fruits et smoothies avant d’aller suer dans la chaleur, qui se pointe déjà.

La séance débute par un exercice plutôt anodin : les jambes en lotus, on lève les bras en repliant les coudes, les pouces levés. Trente secondes, ce n’est rien. Mais cinq minutes ? Pénible. Très pénible. Victor se met à parler d’ego. De l’ego qui nous encourage à baisser les bras, à choisir la paresse. Mes épaules, mon cou, mes mains hurlent de douleur, mais le discours de Victor me fouette. Et puis, vais-je lâcher alors que, pour une fois, aucune habileté technique n’est requise? Photo: Balnea

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Le plus bel apprentissage

Il doit bien y avoir un tremblement de terre sous mon tapis : des soubresauts agitent mon corps jusqu’au bout de mes doigts. Je ferme les yeux. J’inspire, j’expire. Tout va mieux. « Ne vous laissez pas envahir par votre mental », dit Victor, qui fait montre d’un savant mélange de rigueur et de délicatesse. Plutôt que d’affronter la douleur, je la laisse me traverser. Et je me concentre sur ma respiration. « C’est bon! Relâchez… » Soulagée et fière, je jubile. N’est-ce pas l’ego aussi qui se manifeste? Photo: Studio Firma/Stocksy

Voyage: retraite de yoga au Mexique

Effet de groupe

Je n’arriverai pas toujours à tenir la pose jusqu’au bout, mais ça n’a pas d’importance. Parfois, repousser ses limites, d’autres fois, les respecter. À l’occasion, je sens monter la colère (pourquoi j’suis pas capable, maudit?), l’impuissance ou le découragement. Qu’importe. Chaque matin, chaque après-midi, je déroule mon tapis sur le patio. Et tout est possible.

À une exception près. Au milieu de la semaine, j’arrive au rendez-vous matinal à jeun et vaincue d’avance. À vrai dire, je préférerais marcher, courir, nager… Tout sauf répéter ces gestes qui me sont torture. Devant moi, Isabelle me tend la main : on se maintient ensemble. Touchant moment de solidarité. Et moi qui croyais que le yoga était un truc solitaire! De la complicité, il y en a entre nous. Jean qui me sourit en signe d’encouragement. Ou Geneviève qui, sans le savoir, me fait sentir moins seule : elle rouspète parce que « ça marche pas à matin ». Photo: Balnea

Voyage: retraite de yoga au Mexique

Le goût de la mer

Au fil des jours, les uns et les autres s’apprivoisent. Surtout autour des repas toujours fabuleux préparés par le chef S’Arto Chartier-Otis et son bras droit, Stéphanie Audet – gaspacho ; paella ; pieuvre grillée ; makis aux crevettes, langoustes et pomme verte ; salade de courgette grillée, prunes et fromage ; potage de chayotte, d’avocat et d’épinard, vivaneau entier cuit sur les braises…  Photo: Balnea

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La nourriture pour rassembler

On échange sur le sens de la vie ou on s’amuse à écouter les anecdotes racontées par les plus volubiles. Lysanne, artiste et femme d’affaires, Véronique, proprio d’un salon de coiffure, Sylvie, designer de mode, Carole, Chanel, Louise, Martine, Nadine, Isabelle… « La nature du voyage attire des gens ayant une certaine douceur », me confie avec justesse Stéphanie Émond, l’âme dirigeante de Balnea, qui fréquente Tulum depuis une dizaine d’années. Photo: Balnea

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La fête

L’esprit de camaraderie est à son comble le soir où l’on doit aller manger au resto chacun de son côté. Changement de programme : le chef S’Arto nous invite à rester à la villa, trop heureux de partager les prises offertes par un pêcheur. « Allez, viens! Pas besoin de te changer, on va se faire des drinks et on mangera des sashimis! » me lance-t-il au retour de la séance de fin d’après-midi. Moi qui adore le poisson cru… (Et il sera bon!) Ce souper improvisé se termine dans la bonne humeur aux petites heures du matin. Photo: Balnea

Voyage: retraite de yoga au Mexique

Beaucoup mieux

En ce lundi après-midi, le cours de yoga de Karine a lieu dans un superbe studio aménagé au-dessus du resto achalandé de l’hôtel Ahau Tulum. Comme à l’habitude, avant la séance, elle nous fait piger une carte sur laquelle est inscrit un trait de caractère, un état d’esprit ou une émotion. Pour moi, ce sera « transformation ». Et ça tombe pile. (Photo: Balnea)

Voyage: retraite de yoga au Mexique

La douceur du moment présent

Après quelques ennuis digestifs, j’ai repris la forme. Plus que jamais. Les réflexes aiguisés, je m’exécute avec aisance.

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Mes muscles se sont tonifiés et mon esprit s’est calmé. Mes mains réussissent même à toucher le sol quand je m’incline vers l’avant ! J’éprouve un grand sentiment de joie – et ce n’est pas de la fierté, c’est quelque chose de plus pur, de moins égoïste. Cet état m’étonne, me chavire. Est-ce ça, la plénitude? Pour la première fois depuis le début de la retraite, ma voix intérieure s’est tue. En moi, que le silence et le moment présent.

Le soir, on mange en gang sur la plage sous la pleine lune. Alvaro, le maître d’hôtel, S’Arto, Jean et Victor ont descendu l’imposante table de bois de la terrasse pour l’installer à deux pas de la mer. La soirée est douce.

Voyage: retraite de yoga au Mexique

La fin: reconnaissance

Quel privilège d’être avec ces gens qui, hier encore, n’étaient que des visages, des prénoms. Reconnaissante, je savoure chaque instant. L’apprentissage a été ardu mais gratifiant. Jamais une semaine loin de la routine n’aura été à ce point régénératrice. Photo: Balnea

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