Les huiles de soin ont pris leur place au rayon des cosmétiques. Mais des préjugés sur leur utilisation perdurent, comme la crainte de se retrouver avec une peau luisante ou une éruption de boutons.
Nous avons fait appel à quatre expertes pour mieux les connaître : Valérie Grandury, fondatrice de la gamme californienne de soins naturels Odacité, Jessica Berto, esthéticienne médicale et formatrice chez Project Skin, à Vancouver, Shannon O'Brien, présidente de l’agence de distribution de produits de beauté naturels Abundance Naturally et Jordanna Kavanat, esthéticienne chez Etiket à Montréal.
Une crème hydratante comporte une phase aqueuse et des humectants qui servent à augmenter la teneur en eau des cellules de la peau. Parmi ces principaux ingrédients, on retrouve les acides alpha-hydroxy, l’acide hyaluronique, l’aloès et la glycérine.
Quant à l’huile de soin, elle ne contient pas d’eau. « Elle nourrit, lubrifie et renforce la barrière cutanée en comblant les microfissures qui se forment dans les couches superficielles de l’épiderme. Cela a pour effet de freiner la perte d’eau qui s’échappe du corps », explique l’esthéticienne Jessica Berto.
La crème hydratante et l’huile de soin contribuent donc, chacune à leur manière, à maintenir un bon niveau d’humidité dans la peau. Elles agissent en complémentarité.
Le film gras et luisant, c’est de l’histoire ancienne. Les recherches en cosmétologie ont permis d’affiner les textures et de faciliter l’absorption par la peau. Plusieurs huiles ont un toucher sec et soyeux. Il ne faut pas se laisser rebuter par certains produits comme l’huile d’Abyssinie, plus visqueuse au toucher, mais qui est en réalité très légère. Si on est réticente à l’idée de mettre un corps gras directement sur son épiderme, on peut diluer quelques gouttes de l’huile de soin dans du gel d’aloès.
Alors que les huiles synthétiques et minérales (issues de la distillation du pétrole) sont comédogènes, les huiles végétales naturelles n’obstruent pas les pores et peuvent aider la peau, lorsqu'elles sont extraites correctement et non filtrées. C’est ce que déclare Valérie Grandury, fondatrice de la marque Odacité.
En fait, les huiles végétales n’ont pas toutes le même indice de comédogénécité, mesuré selon une échelle de 0 à 5. Certaines peuvent provoquer des réactions cutanées qui diffèrent d’un type de peau à l’autre. Une huile peut convenir pour une peau très sèche et créer une nuée de comédons sur un épiderme gras.
Parmi les variétés non comédogènes (indice 0), on retrouve notamment l’huile d’argan, de jojoba, d’avocat et de baobab. L’huile d’argousier, d’abricot, d’amande douce, de moringa, d’onagre et de marula ont un indice de 2. La plus comédogène est l’huile de germe de blé.
Toutes les peaux peuvent trouver leur compte dans l’univers des huiles. Outre leur fonction protectrice du film hydrolipidique, les huiles possèdent de multiples qualités : régénérantes, apaisantes, régulatrices, antioxydantes...
Elle manque de sébum, la substance huileuse sécrétée par les glandes sébacées. Pour elle, Valérie Grandury suggère l’huile de moringa, de marula ou de grenade, tandis que Jessica Berto recommande l’huile de jojoba ou d'argan. L'huile d'Abyssinie est aussi une autre excellente option car elle est riche en oméga-3 et en acides gras.
Soigner le gras par le gras ? Un concept connu depuis longtemps par les beautistas asiatiques. Certaines huiles contiennent des agents assainissants – comme le lotus ou le géranium – qui contrôlent la production de sébum et agissent sur les pores dilatés. Shannon O'Brien, présidente de l’agence de distribution Abundance Naturally, privilégie l’huile de rose musquée (aux bienfaits réparateurs sur les lésions d’acné) ou de pépins de courge (anti-inflammatoire). L'huile de chanvre, qui régule la production de sébum, est la préférée de Jessica Berto. Quant à Valérie Grandury, elle aime l’huile de nigelle, aux vertus antibactériennes, et celle de pépins de raisin, qui empêche l’apparition de points noirs, notamment.
L'huile d'açai et l’huile de figue de Barbarie sont réputées pour prévenir les signes de l’âge, selon Valérie Grandury.
Une huile de bonne qualité à ingrédient unique – comme le squalane – peut aider ce type d’épiderme. L’idéal, c’est de faire un test épicutané avant de l'incorporer dans sa routine beauté, d’après Shannon O'Brien.
On ne connaît pas son type de peau ni quelle huile choisir ? On consulte alors un dermatologue ou une esthéticienne. « Ce n'est pas parce qu'un produit semble génial qu'il convient à tout le monde », prévient Jessica Berto.
Un bon exemple : la très populaire huile de coco. Avec son indice élevé de comédogénécité de 4, elle ne fait pas bon ménage avec les peaux grasses ou à tendance acnéique, dont les pores ont tendance à s'obstruer. Par contre, les épidermes secs vont apprécier sa vitamine A hydratante, sa vitamine E antioxydante et ses acides gras saturés qui protègent la barrière cutanée.
On la choisit de préférence biologique. « Sinon, on s’assure que sa formule est exempte d’agents de conservation et de remplissage », précise Jessica Berto.
À rechercher aussi : un contenu riche en acides gras essentiels, en vitamines A et C, en bêta-carotène et en antioxydants (dont le lycopène, l’un des plus performants), d’après Shannon O'Brien.
« Les personnes peu familières devraient débuter avec une huile à ingrédient unique : églantier, argousier ou cumin noir », dit-elle. Elle fait l’éloge de l’huile d’églantier, car celle-ci est bourrée d’acide linoléique très hydratant, en plus d’être absorbée rapidement. Elle convient à tous les types de peau.
Il faut appliquer l’huile après la crème hydratante, puisque son rôle consiste à maintenir l’eau dans les tissus cutanés, fait savoir Valérie Grandury. Il suffit de masser 2 à 4 gouttes sur la peau, en douceur, avec la pulpe des doigts. Certaines personnes préfèrent la combiner au soin hydratant. Un geste à faire matin et soir (peaux sèches) ou le soir seulement (peaux mixtes et grasses).
L’huile peut être aussi utilisée en solo, comme soin à part entière, avant d’aller dormir.
On en réchauffe une petite quantité dans le creux de la main, puis on la tapote sur la peau nettoyée encore humide – elle ne pénètrera pas correctement sur une surface sèche.
Enfin, l’huile de soin sert pour les massages du visage avec des outils comme le gua sha ou le rouleau de jade.
On l’adopte aussi sans hésiter ! Elle nourrit l’épiderme et permet en prime de stimuler la circulation du sang et de la lymphe : idéal pour soulager les jambes lourdes et lutter contre la rétention d’eau et la cellulite.
« On masse toujours de bas en haut en commençant par les pieds et en remontant le long de la jambe jusqu’à l’aine. On peut aussi masser l’estomac dans le sens des aiguilles d’une montre pour faciliter la digestion, puis du bas du dos vers la poitrine et les aisselles, et finalement remonter des mains aux épaules pour terminer à l’arrière du cou », suggère Jordanna Kavanat, esthéticienne chez Etiket à Montréal.
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