« Me dépasser, c’est une drogue qui me permet de vivre des choses qui sortent de l’ordinaire. » Valentine Thomas satisfait ce désir grâce à la chasse sous-marine.
La vie de Valentine Thomas, qui a grandi sur le Plateau-Mont-Royal, a pris tout un tournant il y a cinq ans. Elle accompagne alors des amis à l’île de l’Ascension, entre les côtes africaines et sud-américaines, l’un des plus beaux endroits au monde pour faire de la plongée en apnée… et chasser. Armée d’un fusil-harpon, elle aperçoit un poisson, tire à bout portant et fait sa première capture : rien de moins qu’un spécimen de 12 kg ! « J’étais tellement fière. Je suis tombée amoureuse de ce sport », s’exclame-t-elle. Quelques jours plus tard, elle bat un record mondial en attrapant la plus énorme carangue à gros yeux (un poisson combatif à la robe argentée) jamais pêchée dans ce coin-là.
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Analyste financière à Londres, Valentine planifie par la suite tous ses congés en fonction de son nouveau loisir. Afrique du Sud, Zanzibar, Mozambique, Tanzanie, Corse, Grèce, Bahamas, Thaïlande – elle parcourt la planète pour traquer ses proies. « J’adore attraper ma propre nourriture et sentir cette formidable poussée d’adrénaline », dit-elle.
La pêche en apnée lui permet de renouer avec la nature. Ce sport est semé d’imprévus : on peut explorer les fonds marins, observer des tortues, croiser des poissons multicolores… mais aussi des requins ! « Quand je me trouve à 10 km des côtes ou dans des eaux dangereuses, je me sens toute petite et vulnérable, confie la chasseuse, qui est aussi à même de constater la fragilité des écosystèmes marins. Un mélange de peur, de fascination, de respect m’habite toujours. Car ce n’est pas parce qu’on tue un animal qu’on n’a pas de respect pour le poisson et pour l’océan. »
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Valentine s’est démarquée sur la scène internationale, décrochant des commandites de marques comme Oakley. Après cinq années passées à pratiquer son activité préférée à temps partiel, elle a déménagé à Miami en 2015 pour s’y consacrer pleinement. Elle aimerait créer une émission de télé sur la chasse sous-marine. « Je serais la fille la plus heureuse du monde si je pouvais être payée pour voyager, nager avec les poissons et faire des films », dit-elle. Déjà, elle a participé à un documentaire pour Canal + avant d’en réaliser un autre à son compte au Cap-Vert. Elle planche aussi sur la rédaction d’un livre sur les recettes primitives – des plats préparés sur le feu avec des ingrédients sauvages. Comme quoi il faut savoir vivre sa passion jusqu’au bout !
« Les sports d’action me rendent heureuse et m’aident à vaincre l’anxiété. » C’est pourquoi Dominique Granger pratique le surf et le kitesurf depuis 10 ans.
Il y a 10 ans, Dominique Granger, de Longueuil, a réalisé à quel point le sport lui faisait du bien. « Plus je bouge, mieux je me sens, fait-elle, tout sourire. La décharge d’endorphines que ça entraîne n’est pas désagréable du tout ! » Elle a choisi une activité parfaite pour sortir de sa zone de confort et repousser ses limites : le kitesurf, qui consiste à glisser à grande vitesse sur l’eau, debout sur une planche tirée par un cerf-volant spécial.
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Avant de prendre son envol, Dominique a toutefois dû surmonter un obstacle de taille : sa phobie de l’eau ! « Même si je savais nager, j’étais prise de crises de panique dans l’eau, dit-elle. Mais dès mon premier cours de kitesurf, j’ai tout de suite su que c’était ce que j’allais faire de ma vie. »
Après des études en kinésiologie, elle part pour Cape Hatteras, en Caroline du Nord, afin de devenir instructrice de kitesurf. Ses contrats de journaliste, animatrice, commentatrice sportive, photographe, traductrice et animatrice de réseaux sociaux, tous liés aux sports extrêmes, l’amènent à voyager partout dans le monde pour profiter des meilleurs sites de kite. Bref, Dominique a trouvé le moyen d’être payée pour jouer dehors ! « J’aurais du mal à travailler de neuf à cinq, dit-elle. Je suis incapable de faire ce que je n’aime pas. »
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« Le sport fait toute la différence dans ma vie. Il m’aide à combattre l’anxiété sans médicaments. » Dominique reste désireuse de partager avec les autres les bienfaits de ses activités à l’extérieur. Ainsi, à l’hiver 2015, elle a donné dans les écoles secondaires des conférences à titre d’ambassadrice de Fillactive, un organisme qui incite les adolescentes à bouger… juste pour le plaisir de la chose.
Toujours prête à partir, au moment où nous l’avons rencontrée, elle venait d’accepter un emploi de rédactrice sur les sports extrêmes pour Red Bull en Autriche.
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« Vivre à fond le moment présent, c’est le meilleur moyen de s’accomplir. » C’est en kayak de rivière que Shéril Gravel ressent le plus ce sentiment.
Shéril Gravel s’est retrouvée dans un kayak il y a sept ans. Et c’est devenu sa raison de vivre, été comme hiver ! « C’est rendu maladif, avoue-t-elle en riant. Tous les nouveaux rapides que je franchis représentent un accomplissement qui rehausse mon estime personnelle. » Après avoir terminé un baccalauréat en Intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi, la jeune femme a travaillé pendant trois ans comme kayakiste de sécurité, guide de rafting et instructrice au Québec et dans l’Ouest canadien. Ce qui lui a permis d’être sur l’eau tous les jours.
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Aujourd’hui installée à Saguenay, elle a trouvé le juste équilibre entre kayak, défis personnels et professionnels. Hors de l’eau, elle se réalise pleinement en organisant des événements d’envergure, entre autres pour le Grand défi Pierre Lavoie, les Jeux du Québec et le cégep de Chicoutimi. « Le kayak a changé ma vie, dit l’ancienne nageuse synchronisée. Je veux maintenant partager avec les autres tout le bien qu’il m’a apporté. » Avec deux amies, elle a lancé le mouvement Pink Water, dont l’objectif est de créer une communauté de kayakistes et de tenir un événement annuel d’initiation à l’eau vive pour les femmes.
Pour attirer le grand public, Pink Water propose un programme comprenant kayak de rivière, rafting, luge d’eau, yoga, massothérapie et bonne bouffe. « Pendant une fin de semaine, une gang de filles vivent une belle expérience. Avec des peurs, des pleurs, des rires, mais surtout du dépassement de soi. Ça crée une ambiance et une énergie très positives », résume Shéril.
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Lors de la première édition, au printemps 2014, plus de 70 femmes sont venues dompter les rapides de la rivière Mistassibi, au nord du lac Saint-Jean. L’année suivante, elles étaient 90. Devant ce succès, Shéril et ses collègues souhaitent développer un volet pour les moins de 18 ans et amener Pink Water sur la scène internationale. « On veut créer un mouvement mondial ! » Cette année, ça se passe les 18 et 19 juin.
« Aller au-delà de mes limites, c’est pour moi un mode de vie, » raconte Marie-Andrée Fortin qui pratique le ski, le vélo et la randonnée de longue durée.
Au cours des trois dernières années, Marie-Andrée Fortin a traversé le Québec en ski de fond, de Montréal à Kuujjuaq (plus de 2 000 km, en tenant compte des monts et des rivières), sillonné le Kirghizistan et une partie de l’Argentine en vélo, gravi deux fois le Kilimandjaro, en Tanzanie, et plusieurs autres montagnes du Maroc, de la Bolivie et du Pérou. Sans compter des séjours en Italie, en Espagne, en Alsace, en Inde et en Asie du Sud-Est ! En fait, plusieurs de ses voyages seraient considérés comme l’accomplissement d’une vie pour le commun des mortels.
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« J’ai attendu tellement longtemps avant de prendre ma vie en main », confie celle qui a enseigné au primaire pendant sept ans dans les Cantons-de-l’Est avant de devenir guide d’aventure pour diverses agences. « Si tu as un rêve, réalise-le ! » poursuit Marie-Andrée, qui trouve son inspiration auprès des gens qu’elle rencontre.
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Depuis deux ans, elle collabore à un programme sportif, à Kuujjuaq. Le but : inciter les jeunes − les filles en particulier − à faire du sport. Comment ? En mettant sur pied un club de ski de fond pour développer de saines habitudes de vie dans ces communautés. Une initiative prometteuse qui touche déjà une trentaine de jeunes. Et ses projets d’avenir ? « Difficile à dire, mais je vais continuer à écouter ma petite voix intérieure », répond Marie-Andrée. Pour l’heure, elle compte visiter les parcs de l’Ouest américain en mai, servir de guide en Europe en juin et juillet, puis s’installer en août à Kangiqsualujjuaq, où son copain, lui aussi guide d’aventure, vient d’accepter un contrat pour Parcs Nunavik. Reste à voir quelle nouvelle exploration s’offrira à elle dans le Grand Nord québécois !
« J’adore sortir de ma zone de confort, » confie Catherine Fleury au sujet de sa passion qu’est le vélo de montagne.
« Ça peut sembler bizarre, mais j’aime quand ça fait mal, dit Catherine Fleury, couverte de boue après une compétition à Saint-Félicien. J’ai le sentiment du travail accompli quand j’ai tout donné. » C’est pourquoi elle n’hésite pas à prendre des risques, filant à toute allure sur des sentiers sinueux, encombrés de roches et de racines.
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Malgré la peur, elle ne recule devant aucun défi, par exemple faire des sauts de près de deux mètres sur son vélo ! « Pour atteindre mes objectifs, j’y vais par étapes », dit-elle. Une philosophie qu’elle utilise aussi face aux obstacles de la vie de tous les jours.
Inspirée par son père, fondateur du club de vélo de montagne Cyclone d’Alma, elle a commencé dès l’âge de 10 ans à pratiquer son sport. Et, depuis qu’elle a gagné sa première course, à 14 ans, sa passion prend de plus en plus de place dans sa vie.
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Étudiante en médecine et membre de l’équipe canadienne de vélo de montagne (chez les moins de 23 ans), Catherine ne fait rien à moitié. « Pour pouvoir combiner vélo et études, j’ai dû renoncer à mes activités sociales. C’est exigeant », dit l’athlète, qui s’entraîne de 12 à 18 heures par semaine.
Pour tenter sa chance sur le circuit professionnel, elle a décidé de prendre une année sabbatique en 2015-2016. « Je veux voir jusqu’où je peux aller, sinon je vais le regretter plus tard », soutient Catherine, bien consciente qu’elle ne gagnera jamais sa vie avec le vélo.
Après avoir terminé troisième au championnat canadien et neuvième lors d’une manche de la Coupe du monde des moins de 23 ans en 2015, elle rêve maintenant de participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020… tout en terminant ses études en médecine. Et pourquoi pas, faire des compétitions encore longtemps, comme l’une de ses modèles, Gunn-Rita Dahle Flesjå, une Norvégienne qui continue d’être dans le top 5 mondial à 43 ans
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