Comment tenir vos résolutions? Suivez le guide!

Prendre des résolutions sans trop y croire, ça vous est déjà arrivé? La psychologue clinicienne Geneviève Beaulieu-Pelletier, aussi professeure associée au Département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal et autrice du livre Trucs de psy : Guide pratique pour s'aider soi-même (Les Éditions de l’Homme, 2024), a des pistes pour vous aider à choisir des buts plus motivants. Entretien. 

Prendre des résolutions en début d’année, est-ce une bonne habitude?

Il y a un potentiel intéressant à formuler des résolutions! Mais est-ce que c'est le meilleur moment? Pas nécessairement. C’est surtout qu’on s'est habitués à ça : nouvelle année, donc nouvel espoir d'enfin instaurer quelque chose de différent.

Il faut toutefois prendre conscience que c’est une période particulière. On n’est pas dans notre horaire régulier, on est peut-être plus fatigué… Il y a souvent un peu plus d’obstacles dans ce contexte. 

Mais peu importe quand on choisit de prendre des résolutions, il ne faut pas s’attendre à ce que tout change dès le lendemain. La réalité, c’est qu’il faut du temps pour implanter de nouveaux comportements et les maintenir.

D’ailleurs, pourquoi est-ce si difficile de tenir ses résolutions?

Souvent, c’est parce que la motivation ne vient pas de moi. Ça veut dire que je le fais, par exemple, parce que je ressens de la pression – une pression de la société ou de mon entourage –, parce que je me compare aux autres, que je me sens coupable, que je veux de la reconnaissance…

Dans ce genre de cas, on ne le fait pas vraiment pour nous-mêmes ou par plaisir. Alors, oui, la motivation va diminuer en cours de route.

Comment aborder les résolutions de manière à ce que ce ne soit pas une corvée?

Si je prends une résolution parce que ça me plaît vraiment ou parce que c'est important pour moi, la motivation va être très puissante. Mais ma résolution doit aussi être cohérente avec mes autres buts, avec qui je suis, mes valeurs et mon emploi du temps. Ça doit être réaliste.

Quelles sont les astuces concrètes pour faire en sorte de tenir ses résolutions?

Parfois, on se donne des objectifs beaucoup trop grands et vagues, donc on se décourage en chemin. Avoir une intention, ce n'est pas suffisant.

Pour transformer une résolution en réelle démarche de changement, il faut traduire l'intention en comportement, en actions très claires. Pour s'aider, il vaut mieux décortiquer notre grand objectif en plus petits gestes. De plus, ça va être beaucoup plus stimulant parce qu'on va voir qu'on progresse.

Il faut aussi penser aux obstacles potentiels, parce que si on n’y réfléchit pas à l’avance, on risque de ne pas maintenir nos habitudes.

Disons que mon objectif est d’être moins sédentaire pour être en meilleure santé. Dans un premier temps, je pourrais me demander : qu'est-ce que je vais faire comme activité? Qu’est-ce que j’aime et qu’est-ce qui est réaliste pour moi? Combien de fois par semaine?

Disons que je décide, plus concrètement, d’aller marcher une trentaine de minutes chaque jour de la semaine à l’extérieur. À quel moment de la journée est-ce que ça s’inscrit le mieux dans mon horaire? Est-ce que la noirceur sera un enjeu? Si la météo ne me le permet pas, ou que je n’ai vraiment pas le goût de sortir, est-ce que j’ai des solutions de remplacement à l’intérieur?

Toutes ces questions-là sont fondamentales pour définir l’objectif concrètement, et que ce soit réaliste et réalisable.

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Autrement dit, c’est le pouvoir de la routine…

Exactement. Et c’est un autre facteur de réussite : automatiser les gestes. Si, à chaque fois, je dois me poser la question et prendre la décision, il y a beaucoup trop de probabilités que je me dise que « ça ne me tente pas » ou que je priorise autre chose.

Un nouveau comportement prend énormément d'énergie au début, mais une fois que l’habitude est implantée, elle en nécessite beaucoup moins.

Donc plus on rend le geste automatique avec des repères concrets, moins on a besoin de se poser de questions. Et plus on a de chances que ça puisse perdurer. 

Si mon objectif est d’être plus ordonnée et que je veux entre autres faire mon lit le matin, je peux instaurer l’habitude de tirer tout de suite mes couvertures quand je me lève. Voilà, j'ai implanté ça : je le fais de mieux en mieux chaque jour sans me poser la question, et j'ai développé petit à petit cette nouvelle habitude de faire mon lit, qui ne me prend plus ou presque plus d'énergie.

Dans le cas de notre exemple d’aller marcher chaque jour, je vais essayer de créer des repères. Je vais par exemple préparer mes vêtements la veille et les mettre bien en vue. Donc l'indice, c'est que si je vois mon linge, alors je m'habille et je vais marcher. J’essaie tranquillement de ne plus avoir besoin de prendre la décision chaque fois.

Et comment se sortir de nos vieilles rengaines, ces résolutions peut-être plus superficielles… si vous voyez ce que je veux dire?

Ça revient à la motivation de départ. Souvent, ce sont des choses qui ne nous motivent pas réellement, qu’on fait davantage par pression extérieure.

Déjà, je trouve qu’on peut se poser la question différemment. C'est désagréable et négatif d’aborder les résolutions sous l’angle de la critique : « qu'est-ce qu'il faut que je change? »

Demandons-nous cette année : à quoi ai-je envie de faire plus d'espace? Qu’est-ce qui m’inspire ou me fait du bien? Qu'est-ce que j'ai envie de développer? Quelles sont mes passions ou les activités que j’aimerais découvrir?

Les propos ont été édités par souci de concision et de clarté.