Comme si les bouffées de chaleur, l’irritabilité, le brouillard mental, les troubles du sommeil et le syndrome génito-urinaire ne leur suffisaient pas, les femmes qui entrent dans la longue phase appelée « périménopause » doivent composer avec plusieurs autres changements.
À cette étape de la vie, il est courant de perdre des cheveux ou de la masse musculaire, de voir son teint se ternir et de manquer de libido. La faute à la baisse d’hormones ou au vieillissement lui-même? Un peu des deux, mais peu importe : tout se passe en même temps, et c’est assez désagréable, merci.
Notre dossier du printemps dernier traitait des principaux symptômes de la ménopause, ainsi que des solutions validées par la science. Cette fois-ci, notre équipe s’attaque à d’autres maux et propose des pistes de réflexion que vous pouvez étudier avec un professionnel de la santé si les traitements habituels ne fonctionnent pas pour vous.
Voici les meilleurs conseils des experts que nous avons interviewés d’un bout à l’autre du pays (et même en Hollande!).
1. Les soins de la peau
Les œstrogènes et la progestérone jouent un rôle majeur dans la santé et l’apparence de la peau. Les œstrogènes influencent les taux de collagène et d’élastine (deux protéines, la première donnant à la peau sa structure et la seconde l’aidant à conserver sa forme), le renouvellement cellulaire et la fonction de barrière. La progestérone régule la production de sébum, essentielle à l’hydratation, et contribue à la résilience et à l’élasticité de la peau.
Lorsque les taux de ces hormones fluctuent, la peau commence à se relâcher et à devenir plus fine, plus sèche et plus sensible. Parallèlement, même si cela n’a pas de lien avec la ménopause, l’exposition au soleil commence à causer une hyperpigmentation.
La bonne nouvelle? Les soins de la peau peuvent aider. « Dans la vingtaine, l’effet des soins de la peau n’est généralement pas très visible », dit Annie Graham, chimiste cosmétique et propriétaire d’Atomic Pom Labs, une agence spécialisée dans la formulation de cosmétiques et de soins de la peau située à Calgary. « Vers la quarantaine, cependant, vous pouvez commencer à en constater les résultats, [qui dépendront] de la rapidité avec laquelle vous commencez un régime d’utilisation et de la constance avec laquelle vous le suivez. »
Les dermatologues recommandent les mêmes ingrédients à toutes leurs patientes, notamment les céramides, les peptides, la vitamine C, les rétinoïdes et les exfoliants chimiques. Ce qui change à la ménopause, ce sont les concentrations suggérées. « Vous aurez besoin de produits plus concentrés pour obtenir de meilleurs résultats, pour autant que votre peau les tolère », explique la Dre Geeta Yadav, fondatrice de Facet Dermatology, à Toronto. « Il vous faudra également des formules plus riches pour maintenir l’hydratation de votre peau.»
Voici les ingrédients à rechercher – et le bon moment vous en servir. J.F.
Matin
Un sérum à la vitamine C contenant au moins 10 % d’acide L-ascorbique, pour s’attaquer à l’hyperpigmentation.
Essayez le sérum 15 % vitamine C + PHA de Neostrata – 55$ les 15 ml
Un écran solaire quotidien avec un FPS de 30 ou plus. « Les rayons UV pénètrent sous les couches externes de la peau, dans le derme, et détruisent toutes les bonnes choses [comme le collagène] », explique Annie Graham. En plus de prévenir le cancer de la peau, l’utilisation d’un écran solaire maximise les bénéfices des soins de la peau et contribue à prévenir l’hyperpigmentation.
Essayez la crème solaire Visage Toucher Sec de Clarins FPS 50+ – 38 $ les 50 ml
Matin et soir
Crème pour le visage. Choisissez une crème légère pour le jour et une plus riche pour le soir. Toutes deux devraient contenir certains des éléments suivants :
- Des peptides, qui renforcent l’effet du collagène et s’associent à d’autres ingrédients actifs sans provoquer d’irritation.
- La niacinamide (vitamine B3), qui contribue à améliorer l’apparence des rides et à réduire l’hyperpigmentation et qui favorise la production de céramides, le tout sans provoquer d’irritation. Recherchez une concentration de 2 à 5 %.
- Les céramides et les acides gras, tels que les triglycérides, qui renforcent la barrière cutanée.
Essayez la crème de jour anti-relâchement et la Crème nuit relipidante raffermissante de Vichy Neovadiol – 64 $ les 50 ml
Soir
Un baume nettoyant qui contient de l’huile. « Il est plus doux pour la peau et bon pour l’hydratation », explique la Dre Geeta Yadav.
Essayez le Nettoyant Huile-Lait nourrissant de Weleda Skin Food – 32 $ les 75 ml
Un soir sur deux
Un exfoliant chimique comme l’acide glycolique ou lactique. « Ces acides contribuent à l’élimination des peaux mortes qui s’accumulent sur l’épiderme lorsque le renouvellement cellulaire ralentit », explique la Dre Geeta Yadav. Commencez par un produit contenant un faible pourcentage d’acide, puis augmentez ce pourcentage si votre peau le tolère.
Essayez le tonique exfoliant à l’acide glycolique 7 % de The Ordinary – 15 $ les 240 ml
Un rétinoïde ou un rétinol. « Les rétinoïdes sont essentiels pour reconstruire le collagène », affirme la Dre Geeta Yadav. « Je recommande un rétinoïde puissant sur ordonnance à la ménopause. Il n’est pas nécessaire de l’utiliser tous les soirs. » (Si vous préférez un produit moins puissant et moins susceptible de provoquer des irritations, essayez un rétinol en vente libre.)
Essayez l’hydratant de nuit Olay Regenerist Retinol 24 + Peptide – 55 $ les 50 ml
2 Les soins capillaires
La couleur, le volume et la texture des cheveux changent avec l’âge. « Les cheveux cassants sont en grande partie dus au vieillissement et non à la ménopause », explique Kebrabe Shibeshi, responsable de la recherche et du développement chez Unilever à Toronto (produits Dove et Tresemmé).
Si la moitié des femmes ménopausées perdent des cheveux, les données scientifiques actuelles ne suffisent pas pour déterminer si la ménopause elle-même est en cause. On sait toutefois que le manque de volume découle de la fluctuation des taux d’hormones, qui peut faire rétrécir les follicules.
Certes, il est important de consulter un dermatologue dès les premiers signes de perte ou d’amincissement des cheveux. Quelques changements de produits peuvent néanmoins contribuer à une meilleure hydratation et l’augmentation du volume des cheveux.
Prenez soin de votre cuir chevelu
« Traitez-le comme vous traiteriez la peau [de votre visage] », conseille Élodie Sicot, spécialiste des produits Vichy basée à Montréal. Kebrabe Shibeshi opine dans le même sens et suggère d’utiliser un produit pour le cuir chevelu sans rinçage et contenant de la vitamine B3 (ou niacinamide) et de la glycérine.
Essayez le traitement sans rinçage pour cuir chevelu de Dove Hair Therapy – 14,49 $ les 100 ml
Essayez le super sérum protecteur de liaisons 10-en-1 de Dove – 12,50 $ les 97 ml
Utilisez un shampooing et un revitalisant fortifiants
« Nos cheveux perdent en force avec l’âge », dit Élodie Sicot, surtout si nous utilisons régulièrement des outils chauds ou si nous recevons des traitements de coloration.
Essayez le shampooing et l’après-shampooing fortifiants Energy+ de Vichy Dercos Technique – 23,95 $ chacun
Limitez les dommages
Renoncer aux traitements colorants et aux outils chauds, comme le fer à friser, améliorerait la qualité de vos cheveux, mais c’est un sacrifice que vous n’êtes peut-être pas prête à faire. À tout le moins, envisagez d’utiliser une coloration qui ne contient pas d’ammoniaque, de sulfates ou de parabènes, et appliquez toujours un produit protecteur avant de vous coiffer à la chaleur. « L’utilisation quotidienne d’un tel produit peut accroître la tolérance de vos cheveux à la chaleur au fil du temps », explique Dhaval Patel, scientifique principal chez Unilever à Toronto. M. H.
Essayez Clairol Natural Instincts Coloration végane – 12,50 $
Essayez le Vaporisateur fortifiant anti-chaleur Keratin Smooth de Tresemmé – 6,78 $
3. La musculation
Louise Malone, entraîneure et formatrice au YMCA de l’Ouest-de-l’Île, à Montréal, a entendu toutes les raisons de ne pas faire d’exercices de musculation. « Il n’y a pas de poussée d’endorphines. C’est inconfortable. Les muscles brûlent. Ce n’est pas amusant », énumère celle qui entraîne des clients depuis la fin des années 1980. « Cependant, les bénéfices à long terme sont énormes, en particulier pour les femmes ménopausées. »
L’amélioration de la densité osseuse – accompagnée de la réduction du risque d’ostéoporose – est la première raison, selon Malone, de commencer à faire de la musculation pendant la transition ménopausique, au même titre que la stabilisation de l’humeur, l’amélioration du sommeil, l’amélioration de la mobilité, le soulagement des douleurs et l’atténuation de la prise de poids liée à la ménopause.
Vous ne savez pas par où commencer? Réservez une séance avec un entraîneur personnel certifié qui possède de solides bases en musculation ou inscrivez-vous à des cours de musculation dans votre salle de sport locale. M. H.
4. L’alimentation
« Vos besoins nutritionnels à la ménopause ne sont pas si différents de ce qu’ils étaient lorsque vous aviez 20 ans », selon Jenn Salib Huber, diététicienne agréée originaire du Canada, mais basée aux Pays-Bas. « Il vous faut des protéines, des fibres et des graisses. Ces éléments ne changent pas. » Mais il est possible de faire quelques ajustements bénéfiques à votre alimentation.
Les protéines sont importantes pour les femmes d’âge mûr. « Les recherches montrent que nous avons besoin d’un peu plus de protéines en vieillissant, car notre corps ne les utilise plus aussi efficacement », explique Jenn Salib Huber. « Elles peuvent protéger contre la perte de masse musculaire maigre. Or, lorsqu’on perd du tissu musculaire, on ne peut pas soulever des objets et on ne peut pas bouger son corps aussi facilement. » (L’apport journalier recommandé en protéines est de 0,8 g par kilogramme de poids corporel, mais les recherches montrent qu’une dose de 1 g à 1,2 g par kilogramme est bénéfique lorsqu’on vieillit. Jenn Salib Huber indique que de 20 à 30 grammes par repas suffisent, en règle générale.
Manger plus de fibres est une autre bonne idée, puisque leur consommation est associée, entre autres, à une réduction du taux de mauvais cholestérol (qui peut augmenter pendant la transition ménopausique). Il est recommandé aux femmes d’en prendre au moins 25 grammes par jour, en combinant fruits, légumes, légumineuses et grains entiers.
Enfin, Jenn Salib Huber conseille aussi aux femmes ménopausées de consommer davantage de soja et de graines de lin. « Ce sont des éléments essentiels de l’alimentation des femmes ménopausées », dit-elle. « Vous ne pouvez pas vous tromper en en consommant davantage, quels que soient vos objectifs nutritionnels à la ménopause. » M. H.
5. La testostérone
Lorsque vous pensez à la ménopause et aux hormones, l’œstrogène et la progestérone vous viennent probablement en tête avant la testostérone. Pourtant, dans une étude réalisée en 2010, les femmes ménopausées traitées par la testostérone ont présenté « une amélioration importante des épisodes sexuels satisfaisants, du désir sexuel, de l’excitation, des orgasmes, du plaisir sexuel, de l’image de soi, de la détresse personnelle et des préoccupations sexuelles ».
Traiter des symptômes de la ménopause avec de la testostérone est peut-être contre-intuitif, mais ce n’est pas fou. Les androgènes, qui provoquent l’apparition des caractères sexuels chez les garçons, jouent aussi un rôle dans le corps féminin. Avant la ménopause, le quart de la production d’androgènes a lieu dans les ovaires. Cette production commence à décliner à partir de la quarantaine, de sorte qu’au moment où les femmes atteignent la ménopause, la diminution est marquée.
Ce rôle des ovaires dans la production de testostérone explique aussi que les symptômes du trouble lié à la baisse du désir sexuel – qui se définit par une longue absence de désir sexuel provoquant une détresse ou des difficultés relationnelles – sont plus prononcés chez les femmes qui ont subi une chimiothérapie ou une ablation des ovaires.
Selon la Dre Alison Shea, professeure agrégée d’obstétrique et de gynécologie à la faculté des sciences de la santé de l’université McMaster à Hamilton, en Ontario, les scientifiques ignorent l’influence exacte que la testostérone exerce sur le comportement sexuel des femmes. « On ne sait pas si la testostérone module le désir sexuel par une stimulation directe des récepteurs androgéniques ou par sa conversion en œstrogène et sa liaison ultérieure aux récepteurs œstrogéniques. » Une théorie possible : des études menées sur des rats ont montré que la testostérone, et non l’œstrogène, régule l’activité de certains neurones du cortex préfrontal, où la dopamine est régulée.
Avant d’avoir recours à un traitement à la testostérone, il est important de bien comprendre l’origine de la baisse de libido et d’en discuter avec un professionnel de la santé. « De nombreux facteurs peuvent contribuer au dysfonctionnement sexuel chez les femmes, tels qu’un problème de santé, des troubles de l’humeur ou des problèmes relationnels », explique la Dre Stephanie Faubion, directrice médicale de la Société nord-américaine de la ménopause. « Mon expérience clinique m’incite à penser que la plupart des cas de baisse du désir sexuel ne sont pas dus à un problème de testostérone. »
Dans certains cas, toutefois, la panne de désir est bel et bien reliée à un problème hormonal. Il est alors possible d’envisager un traitement à la testostérone, généralement sous la forme d’un gel, comme Androgel. Les autres formes de testostérone, telles que les comprimés oraux, les pastilles (implantées sous la peau) ou les composés, ne sont pas recommandées, car leur dosage est problématique.
La Dre Shea précise que la testostérone est utilisée comme traitement des symptômes de la ménopause depuis des décennies, même si ce n’est pas une indication officielle d’Androgel. Les seuls effets secondaires connus – l’acné et une légère augmentation de la pilosité – sont réversibles.
Il faut souvent trois à six mois pour évaluer l’efficacité du traitement, en surveillant le taux de testostérone sanguin. « Les données de sécurité sur la période la plus longue dont on dispose (quatre ans) proviennent d’études parrainées par des sociétés pharmaceutiques [qui peuvent être partiales], précise la Dre Shea. Des recherches plus approfondies sont nécessaires. » J. M.
6. Le cannabis
Pour Michele Parrotta, de Hamilton, en Ontario, la ménopause a été très incommodante. Un an après l’arrêt de ses règles, « les symptômes ont commencé : bouffées de chaleur, démangeaisons cutanées, ballonnements et humeur très changeante », dit-elle. L’hormonothérapie a aggravé les symptômes : elle avait des sautes d’humeur et encore plus de ballonnements, et s’est découvert des masses bénignes dans les seins. Après un an de traitement, elle a envisagé de se faire prescrire du cannabis médical. Ce fut un trait de génie : elle a été étonnée de voir son humeur se stabiliser et ses symptômes physiques s’atténuer dès ses premières ingestions d’huile de cannabis.
Le cannabis agit sur le système endocannabinoïde (SEC), qui régule plusieurs fonctions de l’organisme. Grâce à ses nombreux récepteurs dans tout le corps, le SEC peut influencer des fonctions essentielles telles que la mémoire, le sommeil et l’appétit, ainsi que la réponse inflammatoire et immunitaire. La marijuana renferme des substances chimiques appelées cannabinoïdes, comme le THC et le CBD, qui jouent sur les récepteurs du SEC. C’est la raison pour laquelle le cannabis peut donner des fringales, rendre somnolent et parfois faire perdre la mémoire. C’est aussi pour cette raison que certaines personnes le considèrent comme utile pour traiter des problèmes comme l’insomnie et l’inflammation, ainsi que des pathologies comme la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer.
L’herbe peut-elle donc aider à traiter la ménopause?
Pour l’instant, les recherches scientifiques ne sont pas assez nombreuses pour qu’on puisse l’affirmer avec certitude. « L’utilité du cannabis médical est actuellement controversée. Son utilisation thérapeutique fait l’objet de recherches, mais on ne dispose pas encore de preuves solides », indique la Dre Michelle Jacobson, gynécologue et professeure adjointe à l’Université de Toronto.
En 2023, des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont interrogé 1 500 personnes âgées de plus de 35 ans pour savoir si elles consommaient du cannabis et connaître les effets de cette consommation sur les symptômes de la ménopause. Parmi les répondantes qui en prenaient en raison de problèmes tels que la perturbation du sommeil, l’anxiété, les douleurs musculaires ou articulaires, l’irritabilité et la dépression, 74 % ont fait état d’une amélioration de leurs symptômes.
Bien que des études comme celle-ci ne soient pas considérées comme des recherches cliniques, elles montrent l’utilisation que de vraies personnes font du cannabis et la façon dont celui-ci influe sur leurs symptômes.
« Commencez par de faibles concentrations, allez-y doucement et restez-en là », suggère Stacey-Anne Karp, infirmière praticienne à Kingston, en Ontario, et employée dans le domaine du cannabis médical depuis cinq ans. Ainsi, il faut commencer par de faibles concentrations de cannabinoïdes, généralement du CBD.
Surtout, parlez-en à un professionnel de la santé avant de commencer, conseille Stacey-Anne Karp, parce que le cannabis peut interagir avec des problèmes médicaux préexistants et des médicaments. A. K.